mercredi 24 juin 2015

HISTOIRE DU JOUR, belle et émouvante

- Vais-je vous raconter ma première traversée de notre "mère" Méditerranée?
- Mais oui, Denise, ça nous rappellera des souvenirs.
C'était .......il y a fort longtemps, à l'époque où les jeunes (et moins jeunes ) quittaient l'île en masse pour travailler sur le continent ..Cette année là, c'était mon tour. D'ailleurs, les trois quarts de ma classe se retrouvaient sur le pont du "VILLE d'AJACCIO" qui devait effectuer une de ses dernières traversées. Devant nous, la ville s'étageait sur la colline. Sur le quai, les parents, inquiets et résignés, criaient leurs dernières recommandations. Le bateau doubla la jetée et s'éloigna vers le nord. Fin des vacances, fin des études, fin d'une certaine insouciance ? Et après cette nuit hors du temps, le début de l'aventure ? de la liberté ? de la responsabilité ? Le bac en poche, nous allions devenir fonctionnaires ..... Avenir quelque peu angoissant et malgré tout plein d'espoir.

La mer était calme en ce début d'automne et, la plupart d'entre nous, guidés par les anciens, avions récupéré un transat pour y passer la nuit. Maïté, qui en était à sa deuxième année de traversées, m'appela discrètement : "Tu sais, Denise, j'ai deux cousins qui travaillent sur ce bateau. À partir de minuit leurs cabines sont libres. Si tu veux dormir un peu, tu pourras en occuper une et moi l'autre." J'acceptai avec reconnaissance. À l'heure dite, je trimballai ma "valise en carton" de couloirs en échelles et arrivai dans une petite cabine proprette. "Installe-toi sur la couchette, je suis à côté dit Maïté, je viendrai te chercher au matin."
En prévision du mal de mer, j'avais avalé un cachet de nautamine et m'endormis rapidement. Pendant la nuit, je sentis quelqu'un qui s'allongeait près de moi. Je me dressai brusquement. Tout était noir dans la cabine .
- Chut ! fit une voix mâle, c'est moi, Pierrot, le cousin de Maïté. N'aie pas peur, je ne vais pas te violer !
Effarée, je demandai de la lumière et vis un petit bonhomme moustachu qui m'examinait.
- J'ai fini mon travail, dit-il, je viens me reposer, mais tu peux rester jusqu'au matin.
- Oh non, monsieur, je vais retrouver mes amies.
- Ah bon !
Je tremblai de tous mes membres. Pierrot m'aida à transporter ma valise et je rejoignis la petite bande qui s'inquiétait de moi :
- Mais où étais-tu passée ? Tu t'étais perdue ? Je racontai mon aventure.
- Pauvre naïve, s'exclama Nicole. Personne ne t'a prévenue ?
- Prévenue ? De quoi ? Maïté ....ses cousins ....
- Ah oui ,celle là ! On la connaît. Méfiance !
Le reste de la nuit fut calme et frisquet sous les étoiles. Au petit matin, le port de Marseille apparut, immense. Bientôt nous fûmes sous la protection de la Bonne Mère. Mon oncle et ma tante m'attendaient au pied de l'échelle.
Ainsi commencèrent des années d'allers et retours plus ou moins agités. Mais ce premier voyage avait ébranlé ma naïveté et m'avait appris la méfiance. 

1 commentaire:

  1. Merci D.D .C'est un plaisir de raconter ,mais ..........l'inspiration peut manquer ! Et puis, changer de genre ,de style serait très intéressant . Il est certain que des lecteurs pourraient à leur tour nous faire rire et nous charmer .Allons ne vous faites pas prier ..

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