J’ai lu cette semaine
" 14 " de Jean Echenoz aux Editions de Minuit.
Echenoz écrit: « Tout cela ayant été écrit mille fois
il n’est pas nécessaire de s’attarder encore sur cet opéra sordide et
puant » Il choisit pourtant de nous la raconter, cette guerre qu’on
qualifie de Grande, mais à sa manière : éblouissante, elliptique, précise,
sans démonstration appuyée.
Dans ce court roman il prend le parti pris d’un récit au ras
du sol, à travers le quotidien de quelques hommes embarqués bien malgré eux
dans ce cauchemar qui commence comme une excursion et finit en boucherie.
Cinq jeunes de la région nantaise, cinq « camarades de
pêche et de café » qui se connaissent tous, sont sur le départ :
Anthime, Padioleau, Bossis, Arcenel et Charles.
Charles est un peu à part, élégant et méprisant sous-
directeur d’usine, il est fiancé à Blanche, enceinte de lui. Elle lui fait ses
adieux sans oublier de regarder longuement Anthime, le timide, dont on
apprendra, page 70, qu’il est le frère de Charles.
Ils partent..
Cinq jeunes hommes, portés par la liesse populaire, pour « quinze
jours » ! Ils réalisent bien vite que la guerre durera peut- être
plus que leur propre vie.
Quels seront leur destin ? Qui en réchappera ? Et
dans quel état ? Le plus fort ? Le plus faible ? Qui tient entre
ses mains la destinée des individus et des générations ?
J. Echenoz n’ergote pas sur l’absurdité
de la guerre,inutile d’en rajouter, il lui suffit d’accumuler les preuves. Les
faits rien que les faits ! Tout est raconté avec précision, sans pathos, carnet de campagne, horreur et comique mêlés.
Précis, sobre, grave, avec l’ économie d’effet qui le
caractérise, dans un style clair et magistral, J. Echenoz nous offre un magnifique
récit antimilitariste .
M.A.V.
L’antimilitarisme fait partie des belles étoffes dont les tartufes aiment se draper mais les militaires se font tuer dans les guerres que décident les politiques.
RépondreSupprimerJ'avais lu Ravel du même Echenoz. J'aime sa manière d' écrire,sobre et concise comme vous dites.b.p.
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