Mathieu Rutali_1938 |
Mathieu RUTALI, résistant FFL et Commissaire principal de police, figure marquante de la Résistance et de la Police.
Mathieu
RUTALI est né à Rutali le 17 janvier 1918, cinquième enfant
de Paul Jean (ou plus familièrement Paulucciu) RUTALI et
de Ursule Marie (OrsulaMaria) BONETTI, petit-fils de Mathieu (ou
Matteu) RUTALI. Marié avec Suzanne Lucienne Theveniau de Chalon sur
Saône née en 1924. Leur fils Jean-Paul Félix
né le 22 septembre 1960 demeurant à Saint-Rémy. Descendant
d’une longue lignée noble Rutali. En
1938, il obtint son baccalauréat et continua des études de
droit. Mobilisé le 1er septembre 1939, il retrouva la vie
civile le 5 janvier 1941, date à laquelle, après concours, il fut
nommé inspecteur de police de S. T. (Surveillance du Territoire) à
Marseille. La Gestapo avait remis au poste de S. T. de
Marseille des Résistants du réseau Alliance appréhendés en
zone libre parmi lesquels son chef Marie-Madeleine Fourcade. Refusant
de participer à des actes de répression contre des patriotes,
Mathieu RUTALI et deux de ses collègues organisèrent l’évasion
des captifs. À son tour, il gagna les forces françaises libres en
Angleterre. Outre-Manche, il fut intégré dans les services spéciaux
du B.C.R.A. (Bureau Central de Renseignements et Action) sous le
pseudonyme de Frédéric Van Laar et assura plusieurs missions
dangereuses en Corse, en Italie, avant le débarquement des forces
alliées dans ces régions. Le gouvernement provisoire d’Alger le
nomma Commissaire de Police. À la Libération, sa conduite lui valut
la Médaille de la Résistance, la médaille commémorative des
services volontaires de la France libre. Après guerre, il exerça
ses fonctions à la tête de divers postes de Renseignements Généraux
et de Sécurité publique dans les régions du nord et du centre de
la France. En 1960, il fut élevé au grade de commissaire principal
(ou divisionnaire) à Épinal. Mais
le 27 juillet 1962, à Golbey, ce fut sa fin tragique. Deux dangereux
cambrioleurs, les frères Faivre, venaient d’être arrêtés mais
un troisième homme s’était caché dans la petite cave d’une
villa et armé. Le commissaire Rutali avisé arriva, accompagné de
nouveaux renforts. Ils étaient prêts à intervenir tandis que le
serrurier s’efforçait d’ouvrir la porte à coup de masse.
Soudain, des coups de feu claquèrent. Le malfaiteur, un pistolet à
chaque main, venait de tirer à bout portant sur les policiers. Le
commissaire principal Rutali s’effondra, mortellement atteint. Le
sous-brigadier Mourat fut blessé à la tête et à la jambe. Le
cambrioleur fut abattu par le brigadier chef Boulay. Les journaux de
l’époque relatent les faits. Le malfaiteur était un certain Maurice Grisot,
tourneur, mais c’était un nom d’emprunt. Il avait loué la villa
du 15 mai au 15 août et se disait originaire de Perpignan. Tout
d’abord, les enquêteurs annoncèrent qu’il s’agissait d’un
nommé François Constantini né en Corse à Sainte Lucie, identité
fausse que les policiers avaient fournie à la presse afin de ne pas
éveiller l’attention d’un complice dont ils espéraient la
capture très rapide. Finalement on dévoila la véritable
identité du cambrioleur assassin: Louis Philippe Guglielmi né
le 3 avril 1935 à Antibes, dangereux repris de justice évadé de la
prison d’Aix-en Provence au début de l’année. Les
obsèques se déroulèrent le 30 juillet en présence de milliers de
personnes, des plus hautes personnalités. Mathieu Rutali, homme
exemplaire et tombé victime du devoir, reçut alors la
croix de la Légion d’honneur à titre posthume et fut cité à
l’ordre de la Nation par le Premier Ministre sur proposition
du Ministre de l’Intérieur.
