"J'appelle poésie cet envers du temps,
ces ténèbres aux yeux grands
ouverts (...)"
Louis Aragon
Le
Printemps des Poètes se déroule du 5 au 20 MARS 2016.
Cette
manifestation nationale et internationale a pour vocation
de
sensibiliser à la poésie sous toutes ses formes.
À chacun son poète !
Nous invitons nos lecteurs qui aiment taquiner la muse ou ceux qui aiment tout simplement la poésie de nous faire part, en commentaire sur ce post, soit de leurs propres créations,en français ou en corse, soit de leurs poésies préférées* (* titres et auteurs ou poème en entier)...
Nous en publierons deux ou trois - par ordre d'arrivée - chaque jour
Nous en publierons deux ou trois - par ordre d'arrivée - chaque jour
durant toute la période du "Printemps des Poètes.
Merci d'avance à tous ceux qui participeront.
¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤
Parmi mes poèmes favoris, il y a ,appris en CM avec Monsieur DOMINICI, "Les Regrets "de Joachim Du Bellay:
RépondreSupprimerHeureux qui, comme Ulysse a fait un long voyage ,
Où comme celui-là qui conquit la Toison,
Et puis est retourné ,plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge!
Quand reverrai-je ,hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province et beaucoup d'avantage?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine,
Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.
( Je l'ai toujours en mémoire,) Battine.
Les fleuves (I fiumi) Giuseppe Ungaretti
RépondreSupprimerJe m'appuie à cet arbre mutilé
Abandonné dans un creux
Qui a la langueur
D'un cirque
Avant ou après le spectacle
Et je regarde
Le passage tranquille
Des nuages sur la lune.
Ce matin je me suis étendu
Dans une urne d'eau
Où comme une relique
J'ai reposé.
Dans sa course l'Isonzo
Me polissait comme un galet.
J'ai ramassé mes quatre os
Et m'en suis allé comme un acrobate
Sur l'eau.
Près de mes nippes
Sales e guerre
Je me suis pelotonné,
M'inclinant comme un bédouin
Pour recevoir le soleil.
Voici l'Isonzo
Et c'est là que je me suis
Reconnu le mieux
Une fibre docile
De l'univers.
Ne pas me croire en harmonie est ma torture.
Mais les occultes mains qui me pétrissent
M'accordent
Ce rare bonheur.
J'ai repassé
Les époques
De ma vie
Ce sont là mes fleuves.
Celui-ci est le Serchio
Auquel ont puisé
Deux mille ans peut-être
De ma race paysanne
Et mon père et ma mère.
Celui-là est le Nil
Qui m'a vu naître et grandir
Et brûler d'insouciance
Dans ses plaines infinies.
Celle-ci est la Seine,
Je me suis rebrassé dans son trouble
Et me suis connu.
Tels sont mes fleuves
Que j'ai comptés dans l'Isonzo
Et telle est ma nostalgie
Qui sous chacun
Transparaît pour moi
A cette heure de la nuit
Où ma vie semble
Une corolle
De ténèbres.
Traduction Jean Lescure
évidemment le poème est à apprécier en italien même si la qualité de la traduction est excellente. comme disait si bien Dante : traduttore traditore.