Lors
d'un repas amical de retraités, quelqu'un posa la question suivante
:
Si vous aviez la possibilité de remonter le temps, à quel âge
de votre vie aimeriez-vous revenir ?
- À 40 ans, dit Jean, la
maturité.
- Moi, à 31 ans, quand j'ai eu ma fille .
- Moi, à
18 ans ; je ne m'entendais pas avec ma mère, j'ai quitté la
maison.
- Et toi, Juliette, tu ne dis rien ?
- Je suis bien à
l'âge que j'ai. Plus d'horaires de travail, plus de collègues, plus
de mari, (j'ai divorcé il y a 8 ans). Je vois mes enfants et mes
petits-enfants quand je veux, j'ai les activités qui me plaisent, de
bons amis, pourquoi changer
?
..................................................................
Et
vous, si on vous posait la même question, que répondriez vous ?
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Je
ne répondrai pas...même à mon ami car je ne sais pas. J'y ai
réfléchi. Une chronologie inversée : des émotions, des visages,
des bruits, de la chaleur...des petites choses anodines qui prennent
aujourd'hui une valeur symbolique...Alors mon âge préféré : "demain". Pourquoi "demain" me questionna mon ami..peut-être que je ne suis pas un
homme de regrets qui s'éternise dans le passé et risquer de ne
plus faire attention au présent. Moi me rétorqua mon ami je
voudrais revenir le jeune homme vigoureux pour... Son sourire
particulier remplaça les mots manquants. Une vérité : son sourire
à tous les âges de ma vie.
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Le
verre de sangria ayant délié les langues, Yves, assis en face de
moi, me dit :
- J'aimerais revivre ce voyage en train que je fis
à l'âge de 22 ans et durant lequel je fis la connaissance de celle
qui allait devenir ma femme, bien des années plus tard .
-
Raconte- moi, si tu veux .
- J'avais passé quelques jours de
vacances à Montauban,chez mes parents et je rentrais à Paris pour
reprendre mon travail à E.D.F.
Dans mon compartiment il y avait
un couple d'Espagnols avec qui j'essayais de dialoguer pour passer
le temps : pas facile... À la gare de Châteauroux arriva une jeune
femme frêle et souriante qui portait une grosse valise. Je l'aidai
à s'installer. Elle s'assit près de moi et la conversation
s'engagea tout naturellement. Elle venait à Paris pour un an, afin
de préparer le concours de psychologue scolaire. Elle se
réjouissait de visiter la capitale.
Je l'écoutais, plongé dans
une sorte d'enchantement. Une sensation de bien-être, de jubilation
intérieure m'habitait. Ma voisine était spontanée, mais parfois
une sorte de timidité transparaissait. Le train venait de passer
Étampes et elle alla s'accouder à la vitre du couloir ; je la
suivis, regardant défiler cette grande plaine de la Beauce chantée
par Charles Péguy. Doucement, je posai ma main sur la sienne ; elle
me regarda et me sourit.
- Nous allons nous revoir, n'est-ce pas,
demandai-je en descendant sa valise ?
- Si vous voulez, répondit-elle. Donnez-moi votre numéro de téléphone car je n'ai
pas encore le mien.
À la station de taxis, je lui tendis la
main, elle posa un léger baiser sur mes lèvres.
- Alors,
Yves, vous l'avez revue cette sympathique voyageuse ?
- Oui, cette année-là fut la plus heureuse de ma jeunesse.Tous les quinze jours nous passions le week-end ensemble. Je découvris Paris avec les yeux de Sylvia : le Sacré Coeur et aussi le "marché St Pierre", ''la petite châtelaine'' de Camille Claudel au musée Rodin, les primitifs italiens au Louvre, le concerto pour violoncelle de Haydn à St Séverin, le passage Jouffroy et les délicieux baklavas de la pâtisserie orientale. Nous étions bien tous les deux, amitié amoureuse ? Hélas ! une présence, bien que lointaine, troublait cette harmonie. Sylvia avait un fiancé qu'elle voyait tous les quinze jours à Châteauroux. C'était un ami d'enfance. Elle en parlait peu. La fin de l'année arriva. Sylvia, son DEPS en poche, rejoignit sa famille. On se téléphonait. En août, sur la route des vacances, je décidai de m'arrêter à Châteauroux pour lui faire une surprise. Sa mère me reçut et me dit que sa fille était sur la Costa Brava avec son fiancé. Ils avaient l'intention de se marier en septembre. Une grosse boule s'installa dans ma gorge et j'eus bien du mal à avaler le café qu'on m'offrit. Je fus détestable durant toutes les vacances. Ma famille et mes amis ne comprenaient pas mon attitude. Ils me croyaient gravement malade...
