vendredi 7 août 2015

MUSÉE du "carédar"... [ENSOR-L'entrée du Christ à Bruxelles_1888]

James Ensor
"L'entrée du Christ à Bruxelles"_1888
Huile sur toile. (258 cm X 430 cm)
Musée Getty, Los Angeles.
"carédar-151"
Difficile d'y voir clair dans cet amas de corps si serrés qu'ils volent tout l'air de Bruxelles. Plus de ciel, ni d'horizon. À la place des nuages, flottent sur la ville banderoles et drapeaux, dont les ondulations et les courbes donnent bien l'illusion du mouvement. Les tons vifs - jaune, vert et rouge - sont là pour figurer le son, l'éclat des cuivres et la grosse caisse, le brouhaha et les flonflons. Sur cette toile gigantesque "L'entrée du Christ à Bruxelles", l'œil se perd. On dirait une page d'un livre de 'Où est Charlie ?'. Seulement, ce n'est plus le petit personnage à lunettes, bonnet et pull rayé qu'il faut retrouver, mais le Christ en personne... Dans cette ambiance inattendue de carnaval, on ne repère pas tout de suite le saint personnage. Que fait-il dans la capitale belge, au milieu des clowns et des confettis ? Ce n'est que grâce à sa large auréole qu'on finit par l'identifier. Comme dans la Bible lorsqu'il entre à Jérusalem, il chevauche un âne et bénit la foule. Mais dans ce jeu de faux-semblants et de travestissements, quelqu'un se cache encore derrière les traits de Jésus-Christ… "Ecce homo" ! On l'a retrouvé : c'est James Ensor lui-même ! [D'après la critique de l'exposition 'James Ensor' au musée d'Orsay]

James Ensor
"Autoportrait au chapeau"
James ENSOR (1860 - 1949) est un artiste-peintre anarchiste belge. Il adhère aux mouvements d'avant-garde du début du XXe siècle, et laisse une œuvre expressionniste originale. En 1883, il est un des membres fondateurs du groupe bruxellois d'avant-garde "Les Vingt"Si sa peinture est, à ses débuts, fortement empreinte de l’héritage naturaliste et symboliste, elle restera marquée plus encore par la tradition du masque, du grotesque, du carnaval d’Ostende, sa ville natale. James Ensor est un peintre inclassable, un dissident, un observateur caustique de son temps.

Il développera un style singulier, immédiatement reconnaissable, où se côtoient l’étrange et la critique sociale : il dramatise à l’extrême la couleur et la lumière, ses figures sont grimaçantes, ses tableaux grinçants, l’ironie et la dérision y sont sensibles. Il est sans doute la figure la plus originale de la peinture belge de la fin du XIXe siècle.


1 commentaire:

  1. Quel incroyable tableau ! Inclassable certes, mais eveillant toutes sortes de réminiscences symboliques...

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