dimanche 21 février 2016

Il y a cent ans, Verdun, le premier jour. Envoi de Cordo.

 

21 février 1916 au bois des Caures, Driant et ses chasseurs font face à la déferlante allemande.

La position du bois des Caures, à 10 km au nord de Verdun, est en pointe face à l’offensive allemande qui se prépare. Le lieutenant-colonel Driant l’occupe avec deux bataillons de chasseurs. Émile Driant est célèbre en France. Officier venu en politique (il est député de Nancy) après une carrière militaire interrompue après l’affaire des fiches, il avait également écrit des ouvrages d’anticipation sur le thème des guerres futures. À la déclaration de guerre, il a 59 ans mais demande sa réintégration avec un commandement en première ligne. En 1915 il alerte à plusieurs reprises le commandement puis les politiques, sur la faiblesse de la position de Verdun, dont la plupart des forts ont été quasi-désarmés, notamment pour affecter leurs canons lourds à la préparation de l’offensive de la Somme. Ses demandes de renforcement du secteur sont restées vaines mais il prépare énergiquement la défense de sa position faisant établir par ses chasseurs tranchées et redoutes.

Au matin du 21 février, les Allemands déclenchent l’attaque par une préparation d’artillerie gigantesque, qui va durer 10 heures et déchiqueter les arbres et les hommes sur toute la 1° ligne française. À 16 heures, les tirs d’artillerie s’allongent et les fantassins de deux divisions allemandes s’avancent pour occuper le terrain. Driant et une poignée de chasseurs survivants émergent alors des abris, et leur feu nourri bloquent les premières vagues allemandes, stupéfaites de rencontrer une résistance là où on leur avait assuré qu’il ne resterait plus que de la terre labourée par les obus.

Au soir les chasseurs survivants ne sont plus qu’un quart de l’effectif initial (300 à 400 sur un effectif de 1300 avant l’attaque), mais ils s’accrochent au terrain et reprennent même une position avancée. Le matin du 22 voit cependant revenir les vagues d’assaut allemandes (deux divisions allemandes étaient en pointe sur ce secteur) contre lesquels les chasseurs épuisent leurs dernières munitions dans des combats acharnés. Driant organise alors le repli de ses soldats vers Beaumont, et quitte la position avec les derniers lorsqu’il est mortellement atteint.

Le sacrifice de Driant et de ses chasseurs a permis d’acheminer en toute hâte des renforts devant Verdun et d’empêcher une percée décisive des Allemands. Il a surtout eu un énorme retentissement dans la France entière et galvanisé l’esprit de résistance qui allait permettre la victoire de Verdun mais à quel prix effroyable : 160 000 morts chez les Français, 140 000 du côté allemand et des dizaines de milliers d’invalides.

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