- Oui, cette année-là fut la plus heureuse de ma jeunesse.Tous les quinze jours nous passions le week-end ensemble. Je découvris Paris avec les yeux de Sylvia : le Sacré Coeur et aussi le "marché St Pierre", ''la petite châtelaine'' de Camille Claudel au musée Rodin, les primitifs italiens au Louvre, le concerto pour violoncelle de Haydn à St Séverin, le passage Jouffroy et les délicieux baklavas de la pâtisserie orientale. Nous étions bien tous les deux, amitié amoureuse ? Hélas ! une présence, bien que lointaine, troublait cette harmonie. Sylvia avait un fiancé qu'elle voyait tous les quinze jours à Châteauroux. C'était un ami d'enfance. Elle en parlait peu. La fin de l'année arriva. Sylvia, son DEPS en poche, rejoignit sa famille. On se téléphonait. En août, sur la route des vacances, je décidai de m'arrêter à Châteauroux pour lui faire une surprise. Sa mère me reçut et me dit que sa fille était sur la Costa Brava avec son fiancé. Ils avaient l'intention de se marier en septembre. Une grosse boule s'installa dans ma gorge et j'eus bien du mal à avaler le café qu'on m'offrit. Je fus détestable durant toutes les vacances. Ma famille et mes amis ne comprenaient pas mon attitude. Ils me croyaient gravement malade...
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Eh
bien moi, en ce qui me concerne, je dirais avec Tino Rossi :
"La vie
commence à 60 ans.".
Il y a un ''avant'' et un ''après'' mes 60 ans. En effet, il m'a
fallu atteindre cet âge pour admettre qu'il y avait des choses
importantes et d'autres nettement moins ! J'ai donc appris à
relativiser. J'ai rencontré l'Indulgence et depuis nous cheminons
ensemble le plus souvent possible....... J'ai mis à profit cette
période pour offrir à ceux qui l'acceptent tout l'amour qu'il y a
en moi et que je n'ai pu ou n'ai su le faire auparavant.
Le faire-part de mariage me parvint à Paris alors que je reprenais le travail. Je m'y donnai à fond et on me confia la maîtrise de gros chantiers.Peu après ,je rencontrai une gentille secrétaire de mairie qui tomba amoureuse de moi et nous nous mariâmes.On s'entendait bien:Un garçon naquit.
RépondreSupprimerSylvia m'envoya les faire-part de naissance de ses deux enfants.Elle habitait maintenant à Toulouse où son mari avait été muté.
Les années passèrent.....J'avais quarante- cinq ans lorsque ma femme me quitta pour "un homme plus vivant que moi",disait-elle.Nous nous séparâmes à l'amiable.
Mes parents vieillissaient;mon père fit une chute dans son jardin et se cassa la clavicule. J'allai le voir à la clinique à Toulouse .Une jeune infirmière qui s'occupait de lui m'interpella :
-Excusez mon indiscrétion monsieur P. ,ma mère avait un ami du même nom ,quand elle était étudiante à Paris .
-Votre mère ?
-Oui,Sylvia B.
Je restai stupéfait."Oui,c'est bien moi ,et comment va votre maman?"
-Bien,elle travaille dans plusieurs écoles de la périphérie de Toulouse.Le mercredi, nous déjeunons ensemble en ville .Si vous êtes encore là demain, elle sera sans doute heureuse de vous voir.Ce sera une surprise .
Nous prîmes rendez-vous pour le lendemain .
A midi,je l'attendais à la sortie de la clinique et elle me conduisit à un joli petit restaurant tunisien.Sylvia était déjà là.Elle n'avait pas beaucoup changé : les cheveux plus courts ,un peu plus ronde ..En me voyant, elle se leva brusquement et je vis son visage s'empourprer . La surprise passée ,la conversation s' installa comme si elle n'avait jamais cessé .Sylvia disait que cinquante ans c'était le bel âge ,que,depuis son divorce,il y deux ans, elle voyageait beaucoup.Elle était allée au Japon où son fils était étudiant et projetait d'autres découvertes avec un groupe d'amis .
RépondreSupprimerMon coeur battait comme à vingt deux ans .J'avais une folle envie de la serrer dans mes bras,de lui dire mon amour .Mais elle ,m'aimait-elle ?
Sylvia avait rendez-vous à la FNAC ,nous quittâmes le restaurant en échangeant nos numéros de portables.Je rentrai à Montauban où ma mère attendait anxieusement des nouvelles .Mon père revint chez lui en fin de semaine et je remontai à Paris
Quels étaient les sentiments de Sylvia ?question lancinante qui m'obsédait et m'angoissait.
La réponse me parvint sous forme de SMS ":Serai samedi à huit heures trente à la gare d'Austerlitz "..