mardi 30 octobre 2012

Le livre du mardi


J’ai beaucoup d’admiration pour le neuro psychiatre Boris Cyrulnik et j’ai trouvé passionnant son dernier livre :

          « Sauve- toi, la vie t’appelle » aux éditions Odile Jacob.

Pour la première fois Cyrulnik fait le récit de sa vie et relate les années de sa petite enfance pendant la  guerre: La déportation de ses parents, son arrestation, son évasion, ses placements successifs puis son arrivée à Paris à la libération et le déni de son histoire, partagé par tous ceux qui sont revenus des camps et qui ne peuvent parler parce qu’on ne les écoute pas..
        Il retourne sur son passé et fait une enquête sur chacun de ses souvenirs pour découvrir que parfois ils ne correspondent pas à la réalité : L’infirmière qui l’a sauvé était brune et non pas blonde, l’officier allemand qu’il avait cru bienveillant était un homme cruel… Car, nous explique t-il, la mémoire, dans des contextes traumatisants, permet de donner une cohérence à un réel totalement fou : On arrondit les angles, on organise pour donner du sens. C’est ce qui lui fait dire, par exemple, que les rôles autour de lui étaient bien répartis : "les gentils " qui le sécurisaient et le protégeaient et " les méchants ", comme la Gestapo, qui voulaient le tuer.
       Cyrulnik est un homme optimiste, il a besoin de croire que la folie nazie était une folie sociale et que les individus étaient des hommes comme les autres avec leur part d’ombre et leur part d’humanité. Il n’est ni dans le pardon ni dans la haine. Il préfère comprendre et analyser. « Haïr c’est demeurer prisonnier du passé » »Comprendre, c’est gagner sa liberté » et cela vaut pour chacun de nous.
       Tous les traumatisés explique-t-il sont, soit fracassés, soit s’en sortent. Et pour se reconstruire ils ont besoin de sécurité et de mots, surtout de mots. Ce qui lui fait dire, quand on l’interroge sur certains faits de violence extrême qui remplissent nos journaux aujourd’hui, que toutes les sociétés se sont construites sur la violence et que, lorsque la culture est défaillante, la violence s’installe avec les lois archaïques de la société : celles du plus fort.

A travers son histoire personnelle, Boris Cyrulnik touche à l’universel et nous livre une réflexion sur la mémoire et sur la  construction des êtres.  Son livre écrit simplement nous donne une magistrale leçon de vie. M.A.V.

5 commentaires:

  1. Toujours le bon choix MAV . Un auteur qui a une vraie personnalité : intelligent optimiste plein d'humanité etqui nemanque pas d'humour , un vrai beau livre et une belle leçon de Vie.ad.

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  2. Merci de tes fidèles encouragements .a.d. Je redis ici que mes choix sont totalement éclectiques, au gré de mes envies , dans tous les genres. Le seul critère: Le plaisir que le livre apporte..Le bon moment qu'il peut nous faire passer.. Et on a tous besoin de ça..De bons moments...M.A.V.
    J'espère simplement que quelques livres qui m'ont plu vous ont plu aussi.

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  3. B CYRULNIK s'est fait littéralement incendié dans l'émission télévision de l'A2 "on n'est pas couché". Le samedi soir il faudrait se coucher beaucoup plus tôt ..ou allez au ciné au théâtre..
    Ce P.. me gonfle de plus en plus .
    Au fait MAV très bon choix
    F S

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  4. Sacré casting : Giabiconi et Ruquier . Il manquait Amanda Lear et. Delanoé !!

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  5. Demain soir, à 18 h, B.Cyrulnik , est l'invité d'Olivier Bellamy dans "Passion Classique,"sur Radio Classique .Battine.

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