mardi 2 septembre 2014

HISTOIRE DU JOUR

    Le malabar posté à l'entrée filtrait les arrivants. C'était un chouette métier qui lui permettait de se consacrer à sa collection de timbres. Il en avait de tous les pays, des récents mais aussi de très anciens. Que de beaux voyages, que de belles visites, que de rêves à travers cette fabuleuse collection ! Cependant, les voyages par timbres interposés ne lui suffisent plus. Demain, se dit-il je regarderai l'avenir en face comme ça j'aurai le présent dans le rétroviseur. Et si cela ne donne rien, je saurai qu'il sera désormais temps de jouer mon valet de pique pour jouir enfin de ma liberté, changer de monde, être seul dans le silence, me perdre dans la nature... pourquoi pas en Sibérie ? Je ne crains pas le froid... L'aventure me tente mais comment annoncer çà à Irène, ma femme et aux enfants ?
    Au quatrième top, il sera précisément le moment où je partirai. Ne retiens pas l'aiguille de l'horloge... Il aimerait pouvoir lui dire cela comme dans les films qu'elle regarde à longueur de journée et alors ...cette dernière phrase sera aussi la première d'une autre vie, une vie sans contraintes, une vie sans justification, une vie... la VIE quoi !! Mais le bonheur sera-t-il vraiment au rendez-vous loin des enfants, loin de ce que j'ai, de ce que nous avons construit... pour un futur d'éternité ?! Tempête sous un crâne !! Partagé entre l'envie folle de tout quitter et le "devoir" de rester... Ah, qu'il serait bien de ne pas avoir de conscience, de suivre son chemin sans se soucier de l'après, de tenter l'expérience sans se retourner... Grave dilemme - partir rester partir... Aucune alternative ou peut-être... ?
    "Debout les campeurs et hauts les cœurs. N'oubliez pas vos bottes parce que cela caille aujourd'hui..." C'est ce qu'entend Bill Murray tous les matins dans "un jour sans fin" le film culte de ma femme...j'entrevois toutes les possibilités offertes par une telle situation : être pris au piège d'un espace temporel me permettant de tester le je pars ou le je reste mais voilà'.. 
    Je me suis levé euphorique, ce matin ! Plus une seconde à perdre, JE PARS !! Je pars vers mon destin, je pars vers la VIE, je pars, laissant derrière moi toutes les entraves, tous les scrupules, tout ce qui me paraissait m'empêcher de partir ?! Oui, je pars vers des horizons nouveaux, le monde tournera sans moi ici. Mon esprit lui est déjà parti. Aurevoir...
    Au revoir : surtout pas. Mademoiselle Élise, mon institutrice de primaire m'avait appris que la locution aurevoir était la contraction de adieu jusqu’au revoir...
    Adieu, un mot trop fort et puis la sirène retentit dans la calme ville de Morne city me rappelant qu'il était l'heure de rentrer.

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