L'HOMME QUI COURT...
Kazimir Malévitch "L'Homme qui court"_1933-1934 Huile sur toile. (65 cm X 79 cm) Centre Pompidou, Paris. |
Cet "Homme qui court", daté de 1933 est l'une des dernières œuvres du
peintre russe Kazimir Malévitch. Malévitch est surtout connu pour
sa peinture abstraite, véritable révolution... Alors
pourquoi est il revenu juste avant sa mort à la peinture figurative
? C'est qu'entre-temps une autre révolution avait eu lieu : la
Révolution Bolchévique. Staline n'avait pas tardé à briser
l'avant-garde russe et à imposer le Réalisme Socialiste. Il fallait
donc peindre la réalité, non pas telle qu'elle était, mais bien
telle qu'elle devait être. En clair toute création originale
pouvait vous conduire en cellule. Et c'est ce qui arriva à Malévitch
en 1930 : ses abstractions pures furent jugées incompréhensibles par
la "masse" et donc subversives. On l'envoya à la prison de
Léningrad où il fut torturé. À sa sortie il n'avait pas le choix,
il devait revenir à l'art figuratif. Mais dans son
tableau, les bâtiments du fond, sans fenêtres ni portes, c'est la
prison de Léningrad, la pointe de la croix, c'est le manche d'un glaive, instrument de torture. Et ce visage
noir, dont l'enveloppe blanche se détache, la perte d'identité.
C'est l'avantage du figuratif, on peut signifier bien des choses...
Kazimir Malévitch "Autoportrait"_1933 |
Kazimir
MALÉVITCH (1878
- 1935) est un peintre
et théoricien russe d'origine polonaise. Après
une formation de dessinateur technique à Moscou en 1902, Malévitch
développa en autodidacte son œuvre plastique qu'il déclina au
cours de sa vie dans une dizaine de styles différents : Réalisme,
Impressionnisme, Symbolisme, Cézannisme, Fauvisme, Néoprimitivisme,
Cubofuturisme, Cubisme alogique, Suprématisme, Supranaturalisme. En
1918, son "Carré blanc sur fond blanc" est considéré comme le
premier monochrome de la peinture contemporaine. En 1927, Malévitch
part en voyage en Allemagne, il y laisse 70 tableaux et un manuscrit
Le Suprématisme ou Le Monde sans objet, publié par le Bauhaus. "À
présent, le chemin de l'homme se trouve à travers l'espace...J'ai
percé l'abat-jour bleu des limites de la couleur, j'ai pénétré
dans le blanc ; à côté de moi, camarades pilotes, naviguez dans
cet espace sans fin. La blanche mer libre s'étend devant vous." En 1929, il fut traîté par le pouvoir soviétique de subjectivisme
et de rêveur philosophique. Au cours des années 1930, Kazimir
Malévitch est attaqué par la presse... il fut emprisonné et torturé. Même si les autorités lui
décernèrent des funérailles officielles en 1935, la condamnation
de son œuvre et du courant suprématiste s'accompagna d'un oubli de
plusieurs décennies. La reconnaissance de cet artiste intervient à
partir des années 1970, où il est consacré comme l'un des
maîtres de l'art abstrait.
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