mercredi 10 février 2016

HISTOIRE de "Furlina"... (fin)

 

Les jours qui suivirent furent pour moi riches en expériences. En dépit de son âge, Ratus l'ancien avait encore un peu de flair. Notre voyage vers son lieu de naissance fut long et périlleux. Le soleil s'est levé plusieurs fois avant que nous n'arrivions près du chenil. Il fallait partir de bon matin et trotter dans les fossés pour éviter les voitures. Les chiens qui patrouillaient sur la route ne nous aimaient pas. Ils montraient les dents et j'avais peur.
Il y avait aussi le milan qui tournait au-dessus de nous et dont Ratus se méfiait car il avait emporté deux de ses ratons. Un soir, nous avons traversé le village et j'ai pu goûter une excellente pizza oubliée dans une poubelle près de l'église. Une autre fois nous avons fait de l'acrobatie le long d'un fil électrique pour pénétrer dans un grenier, nous régaler de figues sèches et passer une nuit paisible. L'aventure m'excitait mais, au coucher du soleil, mon coeur se serrait car nulle part je n'avais senti l'odeur des miens.
À chaque nouveau départ, Ratus me répétait : " Souviens-toi, petite, tu dois marcher avec ton ombre devant toi."
En suivant un troupeau de chèvres, nous nous approchâmes d'un torrent dont mon ami reconnut la chanson. Nous n'étions pas loin. Une laie et ses petits qui fouillaient le sol à la recherche de tendres racines nous accompagnèrent un moment : "Faites attention, disait Porcia, la tribu des "Tubacci" installée près du chenil n'est guère accueillante. Elle défend son territoire et repousse les étrangers."
Aboiements des chiens. Nous arrivions enfin,affamés, inquiets, traînant la patte. Au détour d'un massif de cistes, deux petits yeux rieurs nous fixaient : "Je suis Mitsy, venez, j'ai trouvé des fraises. "Je suivis la souricette tandis que Ratus qui avait flairé de la viande, se dirigeait vers le chenil. Je me régalais de fraises sous les fougères quand Mitsy s'écria : " Attention! les chats !".  Je cherchai Ratus du regard. Le nez dans une écuelle, il s'était endormi : "Ratus, Ratus, filons, il y a des chats près de la cabane." Ratus n'entendait pas. Je le tirai par la queue, il s'effondra, il ne bougeait plus, il était mort...

À coups de griffes et de dents mon pauvre compagnon fut vite dépecé et avalé par les miauleurs.
Je passai la journée prostrée, soutenue et protégée par Mitsy et sa famille.
Comment j'ai retrouvé les miens serait trop long à raconter. C'est fini, je ne vous ennuierai pas davantage avec mon odyssée. Mais, je suis jeune, il est vrai, d'autres aventures m'attendent. J'ai encore tant de choses à découvrir avant de "vivre entre mes parents le reste de mon âge."

4 commentaires:

  1. Merci pour les illustrations toujours bien choisies.

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  2. Le pauvre Ratus n'aura pas profité du retour au pays natal...

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  3. as tu retrouvé cette source jaillit d'un rocher, cette cascade prés de ton terrier ?

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  4. Oui,bien sûr,avec grand plaisir.Le retour au pays natal est source de bonheur. Mais la jeunesse a besoin d'aller voir ailleurs et de se confronter aux turbulences de la vie.

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