SYMPHONIE EN BLANC n° 2...
James Abbott McNeill Whistler "Symphonie en blanc majeur n° 2"_1864 Huile sur toile. (76,5 cm X 51 cm) Tate Britain, Londres. |
"carédar-142" |
"Symphonie
en blanc n°2" ou "La petite fille blanche" nie l’identité
du modèle pour insister sur la référence à la musique. C’est
également à Paris dans les années 1860 que Whistler a pu observer
les estampes japonaises qui l’influenceront pour le reste de sa
carrière. La composition audacieuse en témoigne : l’artiste
refuse de construire son tableau en plans, c’est l’impression
générale d’harmonie qui doit primer sur le détail. L’ancien modèle de Courbet et maîtresse de Whistler, l’Irlandaise Joanna
Hiffernan, pose ainsi dans une simple robe blanche. On a beaucoup
décrié ce costume à l’époque où les femmes portaient des robes
à crinoline. La chevelure auburn de Jo, son éventail japonais, les
azalées et le bleu du vase constituent les seules touches de couleurs
vives de la composition. "C’est brillant, c’est même trop
brillant" s’exprimera Millais à ce sujet. Whistler a copié le titre du poème de Théophile Gautier - Symphonie en blanc majeur - pour baptiser son tableau...
Whistler"Autoportrait"_1872 |
Inclassable,
soumis à de nombreuses influences, pas toujours sincère et doté
d'un sale caractère, James Abbott McNeill WHISTLER (1834 - 1903) fut un cas à
part dans la peinture du XIXe siècle. Américain
par la naissance, Français par la formation, Britannique surtout par
la carrière, Whistler est un des grands artistes cosmopolites
du XIXe siècle. Il est lié au mouvement symbolique et impressionniste. Whistler
a été mondialement reconnu de son vivant : membre
d'honneur de l'Académie royale des Beaux-Arts à Munich, Officier
de la Légion d'honneur en France et un membre fondateur et
premier président de la Société internationale des
sculpteurs, peintres et graveurs. Il est souvent admis
qu'il a été le modèle d'un des personnages importants d'À la
recherche du temps perdu de Marcel Proust : le 'peintre
Elstir'... Whistler
était réputé pour son esprit acéré. Alors qu'un journal
hollandais annonce sa mort après une crise cardiaque, Il écrit au
journal, disant que la lecture de sa propre nécrologie l'a incité à
"un rougeoiement tendre de santé".
Symphonie en blanc majeur
RépondreSupprimerDe leur col blanc courbant les lignes,
On voit dans les contes du Nord,
Sur le vieux Rhin, des femmes-cygnes
Nager en chantant près du bord,
Ou, suspendant à quelque branche
Le plumage qui les revêt,
Faire luire leur peau plus blanche
Que la neige de leur duvet.
De ces femmes il en est une,
Qui chez nous descend quelquefois,
Blanche comme le clair de lune
Sur les glaciers dans les cieux froids ;
Conviant la vue enivrée
De sa boréale fraîcheur
A des régals de chair nacrée,
A des débauches de blancheur !
Son sein, neige moulée en globe,
Contre les camélias blancs
Et le blanc satin de sa robe
Soutient des combats insolents.
Dans ces grandes batailles blanches,
Satins et fleurs ont le dessous,
Et, sans demander leurs revanches,
Jaunissent comme des jaloux.
Sur les blancheurs de son épaule,
Paros au grain éblouissant,
Comme dans une nuit du pôle,
Un givre invisible descend.
De quel mica de neige vierge,
De quelle moelle de roseau,
De quelle hostie et de quel cierge
A-t-on fait le blanc de sa peau ?
A-t-on pris la goutte lactée
Tachant l'azur du ciel d'hiver,
Le lis à la pulpe argentée,
La blanche écume de la mer ;
Le marbre blanc, chair froide et pâle,
Où vivent les divinités ;
L'argent mat, la laiteuse opale
Qu'irisent de vagues clartés ;
L'ivoire, où ses mains ont des ailes,
Et, comme des papillons blancs,
Sur la pointe des notes frêles
Suspendent leurs baisers tremblants ;
L'hermine vierge de souillure,
Qui pour abriter leurs frissons,
Ouate de sa blanche fourrure
Les épaules et les blasons ;
Le vif-argent aux fleurs fantasques
Dont les vitraux sont ramagés ;
Les blanches dentelles des vasques,
Pleurs de l'ondine en l'air figés ;
L'aubépine de mai qui plie
Sous les blancs frimas de ses fleurs ;
L'albâtre où la mélancolie
Aime à retrouver ses pâleurs ;
Le duvet blanc de la colombe,
Neigeant sur les toits du manoir,
Et la stalactite qui tombe,
Larme blanche de l'antre noir ?
Des Groenlands et des Norvèges
Vient-elle avec Séraphita ?
Est-ce la Madone des neiges,
Un sphinx blanc que l'hiver sculpta,
Sphinx enterré par l'avalanche,
Gardien des glaciers étoilés,
Et qui, sous sa poitrine blanche,
Cache de blancs secrets gelés ?
Sous la glace où calme il repose,
Oh ! qui pourra fondre ce cœur !
Oh ! qui pourra mettre un ton rose
Dans cette implacable blancheur !
Théophile Gautier
C'est très beau,j'adore les poèmes, Il ajoute a ce tableau une note faramineuse, le blanc en peinture, quel éclat
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