L'éclosion aime le retrait.
Héraclite d'Ephèse
(Traduction : Jean Beaufret)
STANCES
pour Michel Perfetti (1953-2013)
— Né les yeux ouverts
tu ne peux plus les fermer
La puissance de ton verbe
affole les conteurs —
— Enfonce ton clou au-delà
des magnétiques nuits —
Or des aurores brûlent tes yeux
des nuits d’insomnie
Le pas lourd et traînant
sur le gravier du rêve
La main de ta mère
de ta somnolence te tire
Aux yeux de l’éveilleur
seul compte le brasier
— L’œil outrepassant
la vision vers l’avenir —
Les belles de nuit plantées
de tes mains sont fragiles
Elles dansent avec la brise
et à l’aube te rendent grâces
— Les violettes et mauves
campanules vibrent dans l’or —
L’odeur nocturne des jardins
— monte des jāsamīns
Le tocsin — le tonnerre
font tout trembler la terre
Les rosiers te griffent —
comme Rainer Maria Rilke
Du profond de la terre
surgit — la voix des morts
Des vagues d’odeurs — d’ondes
— l’eau te vient à la bouche
Tu es taureau — vieux bouc
tu passes avec les songes
Son sexe de pénombre —
à saveur d’ail — d’écume
Haut — un aigle glatit —
dans la transparence bleue
— Fini est le temps
où Marthe filait — elle brode
Cette nuit j’ai émigré
sur une étoile lointaine —
— Ton cri résonnera
encore dans dix siècles
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