dimanche 25 janvier 2015

Prose poétique... de Serge Venturini


 
JE VOUS VOIS ENCORE
(Je me souviens de l’écriture
de ces notes prises
à la fenêtre de mon athanor
au quatrième étage du 3 de la rue…)

Comme la vie était lourde, dans la chaleur nocturne et le vent de la nuit, de cette nuit d’été parisienne d’alors, dans l’avant 68, (— même si confuse et mystérieuse est la mémoire), avec la mélancolique rue Rousselet et son vieil étameur, sa querelleuse et bruyante ravaudeuse, ses doux artisans et ses petits épiciers, — si vide et chic aujourd’hui. — L’étoile au ciel tantôt brillante, tantôt presque effacée, des ombres diaphanes dansaient dans la turbulente musique. Fenêtres fermées, la vie se repose en son chuchotement limpide. Et, ils sont nombreux à être venus là, à être passés par là, et la nuit et le jour. — Des fantômes d’une autre vie, d’un autre temps et d’un autre siècle.
 
Dans le tumulte lointain de la ville déserte, le passage brutal d’un avion, dans le ciel qui s’ouvre maintenant. — Fraîcheur de l’air et pastels fuyants dans la lumière permanente. Or, l’eau courante des paroles perdues et la surprise d’éclairage de la minuterie. — Les ombres transversales, le rire sonore et le pas léger d’une femme dans l’escalier faisant battre mon cœur, — la main embrasée sur la rampe glacée du rêve, la voix d’un homme, la reprise d’un autre rire, plus sec, plus grave aussi. — La porte refermée. — Ta robe légère et blanche. Puis, tes cheveux épars sur l’oreiller.

La nuit était lancée avec dès lors ses stries nuageuses, — le voyage est en cours et l’heure est silencieuse. Des jeux de lampe et des odeurs de cuisine, des préparatifs pour la nuit, des gestes consécutifs et saccadés, comme au temps muet du cinématographe. Enfin l’arrêt complet de tout ce petit théâtre quotidien passant comme la rumeur. Un simple vrombissement mécanique, une soirée dansante là-bas. — Les premières lueurs de l’aube à la fenêtre. Mes nuits laborieuses de livres et d’étude avec les croissants du matin. — Et les joies de notre solitude à la bougie. 

Avec sa "prose poétique", Serge Venturini nous demande de joindre ce poème de Verlaine, chanté par Léo Ferré : 

2 commentaires:

  1. Merci Danièle et bonne soirée à tous !
    Pace e salute !
    Sergiacciu

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  2. Magnifique, merci Serge!
    Limpia

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