mercredi 18 mars 2015

HISTOIRE DU JOUR

- Mémé, il ne pleut plus, je peux aller dans le jardin ?
- Oui, un petit moment, car c'est l'heure de la sieste ; mets tes bottes.
Léo était heureux de passer quelques jours de vacances, seul avec sa grand-mère, au village, loin de l'appartement en ville et des chamailleries avec sa soeur. Il aimait la nature et avait l'œil très exercé pour repérer les plus petits insectes. En cette période de l'année pas de fourmis, pas de papillons ni de coccinelles.
- Mais il pouvait débusquer un hérisson ou traquer les tortues encore engourdies. Sur le mur de pierres recouvert de mousse, un énorme escargot immobile dardait ses cornes vers une touffe de "nombril de vénus". Muni d'une branchette, Léo le fit tomber dans l'herbe.
- Mémé, viens voir ce que j'ai trouvé. Comment dit-on "un escargot" en corse ?
- "Una lumaga". Qu'il est gros ! Nous allons le mettre dans cette boîte avec de la salade... Et maintenant, à la sieste !
Léo alla se coucher sur le canapé du salon et posa la boîte par terre. Il rêvassait quand il perçut un chuchotement.
- Petit, ma famille m'attend. Veux-tu venir avec moi dans notre refuge ?
Léo, étonné, voyait les longues antennes de l'escargot levées vers lui et les deux petits yeux noirs qui le fixaient. Il répliqua :
- Je ne suis pas petit et je m'appelle Léo ! Mémé ne veut pas que je sorte seul.
- Moi, c'est Louma ; je suis le chef de ma communauté car j'ai le don d'entendre et de voir plus loin que les autres. Nous passerons par la terrasse, ta grand-mère ne te verra pas. Prends la boîte et écoute-moi.
Ils gravirent la côte, passèrent sous une voûte et parvinrent à une serre abandonnée dont l'entrée était entièrement couverte de lierre.
La serre à l'abandon laissa Léo stupéfait, mi apeuré mi émerveillé. Devant lui, un enchevêtrement de plantes, éclairées çà et là par des trous de lumière. Sur des tiges d'oignons desséchées était collée une colonie de petits escargots.
- Sont-ils morts, questionna l'enfant?
- Non, ils sont toujours en hibernation. Regarde, l'ouverture de la coquille est encore bouchée. 
- Et ceux-là, sur la branche de forsythia ?
- Ils sont malades, ils vomissent de la bave verte pour rejeter la nourriture polluée qui les a empoisonnés.
Sur le côté, la verrière avait craqué ; l'orage de l'après-midi gouttait encore. De la terre détrempée, sortait un gros lombric, pareil à un serpent.
- N'aie pas peur Léo, c'est Rubellus, l'ingénieur du sol. Il aère la terre et la fertilise.
- Qu'est-ce que c'est ? Je sens une présence humaine ici, DEHORS !
- C'est un ami, dit Louma, le petit-fils d'Angéla, il va nous aider.
- Angéla ! Une inconsciente ! Elle a répandu une boîte de "Dégaflore" dans son jardin. Regardez-moi : je suis difforme à présent !
- Oui, oui, criaient les "soldats suisses" postés sur une rose trémière. Elle veut notre mort, alors que nous détruisons tous ses pucerons. 
- Je les connais ceux-là, dit Léo ; ce sont des "gendarmes". Je les ai souvent observés. Ils sont curieux avec leurs masques nègres, noirs et rouges. 
- Allons, allons, du calme, dit Louma, cet enfant nous veut du bien. Il va parler de nous à sa grand-mère. Il sera notre protecteur.
La voix de Louma se faisait plus basse .......plus lointaine .....
- Eh bien, Léo, tu as fait une bonne sieste aujourd'hui !
- C'est toi, mémé, tu as entendu Louma ?
- Louma ? ?
-Oui, l'escargot. .
-Ah, oui, "a lumaga" ; voyons ....Il n'est plus dans la boîte !!

2 commentaires:

  1. Fable écologique ,gentiment racontée.

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  2. Les enfants s'amusent beaucoup avec ces insectes appelés "gendarmes" qui aiment beaucoup le soleil .

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