Elles
approchent toutes les trois, entendent déjà le murmure du torrent.
Après la chaleur du maquis, la fraîcheur du sous-bois de hêtres
les accueille. Bientôt la marche devient moins facile, car des
cailloux de plus en plus gros sont apparus. Le bruit du torrent
devient rumeur, puis fracas. Leur marche est maintenant malaisée, à
travers le chaos des rochers. Enfin la cascade et le pozzu sont
visibles. Le bruit assourdissant est toujours là, couvrant les cris
d’une demi-douzaine de gamins qui glissent sur un grand rocher
oblong et disparaissent un moment dans une grande gerbe d’écume.
Toujours les mêmes jeux, les mêmes cris de joie effrayés depuis
des générations…
L’arrivée
de Luisetta est l’occasion d’une pause. Les enfants viennent
l’entourer ; ils ne l’ont pas vue depuis un an… Mais
bientôt il faut reprendre les jeux ! La nuée s’envole à
nouveau vers l’eau avec des cris redoublés.
Avec
des gestes gracieux, Luisetta se dévêt et apparaît en maillot.
C’est son premier maillot deux pièces, dont elle est très fière.
Maria
est statufiée : Sur le ventre de Luisetta, juste au-dessus de
l’élastique du maillot, trois grains de beauté en triangle. Deux
petits et un plus gros. Une marque qu’elle connaît, qu’elle
reconnaît, à la même place… Sa mémoire remonte le temps à
toute vitesse. Est-ce possible ? Elle revoit le petit corps brun
et musclé de son premier enfant, avec ces mêmes trois grains,
s’ébattant dans le bruit du torrent. Mais est-ce possible, une
pareille coïncidence ? Une chaleur l’envahit, le bruit du torrent
l’étourdit. Puis tout s’éclaire brusquement. La brutale et
durable disparition d’Aimée, à cette période maudite. Maria lui
en avait voulu de ce départ à cette époque, sans savoir pourquoi…
Elle ne savait pas qu’elle emportait un peu de son fils en elle.
Surprise ...happy end...Merci pour cette belle histoire.
RépondreSupprimerLes descriptions de cette histoire ont été inspirées par le beau village de RUTALI. @'
SupprimerIl me semblait bien reconnaître le site de baignade du "moulin" au Bévincu,où nous allions enfants.
RépondreSupprimer