Autre
insigne honneur : la 23ème promotion de l'École
Nationale Supérieure de la Police (ENSP), 1971/1973, porte le nom de
Mathieu Rutali.
Voici un extrait d’une lettre du 15 novembre 2011 de l’anglais Michael Bilton :
RépondreSupprimer« J'ai fait quelques recherches sur Mathieu Rutali, qui est venu à Londres en Novembre 1942 pour rejoindre le colonel Passy (de Wavrin) au siège de la BCRA françaises libres dans Duke Street, Londres. J'ai trouvé un document que vous pourriez être intéressée - un dossier sur le temps qu'il a travaillé avec le Special Operations Executive.
Nous savons d'après l'autobiographie de Mme Marie-Madeleine Fourcade qui ont formé le réseau de résistance Alliance, que Mathieu Rutali a été l'un des inspecteurs de police travaillant pour la Surveillance du Territoire, à Marseille le 11 Novembre 1942, quand les Allemands envahirent la France libre. Ce fut quelques jours après l'invasion britannique et américaine de l'Algérie et le Maroc.
Mme Fourcade avait été arrêtée à Marseille et devait être envoyée à la prison de Castres, mais on craignait qu'elle serait immédiatement remise à la Gestapo, et une fois ce qui s'est passé le sort de l'un des chefs de la résistance le plus important en France serait scellé et, s'il est capturé, elle serait transférée à l'avenue Foch à Paris. Là, elle aurait certainement été interrogée et probablement exécutée.
Trois policiers travaillant pour le ST - y compris Mathieu Rutali – ont plutôt offert d'aider Mme Fourcade s'échapper. Elle leur a dit que dans quelques jours ils pourraient eux-mêmes être à Londres. Entendant cela Rutali Mathieu dit qu'il doit immédiatement retourner chez eux et dire adieu à sa famille.
C'était le soir du 25/26 Novembre 1942, que Mathieu Rutali et deux autres policiers se trouvent à un petit aérodrome à proximité Thalamy Usell dans la Corrèze. Mme Fourcade avait arrangé un avion spécial RAF - un Lysander - conçu pour atterrir et décoller dans de petits champs de venir les chercher pour les faire voler en Angleterre.
Le pilote de la RAF était un jeune homme appelé Peter Vaughan-Fowler, âgé de 19 ans. Ce n'était que sa deuxième mission. Normalement, ces avions ont pris un ou deux passagers. Les trois hommes étaient tout juste capables de se faufiler dans le compartiment arrière - le dernier a dû plonger la tête la première.
Deux heures plus tard, ils débarquent sur un aérodrome de la RAF appelé Tangmere, près de Chichester, sur la côte sud de l'Angleterre. Ils ont été emmenés en voiture à Londres. Ils ont ensuite été recrutés par les forces françaises libres du général Charles de Gaulle et ont été affichés sur le contre-espionnage fonctions au Bureau Central de Renseignements et d'Action d'en Capt Vaudereuil. Ils étaient basés à Duke Street dans le centre de Londres.
Mathieu Rutali et ses collègues a vécu à 28 Collingham Gardens, Kensington, Londres.
Il a travaillé aussi comme un officier d'état major au quartier général des Forces françaises libres.
A l'origine il n'était pas destiné à envoyer Mathieu Rutali sur les opérations mais ensuite, en août 1943, il rejoint la section RF du SOE - Special Operations Executive - dirigé par André De Wavrin (Colonel Passy) du BCRA à Duke Street. Ces agents ont été formés pour être envoyés en territoire ennemi. Mathieu Rutali a entrepris une formation en parachute spécial au no1 école de formation de parachutistes de la RAF à Ringway, près de Manchester, dans le Nord de l'Angleterre. »
Extrait d’une lettre du 15 novembre 2011 de l’anglais Michael Bilton adressée à Suzy Finocchy (nièce de Mathieu Rutali frère de sa mère Angèle) dans laquelle il indique qu’il est en train d’écrire un livre sur les Forces françaises libres à Londres pendant la seconde guerre mondiale. Il donne des renseignements sur Mathieu Rutali et demande à Suzy un complément sur la période 1943-1945 ainsi qu’une photo de Mathieu de cette époque.
