La semaine dernière, Battine nous parlait d’un livre d'
Anne Delbée, qu’elle avait aimé. J’ai eu envie de la suivre et bien m’en a pris
car j’ ai découvert et pris grand plaisir à lire ce magnifique récit sur Camille Claudel .
« UNE FEMME »
ANNE DELBEE
Aux éditions Livres de poche.
Il ne s’agit pas d’une énième biographie, même si l’auteur
suit la chronologie des évènements. Il s’agit de raconter le parcours d’un
génie, qui, parce qu’elle est une femme, parce qu’elle est née trop tôt, parce
qu’elle ne triche pas, parce qu’elle bouillonne de vie, de passion, se heurte
aux murailles du machisme, et se retrouve dans l’ombre d’un autre grand artiste
alors qu’elle méritait la même lumière.
Camille, mal aimée par une mère rigide qui ne
la comprend pas, soutenue par son père et son frère, veut sculpter. C’est une
hors la loi. Seuls la rendent heureuse le contact avec la pierre, avec la
terre, le pouvoir de créer, comme Dieu, la vie, le mouvement, l’ âme, à
partir de la matière inerte ! C’est décidé, elle sera sculpteur.
Exigeante, passionnée, talentueuse, elle est présentée à Rodin qui la prend
comme élève et s’enflamme pour elle.
Commence alors entre les deux artistes une liaison
passionnée et orageuse, qui laissera Camille, des années plus tard, exsangue,
seule et désespérée. Loin de son frère Claude, parti en Chine, trahie par Rodin,
elle connaît l’extrême solitude, le dénuement. Malgré la reconnaissance de son talent, les commandes ne viennent
pas.. De toutes façons, il est inconcevable à l' époque qu’une jeune fille vive de son
travail, à plus forte raison d’un travail d’homme et d’artiste bien loin de la
broderie ou de l’aquarelle, seuls dérivatifs permis aux femmes .
Elle ne sera jamais, aux yeux du monde, que la jeune élève de Monsieur Rodin.
Brisée, Camille sera internée à l’ asile de Montdevergues où elle mourra trente
ans plus tard.
C’est ce destin tragique ,"Trente ans de création, trente
ans d’asile" qu' Anne Delbée, dans une prose magnifique, nous donne à voir.
Tout le talent de la romancière est de nous rendre Camille vivante, moderne, tellement
moderne! Des lettres de l’asile et des textes de
Paul Claudel scandent le récit et donnent chair à cette jeune femme magnifique, farouche, solitaire, exigeante, cette grande artiste qui voulait vivre sa vie et qui a fini comme l’ albatros
de Baudelaire :
"Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher."
Bonne lecture. M.A.V.
j'aime bien les commentaires,sur ce livre,comme sur les autres.Ils permettent d'avoir un aperçu du contenu sans jamais en dévoiler trop le détail.Ils contribuent ainsi à porter de l'intérêt à l'ouvrage (a fanni casu).Vous me direz que c'est bien évidemment leur rôle.Il n'empêche que je les apprécie car ils constituent souvent des raccourcis amusants ou graves;par exemple:"30 ans de création,30 ans d'asile"....
RépondreSupprimerMerci de vos encouragements. Lire un livre, un bon, par semaine, est quelquefois difficile, mais j'y mets tout mon coeur, et je remarque que, plus on lit, plus on a envie de lire. Mon souhait serait d'avoir, comme avec Battine, cette fois ci, des retours, des propositions de titres, des échanges quoi....
RépondreSupprimerM.A.V.
Puisque nous sommes avec des femmes d'exception ,restons y ,M.A.V. si vous voulez, avec :Artémisia GENTILESCHI.
RépondreSupprimerC'est mon amie ,Jacqueline qui, s'y intéressant après Marie Curie ,m'a conseillé de lire sa biographie par Alexandra LAPIERRE (paru en 1998).
On suit cette artiste romaine du début du XVIIème siècle depuis son enfance à Rome ,apprentie dans l'atelier de son père :Orazio GENTILESCHI (peintre Caravagesque)jusqu'à ce que sa vie bascule à 17ans,violée par un collaborateur de son père:scandale,procès,mariage arrangé, elle ira à Florence,Naples ,Londres ,travaillant pour des cardinaux ,des rois et des princes ;
Cette femme libre et passionnée,1ère académicienne à Florence,réussit à construire son oeuvre et gagner sa vie à la force de son pinceau.
En mars 2012,une exposition lui a été consacrée au musée MAILLOL à Paris.
Battine.