À
quelques variantes près, l'ordonnance des repas offrait, après
l'assortiment de charcuterie, les traditionnels œufs durs, les
févettes à la croque-au-sel, les asperges sauvages à
l'huile. Suivaient les croquettes à la béchamel, (la gloire de
ma mère), le cabri de Benedettu, Ghjuvan Vitu ou l'agneau de lait de
Salvatore U Rossu, servis avec pommes de terre fondantes, artichauts
mijotés au vin blanc, piselli à la menthe, les fromages de Ghjulia
Francesca et Celestina et, enfin, le dessert. Ah, les desserts… :
sublime brocciu de Stefanu au sucre et à l'eau-de-vie, œufs à la
neige, pastizzu de semoule fine au caramel, fiadone et, encore
après, les premières fraises de Madame Perfetti quand Pâques
tombait haut comme cette année, avec le café, canistrelli, panette,
campanili bénits pendant la messe par Prete Flori.
Les vins,
cépages corses, étaient produits par les cinq vignerons du hameau,
rouge incarnat, capiteux, titrant facilement quatorze degrés ; Ange
Pighini était seul à faire du blanc.
Comparons
ces agapes au dîner simple et plaisant annoncé par Juvenal à son
ami Persicus, dix-neuf siècles plus tôt, les similitudes sont
étonnantes : "Écoute le menu : le marché n'en aura point
fait les frais. Des pâturages de Tibur viendra un chevreau bien
gras, le plus tendre du troupeau. Il n'aura pas encore brouté
l'herbe ni osé mordre aux pousses des jeunes saules, il a plus de
lait que de sang. Des asperges de montagne que, laissant là son
fuseau, la fermière a cueillies, puis de gros œufs, encore tout
chauds du foin fripé où ils étaient déposés, et les poules qui
les ont pondus, des raisins conservés une partie de l'année, aussi
beaux que sur les ceps, des poires de Signia, des pommes au frais
parfum, rivales de celles du Picenium." [1]
(à suivre)
Un double régal .
RépondreSupprimerJ'aimerais bien la recette des artichauts mijotés au vin blanc ,merci
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