mardi 18 juin 2013

Mon livre du Mardi:

En cette date du 18 juin, le hasard veut que j'évoque le destin de deux hommes, liés à jamais à l'épopée gaullienne et à cette période de notre histoire, mais la vie de l'un en constituant la face lumineuse en étant l'incarnation de la Résistance et l'autre la face sombre en devenant, comme secrétaire général à la Police, l'un des rouages essentiels de la Collaboration.
Et pourtant, au départ, leurs chemins sont parallèles, en tout point comparables, ils doivent l'un et l'autre leur premier poste dans le corps préfectoral, non à des études finalement sans éclat, mais à leur protection politique: le radical très modéré Albert Sarrault, patron de la très influente "Dépêche du Midi" pour l'un (Bousquet), l'amitié de Pierre Cot, radical de gauche, pour Moulin
Puis les destins commencent à diverger, Bousquet se lie fortement à Laval et cette reconnaissance, et son carriérisme, le conduiront ensuite à suivre son sulfureux parrain à Vichy. Moulin de son côté, après avoir au sein du cabinet de Pierre Cot, ministre de l'Air dans le gouvernement de Front populaire, organisé entre autre l'aide clandestine et la fourniture d'armes aux républicains espagnols, exerce un temps les fonctions de préfet, à Chartres, il y organise l'accueil des réfugiés et le ravitaillement des populations, fait régner un minimum d'ordre, s'oppose aux Allemands, et finit par se faire destituer par Vichy. 
Au fil du temps, Bousquet se compromettra de plus en plus fortement aux côtés de la Gestapo et des SS, dont il fut, entre autres, l'exécutant efficace dans l'organisation de la honteuse rafle du Vel d'Hiv, pendant que Jean Moulin devenait le représentant clandestin de De Gaulle en France et le Président du Comité National de la Résistance. Leur  destin divergera encore plus tragiquement puisque Jean Moulin, arrêté et torturé par la Gestapo, mourra de ces sévices, alors que Bousquet jouant de son entregent et de ses amitiés politico-philosophiques, fera traîner son procès plusieurs années après la guerre, jusqu'à en sortir quasiment blanchi . Il occupera différents postes dans une grande banque d'affaires et dans des conseils d'administration de grandes entreprises "amies", mais sera rattrapé par la justice internationale pour"crime contre l'humanité" et avant qu'il put faire jouer une nouvelle fois ses protections, dont celle de Mitterrand, le descendant d'une famille de déportés tous morts dans les camps, l'abattit sur le pas de sa porte de cinq balles de revolver. Jean Moulin repose aujourd'hui au Panthéon, Bousquet dans une tombe particulière d'un cimetière commun.

                                 

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