Il
y a 150 ans la bataille
de Gettysburg,
tournant de la guerre de sécession mettait fin à l’avancée de
l’armée des états confédérés commandés par le général Lee
et scellait la destinée démocratique des États-Unis d’Amérique.
La
question de l’esclavage avait cristallisé l’opposition entre le
Sud, dont l’économie fondée principalement sur l’exportation
première du coton était dépendante de la main d’œuvre des
esclaves et le Nord, industriel et plus protectionniste. L’élection
d’Abraham Lincoln, dont le programme prévoyait l’abolition de
l’esclavage, en 1860 déclenche la sécession des états du Sud.
Les
hostilités commencent en avril 1861 et sont tout d’abord une série
de victoires pour le Sud, dont les troupes sont mieux organisées et
mieux commandées, avec à leur tête Robert E. Lee. Cependant
celui-ci sait que le temps joue contre le Sud, à cause de la
supériorité financière et industrielle de l’Union ainsi que de
son potentiel en mobilisation de combattants. Il veut forcer la
décision et, après une série de victoires sur les armées du Nord
décide de porter la guerre au cœur de l’Union, en marchant sur
les grandes métropoles nordistes, Philadelphie, Baltimore et
Washington, pensant, probablement à juste titre, que le choc
psychologique qui résulterait de la prise de ces villes amènerait
le Nord à traiter.
Les
troupes de l’Union opérant dans l’est, regroupées dans l’«armée
du Potomac » dont le commandement vient d’être confié à
Georges G. Meade, après le limogeage de Joseph Hooker responsable de
la déroute de Chancellorsville, se porte à la rencontre des troupes
sudistes et après un premier affrontement d’avant-gardes dans la
ville de Gettysburg, choisit de retrancher ses troupes sur les
collines situées au sud de la ville. Pendant trois jours, du 1° au
3 juillet, l’armée confédérée va essayer de faire sauter ce
verrou par des attaques, dont la dernière, la charge de Pickett,
lançant plus de 10 000 soldats à l’assaut du flanc nordiste
parvient à enfoncer la ligne de défense avant d’être refoulée
par une contre-attaque. Le point atteint par la brigade du général
Lewis Amistead, qui sera mortellement blessé dans cet assaut, est la
limite extrême de l’avancée sudiste («High Water Mark of the
Confederacy») lors de cette guerre.
L’échec
de cet assaut contraint Lee à ordonner la retraite.
Les
deux armées ont perdu près de 46 000 soldats dans ce qui
restera le plus grand affrontement survenu sur le sol américain,
dont 4 700 morts pour les Confédérés et 3 200 pour
l’Union. Cependant ces pertes représentent 30 % des forces de Lee
et 25 % des forces de Meade. L’avenir du conflit s’inscrit dans
ces proportions, puisque le Nord ira en se renforçant tandis que le
Sud ne pourra plus mener que des combats défensifs, à court de
combattants et de logistique, car les batailles ultérieures, même
indécises, accentueront ce déséquilibre jusqu’à la capitulation
de Lee en avril 1865.
Quelques
mois après la bataille, le président Lincoln rend un hommage, connu
sous le nom de
« Gettysburg
Address »
aux victimes des deux camps, dans lequel il transcende les enjeux du
conflit dans ce qui peut être considéré comme le premier
« discours de l’Union », où il proclame « la
renaissance de la liberté - un gouvernement du peuple, par le peuple
et pour le peuple ».
Le
XIII° amendement abolissant l’esclavage sera voté à la chambre
des représentants le 31 janvier 1865. Abraham Lincoln, investi pour
son second mandat le 4 mars, sera assassiné le 14 avril, 5 jours
après la fin officielle de la guerre civile.
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