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jours après le début de l’offensive, les Allemands ont progressé
de 4 km en direction de Verdun et arrivent en vue du fort de
Douaumont ; ce fort gigantesque fait partie de la ceinture
fortifiée de Verdun mise en place après la défaite de 1870. Établi
sur le point culminant des côtes de Meuse, il domine tout le champ
de bataille. Sa maçonnerie initiale a été renforcée d’une
carapace de béton sur une épaisseur de 2,5 mètres, avec une couche
de sable destinée à amortir les impacts directs d’artillerie
lourde. Il donne accès à des galeries souterraines totalement hors
d’atteinte des pièces d’artillerie les plus puissantes.
Cependant, c’est un tigre de papier : par un décret d’août
1915 tous les ouvrages fortifiés de l’Est ont été déclassés,
leurs pièces lourdes ont été récupérées pour préparer
l’offensive de la Somme que Joffre espère capable de créer une
rupture de front. Dans le fort désarmé, les personnels aguerris,
fantassins et artilleurs, ont été remplacés par une simple équipe
de « gardiennage » constituée de territoriaux. De fait,
alors que le combat fait rage sur toute la ligne de front, les
Allemands remarquent vite que le fort est silencieux et qu’aucune
de ses pièces d’artillerie ne les prend à partie. Une escouade de
reconnaissance parvient à franchir le fossé et devant l’absence
de réaction, pénètre dans le fort où les quelques territoriaux
qui l’occupent sont capturés sans résistance.
Cette
divine surprise est immédiatement exploitée par la propagande
allemande, tous les journaux proclament cette prise en laissant
entendre que la percée à Verdun est imminente. La suite de la
bataille démentira cet optimisme. Il n’en reste pas moins que les
installations du fort, au cœur de la 1° ligne des combats vont
fournir aux Allemands un avantage logistique incommensurable, leur
permettant d’abriter hommes et matériels et d’établir des
batteries d’artillerie d’autant plus dévastatrices qu’ils
dominent tout le champ de bataille. Une sanglante offensive pour
reprendre le fort échouera en mai en faisant des centaines de morts
et il faudra attendre octobre pour reprendre enfin le fort avec de
lourdes pertes. Au total, Pétain estimait que l’abandon du fort
avait causé la perte de 100 000 combattants français, tués ou
blessés.
Un GRAND BRAVO à nos dirigeants, toujours aussi fins tacticiens et stratèges hors pair:100.000 chairs à canon !
RépondreSupprimerQuelques dizaines d'années après on renouvellera "ces choix" -mais dans ce cas les militaires sont impliqués en premier- en s'installant dans la cuvette (!!!) de Dien Bien Phu...
Je viens de relire les mémoires de Joffre...Bon il n'aimait pas Pétain ,trop timoré ,trop défensif ,et surtout Joffre est obnubilé par son attaque sur la Somme prévu début 1916. En décembre 15 réunion à Chantilly avec tout les chefs alliés. Les anglais ( et French qui va être remplacé par Haig ) les états majors italiens,belges,russes et serbes.....oui mais voilà les allemands attaquent le 22 février Verdun...une simple diversion pour Joffre qui affirme être au courant de l'attaque des le 10 février et d'avoir en main l'ordre du jour du Kaiser aux troupe ( par des déserteurs allemands )...l'attaque déclenchée il reproche à Pétain son peu de réactivité et de ne penser qu'à défendre au lieu d'attaquer ,de demander sans cesse des renforts et de gêner sa grand attaque sur la Somme qui doit enfoncer le front allemand .De plus l'armée de Pétain ( la II ème je crois ) devait être en arrière des armées française et alliées sur la Somme. Joffre passera son temps à envoyer De Castelnau de retour de Salonique à inspecter Pétain jusqu'à le remplacer avec une belle promotion du commandement d'un groupe d'armée .
RépondreSupprimerTout ça c'est du Joffre dans le texte qui semble considérer la bataille de Verdun comme un épiphénomène ...à 400000 morts quand même ...bc
Ps : Joffre ..Verbatim...." Par contre les très grandes qualités de ce grand chef ( Pétain ndbc) étaient contrebalancées par un état d'esprit qui lui faisait donner aux événements de Verdun une importance exagérée . Je persistais au contraire à envisager un retournement de la situation en réservant pour l'action de la Somme la plus grande masse possible de nos possibilités .ceci explique que dés le début avril je cherchai le moyen d'éloigner le général Pétain de Verdun /.../..Précisément le poste de commandant du groupes d'armées du centre était vacant suite au départ de De Langle.....Il y avait là une occasion de souligner le mérite du général Pétain et en même temps de réaliser cet éloignement qui me paraissait nécessaire ."...un peu faux cul non ?...
Même aujourd'hui il est difficile d'équilibrer les jugements portés sur Joffre. Ses conceptions stratégiques étaient limitées et dominées par un concept d'offensive à outrance que les progrès de l'artillerie et des armes automatiques (mitrailleuses) rendaient suicidaire. Les généraux plus "modernes" comme Estienne, le père des chars qui allaient redonner un avantage offensif aux alliés en 1918, ou Lanrezac (qui disait à propos du dogme "tout offensif" : "attaquons ...comme la lune") s'opposèrent à lui et ne furent pas écoutés ou démis de leurs fonctions. Il est certainement responsable de l'hécatombe des deux premières années de la guerre mais il a fait montre d'un sang-froid inébranlable quand les revers s'accumulaient, ce qui, à la lumière de l'effondrement de juin 40 dû à l'impéritie du haut commandement, lui redonne sa part dans la victoire finale.
SupprimerTu as raison Yves..dans ses mémoires on sent sa volonté de l'offensive à outrance...Quand il lui arrive de parler défense il ajoute ...défense agressive à privilégier à une défense passive...même en défense il est d'attaque ! bc..
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