RépondreSupprimerLouis Giacomoni
Et que devient son fils? Vient-il au village? Merci Louis pour cette belle narration.
RépondreSupprimerM. Jean-Paul Rutali habite à Saint-Rémy. Sa mère est en vie. Il est inspecteur, je crois aux Impôts.
RépondreSupprimerLa succession des biens de son grand-père a eu lieu dernièrement. Il n’a pas eu la maison qui a été vendue à Mme Elisabeth Mesnil Cordoliani qui l’a restaurée. Jean-Paul a tenu à garder un souvenir : un canapé lit sans doute un souvenir de son enfance. Il demeure propriétaire de terrains à Rutali.
J’ai pu converser avec lui par téléphone et il ne manque pas de m’adresser des vœux pour la bonne année. C’est un homme très courtois et d’une belle écriture.
Louis
Sur la foi d’un renseignement, il s’agit en fait non pas d'un canapé mais d’un sofa corse, Louis-Philippe d'époque, authentique, en noyer blond. À la valeur affective familiale, s’ajoute la valeur artistique et ancienne.
SupprimerLouis
Les amis de Mathieu... Amis d'enfance ou de vacances à Rutali :
RépondreSupprimerCamille ALBERTINI, son cousin - Cecce Giacomoni, un proche - le docteur Jeannot Jacquinet - le commissaire Jeannot Pantanacce, sans oublier Jean Colonna choisi à la Libération pour assurer ses déplacements à partir d'Ajaccio.
Liste non exhaustive. S.F.R.
Citation à l'Ordre de la Nation, le 30 juillet 1962, par le Premier Ministre, Georges Pompidou, sur proposition du ministre de l'Intérieur, Roger Frey :
RépondreSupprimerMr Rutali,commissaire divisionnaire de la Sûreté nationale , commissaire d'une loyauté exemplaire et d'un dévouement absolu qui en toutes circonstances a accompli sa tâche avec une conscience scrupuleuse et un sens spécialement élevé de sa mission.
Mort dans l'exercice de ses fonctions, victime de son courage et de sa haute conception du devoir, en procédant à la tête de ses hommes , et dans des circonstances particulièremet périlleuses, à l'arrestation d'un dangereux malfaiteur.
Merci Louis pour cette recherche fructueuse qui nous a beaucoup touchée . Françoise Finocchy
RépondreSupprimerUn grand merci à Suzy qui m'a confié les documents.
RépondreSupprimerLouis
Les cerises de CEPPITICCIA.
RépondreSupprimerLe chanoine Jean-Thomas Flori,notre "prete Flori", correspondant -chroniqueur des quotidiens "Corse-matin" et Le Provençal -Corse" écrivait,en1971 dans ce dernier :
"Me serait-il permis de rappeler un souvenir personnel qui,à l'époque m'avait profondément ému.
C'était au tout début de l'hiver 43.j'avais l'habitude d'écouter les messages venant de Londres
.Parmi d'autres,je retiens celui-ci : "Matthieu embrasse Suzy et Christian qui aiment tant les cerises de Ceppiticcia à Ortale"
J'ai vite compris qu'il s'agissait de Matthieu Rutali.iIl était 22 heures 30, dehors il neigeait .
Il était imprudent de sortir, mais la nouvelle était trop importante pour la remettre au lendemain.
Sans plus attendre je pars l'annoncer.Quelle explosion de joie ce fut alors dans cette maison où un père et une mère avaient perdu tout espoir de revoir leur fils. Matthieu est revenu.Mais,hélàs il devait périr il y a neuf ans,victime du devoir et de son courage .C'est en voulant lui-même maîtriser un dangereux bandit qu'il trouva la mort .Je garderai longtemps le souvenir de cette grande et noble famille dont la maison a toujours été largment ouverte à tous , à leurs amis et à ceux qui ne partageaient pas leurs idées."
Pour copie conforme
signé S.F.R.