mercredi 23 décembre 2015

Une belle HISTOIRE DE NOËL... (envoi anonyme)

Les vacances de Noël sont arrivées. À la sortie de l’école, la fillette court vers sa maison en serrant dans ses bras un gros cahier à couverture noire, une sorte de registre. C’est la récompense de la maîtresse pour son bon travail. Elle a huit à neuf ans, nous sommes dans l’année de l’après-guerre.
La voici devant l’atelier du menuisier ; elle s’y arrête souvent, humant l’odeur du bois travaillé. Son père aussi a un établi dans la cave. Il est adroit. L’été dernier, elle l’a vu fabriquer des sandales : la semelle taillée dans des vieux pneus et les lanières dans des ceintures ou des bandoulières de sacs en cuir. Voici sa maison. Justement, la porte de la cave est entr’ouverte et laisse passer un rai de lumière.
- Papa, papa, regarde mon gros cahier, c’est un cadeau de la maîtresse.
- Bravo, petite, je suis fier de toi ; maman aussi sera contente.
Des copeaux s’amoncelaient sur le sol de la cave, un sol brut de terre et de pierre où la famille avait dormi lors de l’attaque du col de Santu Stè. Un souvenir d’aventure et d’angoisse
- Qu’est-ce que tu fais là, papa ?
- Eh bien… je pense que tu es au courant pour Papa Noël… tu es grande à présent, n’est-ce pas ?
- Ou…i, papa ; on en parlait aujourd’hui à la récréation. Marie disait qu’elle avait demandé une dînette et Janine affirmait que le père Noël n’existait pas. Moi,… je n’étais pas sûre…
- Vois-tu, on ne trouve pas grand-chose dans les magasins. Aussi, je fabrique pour tes frères des jouets en bois : des automates, animaux ou personnages articulés.
- Comme Pinocchio ?
- Si tu veux. Ce sera une surprise pour tes frères. Papa Noël les trouvera tout prêts.
Sur l’établi s’éparpillaient des membres, des têtes, attendant d’être assemblés avec du fil élastique.
- Tu ne diras rien, n’est-ce pas ? Va voir maman maintenant, et il fit à sa fille un clin d’œil complice.
La fillette aimait beaucoup son père. Il ne la grondait jamais et, même avec les garçons, il avait du mal à garder son sérieux quand il devait sévir.
La mère était encore au lavoir en compagnie de sa voisine qui était aussi son amie. En cette belle journée d’hiver, elles faisaient une lessive (la fée MACHINE n’était pas encore arrivée). La lessiveuse était pleine. À la surface du linge était répandue une couche de fine cendre de bois. Il fallait arroser souvent la cendre avec de l’eau chaude. L’eau s’infiltrait, blanchissait le linge et ressortait dans une cuvette par un petit robinet. Cette opération simple et magique enchantait l’enfant.
Le temps passe vite quand on est en vacances. Surtout si un peu de neige poudre les toits, s’invite au jardin et que l’on peut s’amuser à faire un bonhomme de neige, à le bombarder et à se battre à coups de boules qui vous gèlent les doigts et rougissent les joues. Et voici qu’arrive le matin tant attendu : Autour du poêle Mirus, dans les galoches, des bonbons, des oranges et des petits animaux colorés qui remuent la queue, pendant que des bonshommes musclés se lancent des coups de poings sous les doigts agiles des garçons qui les manipulent.
- Alors les enfants, vous êtes contents ?
- Oui, Oui, c’est amusant !
- Et toi, ma grande ?
Déjà plongée dans la lecture d’ « Alice au pays des merveilles », la fillette regarde son père et, clignant de l’œil, répond : "Merci, Papa Noël".
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6 commentaires:

  1. Une histoire émouvante où transparaît tout l'amour qui devait régner sur cette belle famille...
    Un grand merci à l'auteur anonyme qui nous a offert ce beau conte de Noël !

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  2. J'aime cette histoire tellement réelle,comme si.. j'en connaissait les auteurs et c'était beau, je situe bien la scène et je reconnait les visages et leurs bontés.Ce papa pouvait être fier de sa fille.

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  3. C'était l'époque des familles nombreuses et les femmes usaient beaucoup de leur temps et de leurs forces au lavoir .Qui se souvient encore des longues journées de lessive , des brosses et battoirs, du bleu que l'on appelait "turchinettu" pour blanchir le linge ? Vive le lave-linge!

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  4. Très joli texte, à la fois nostalgique et gai . Bravo et merci. MAV

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  5. Très belle histoire de Noêl qui me rappelle bien des souvenirs. Merci

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  6. Ce souvenir d'enfance a du charme.

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