1899-1902. Les Anglais inventent les camps de concentration pendant la deuxième guerre des Boers.
Après
leur victoire sur les Anglais en 1881, les Boers du Transvaal et de
l’état libre d’Orange avaient reconquis leur souveraineté. La
découverte d’importants gisements d’or au Transvaal déclencha
un afflux massif de Britanniques provenant de la colonie du Cap et un
regain de convoitise de l’Angleterre pour ces territoires. Le refus
du gouvernement boer de Paul Kruger d’accorder le droit de vote à
ces « uitlanders » (étrangers), ce qui aurait, à terme,
donné le pouvoir aux Britanniques, fut le prétexte des menaces
d’intervention militaire. Sachant que la guerre devenait
inévitable, le Transvaal et l’état libre d’Orange passèrent à
l’attaque, à la fin de l’année 1899, contre les colonies
anglaises du Cap et du Natal. Les opérations leur furent d’abord
favorables, grâce aux mêmes tactiques qui leur avaient donné la
victoire lors de la première guerre, mais l’arrivée massive de
renforts d’Angleterre, puis d’autres états de l’Empire
britannique, notamment du Canada, permirent aux Britanniques de
conquérir la capitale de l’état d’Orange, Bloemfontein, et
celle du Transvaal, Pretoria. Les Anglais pensaient alors avoir
remporté la partie, mais les Boers organisèrent alors une guérilla,
attaquant les communications et les convois anglais. Pour lutter
contre ces raids, Kitchener, chef des forces britanniques, inaugura
une politique de terre brûlée, détruisant les fermes des Boers et
déportant massivement les familles de combattants boers dans de
vastes camps dont la clôture était assurée par du fil de fer
barbelé, d’invention récente. Les premiers camps de concentration
étaient nés ! 120 000 femmes, enfants et vieillards y
furent internés. D’autres camps regroupèrent les personnels noirs
qui avaient travaillé dans les exploitations boers, que les Britanniques considéraient comme de possibles alliés des Boers.
Dans les camps, la mortalité par maladies et malnutrition fut
effroyable. Les femmes et enfants des combattants boers identifiés
avaient des rations encore plus réduites et les Anglais le faisaient
savoir pour briser le moral des combattants. C’est cependant une
infirmière anglaise, Emily Hobbhouse, révoltée par l’inhumanité
de ces camps, qui dénonça ces pratiques. De retour en Angleterre,
son rapport et ses déclarations à la presse suscitèrent
l’indignation et l’envoi d’une commission d’enquête qui
imposa une amélioration des conditions de détention, sans remettre
en cause leur existence même.
Épuisés
militairement et moralement, les Boers abandonnèrent le combat et un
traité mit fin au conflit en mai 1902, en plaçant les républiques boers sous contrôle de l’empire britannique.
Cette
guerre avait coûté aux Anglais et à leurs alliés plus de 20 000
morts, dont 8 000 environ tués au combat mais la plupart à
cause de maladies, dont la typhoïde. Chez les Boers et les Noirs des
républiques indépendantes, 6 000 combattants, 30 000
civils Boers dont 22 000 enfants et environ 20 000 Noirs
perdirent la vie.
Salut Cordo,
RépondreSupprimerd'où te vient cet intérêt particulier pour la guerre des Boërs, assez peu traitée dan,s nos livres d'histoire ?
C'est vrai que ces guerres du bout du monde n'ont guère eu de place dans nos manuels d'histoire. En France la 2° guerre des Boers a suscité une brève flambée anglophobe dans le public, venant après Fachoda (où l'Anglais n'était autre que Kitchener), mais le gouvernement français l'a mise sous éteignoir au nom de l'Entente cordiale qui venait de naître. Seul un idéaliste (Georges de Villebois-Mareuil) est allé au bout de ses convictions et a été tué dans une des premières batailles. Ce petit feuilleton vise en fait à répondre à l'interpellation d'un lecteur du blog qui, après la mort de Mandela, s'étonnait qu'il n'y ait pas eu un "post" historique le concernant. On ne peut comprendre l'Afrique du Sud, l'apartheid et Mandela qu'en remontant aux sources de l'histoire mais ceci s'applique à tous les pays, ce n'est pas à toi que je l'apprendrai.
Supprimersi j'avais une aversion latente pour la perfide Albion,maintenant je sais vraiment pourquoi.toujours aussi intéressante ces petites histoires qui font la grande ,merci cordo.wb
RépondreSupprimerMais si! mais si ! En 1954 j'ai étudié en terminale La Guerre des Boers avec une très jeune Prof d'Histoire-Géo très intéressante.
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