C’est
en écoutant Julien Clerc chanter "N’écris pas", que
j’ai eu envie de relire les poèmes de "Marceline
DESBORDES-VALMORE (1786-1859)". Elle était surnommée "Notre
dame des pleurs" car sa vie est placée sous le signe du
malheur. Adolescente, elle perd sa mère, plus tard elle est
abandonnée par l’homme qu’elle aime. Puis, épouse du comédien
VALMORE, elle connaît une existence précaire, sa vie est marquée
par de nombreux deuils : elle perd quatre de ses cinq enfants. Autodidacte,
elle abandonne sa carrière de comédienne et cantatrice pour
l’écriture poétique. Elle est le poète de l’amour, de la
maternité, de l’amitié, de la tendresse et de la foi.
Dans
son œuvre poétique, elle a introduit le vers à onze pieds et a
ouvert la voix à VERLAINE et aux symbolistes.
De
la musique avant toute chose,
Et
pour cela préfère l’impair,
Plus
vague et plus soluble dans l’air,
Sans
rien en lui qui pèse ou qui pose.
[Verlaine : Art poétique]
Tous
ses grands contemporains l’ont admirée : Balzac, V. Hugo,
Baudelaire, Sainte-Beuve qui disait : "Elle a chanté
comme l’oiseau chante, comme la tourterelle gémit, sans autre
science que l’émotion du cœur, sans autre moyen que la note
naturelle."
Les roses de Saâdi
J'ai voulu ce matin te rapporter des
roses ;
Mais j'en avais tant pris dans
mes ceintures closes
Que les nœuds trop serrés n'ont pu
les contenir.
Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées.
Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;
La vague en a paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée...
Respires-en sur moi l'odorant souvenir.
Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées.
Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;
La vague en a paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée...
Respires-en sur moi l'odorant souvenir.
[Marceline Desbordes-Valmore]
Le
coucher
Couchez-vous,
petit Paul ! il pleut. C'est nuit, c'est l'heure.
Les loups sont au rempart, le chien vient d'aboyer.
La cloche a dit : « Dormez ! » et l'ange gardien pleure
Quand les enfants si tard font du bruit au foyer.
« Je ne veux pas toujours aller dormir, et j'aime
À faire étinceler mon sabre au feu du soir.
Et je tuerai les loups ! je les tuerai moi-même ! »
Et le petit méchant, tout nu ! vint se rasseoir.
La lune qui s'enfuit, toute pâle et fâchée,
Dit : « Quel est cet enfant qui ne dort pas encor ? »
Sous son lit de nuage elle est déjà couchée ;
Au fond d'un cercle noir la voilà qui s'endort.
Et Paul, qui regardait encor sa belle épée,
Se coucha doucement en pliant ses habits ;
Et sa mère bientôt ne fut plus occupée
Qu'à baiser ses yeux clos par un ange assoupis !
Les loups sont au rempart, le chien vient d'aboyer.
La cloche a dit : « Dormez ! » et l'ange gardien pleure
Quand les enfants si tard font du bruit au foyer.
« Je ne veux pas toujours aller dormir, et j'aime
À faire étinceler mon sabre au feu du soir.
Et je tuerai les loups ! je les tuerai moi-même ! »
Et le petit méchant, tout nu ! vint se rasseoir.
La lune qui s'enfuit, toute pâle et fâchée,
Dit : « Quel est cet enfant qui ne dort pas encor ? »
Sous son lit de nuage elle est déjà couchée ;
Au fond d'un cercle noir la voilà qui s'endort.
Et Paul, qui regardait encor sa belle épée,
Se coucha doucement en pliant ses habits ;
Et sa mère bientôt ne fut plus occupée
Qu'à baiser ses yeux clos par un ange assoupis !
[Marceline Desbordes-Valmore]
C’est l’Art (et en particulier la poésie qui nous aide à ne pas désespérer de la sagesse humaine) qui sauvera le monde de sa folie meurtrière. Merci à Battine de nous le rappeler à travers ce « coin des poètes. jb
RépondreSupprimerMerci D.D pour cette belle présentation.
RépondreSupprimerMais....y a-t-il encore beaucoup d'amateurs de poésie, jb ??? Battine.
C'est beau J'adore la poésie, je ne connaissait cette dame au grand coeur, je vais voir si je trouve ces poèmes. Merci Battine
RépondreSupprimerPas de souci ! La poésie est indispensable à la Vie.....
RépondreSupprimerMerci chère Battine , j ' ai un faible ( comme mon Père ) pour " Les Roses de Saadi "ad
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