- Mémé,
il ne pleut plus, je peux aller dans le jardin ?
- Oui,
un petit moment, car c'est l'heure de la sieste ; mets tes
bottes.
Léo était heureux de passer quelques jours de vacances,
seul avec sa grand-mère, au village, loin de l'appartement en ville
et des chamailleries avec sa soeur. Il aimait la nature et avait
l'œil très exercé pour repérer les plus petits insectes. En
cette période de l'année pas de fourmis, pas de papillons ni de
coccinelles.
- Mais
il pouvait débusquer un hérisson ou traquer les tortues encore
engourdies. Sur le mur de pierres recouvert de mousse, un énorme
escargot immobile dardait ses cornes vers une touffe de "nombril
de vénus". Muni d'une branchette, Léo le fit tomber dans
l'herbe.
- Mémé,
viens voir ce que j'ai trouvé. Comment dit-on "un escargot"
en corse ?
- "Una
lumaga". Qu'il est gros ! Nous allons le mettre dans cette
boîte avec de la salade... Et maintenant, à la sieste !
Léo
alla se coucher sur le canapé du salon et posa la boîte par terre.
Il rêvassait quand il perçut un chuchotement.
- Petit,
ma famille m'attend. Veux-tu venir avec moi dans notre refuge ?
Léo,
étonné, voyait les longues antennes de l'escargot levées vers lui
et les deux petits yeux noirs qui le fixaient. Il répliqua :
- Je
ne suis pas petit et je m'appelle Léo ! Mémé ne veut pas que je
sorte seul.
- Moi,
c'est Louma ; je suis le chef de ma communauté car j'ai le don
d'entendre et de voir plus loin que les autres. Nous passerons par
la terrasse, ta grand-mère ne te verra pas. Prends la boîte et
écoute-moi.
Ils gravirent la côte, passèrent sous une voûte
et parvinrent à une serre abandonnée dont l'entrée était
entièrement couverte de lierre.
La serre à l'abandon laissa Léo
stupéfait, mi apeuré mi émerveillé. Devant lui, un enchevêtrement
de plantes, éclairées çà et là par des trous de lumière. Sur
des tiges d'oignons desséchées était collée une colonie de
petits escargots.
- Sont-ils morts, questionna l'enfant?
-
Non, ils sont toujours en hibernation. Regarde, l'ouverture de la
coquille est encore bouchée.
- Et ceux-là, sur la branche de
forsythia ?
- Ils sont malades, ils vomissent de la bave verte
pour rejeter la nourriture polluée qui les a empoisonnés.
Sur
le côté, la verrière avait craqué ; l'orage de l'après-midi
gouttait encore. De la terre détrempée, sortait un gros lombric,
pareil à un serpent.
- N'aie pas peur Léo, c'est Rubellus,
l'ingénieur du sol. Il aère la terre et la fertilise.
-
Qu'est-ce que c'est ? Je sens une présence humaine ici, DEHORS !
-
C'est un ami, dit Louma, le petit-fils d'Angéla, il va nous
aider.
- Angéla ! Une inconsciente ! Elle a répandu une boîte
de "Dégaflore" dans son jardin. Regardez-moi : je suis
difforme à présent !
- Oui, oui, criaient les "soldats
suisses" postés sur une rose trémière. Elle veut notre mort,
alors que nous détruisons tous ses pucerons.
- Je les connais
ceux-là, dit Léo ; ce sont des "gendarmes". Je les ai
souvent observés. Ils sont curieux avec leurs masques nègres,
noirs et rouges.
- Allons, allons, du calme, dit Louma, cet
enfant nous veut du bien. Il va parler de nous à sa grand-mère. Il
sera notre protecteur.
La voix de Louma se faisait plus basse
.......plus lointaine .....
- Eh bien, Léo, tu as fait une bonne
sieste aujourd'hui !
- C'est toi, mémé, tu as entendu Louma ?
-
Louma ? ?
-Oui, l'escargot. .
-Ah, oui, "a lumaga"
; voyons ....Il n'est plus dans la boîte !!
Fable écologique ,gentiment racontée.
RépondreSupprimerLes enfants s'amusent beaucoup avec ces insectes appelés "gendarmes" qui aiment beaucoup le soleil .
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