mercredi 4 mai 2016

Histoire du jour... (suite)

Questions (suite)
Est-ce toi, Célestine, silhouette solitaire aperçue sur le pont de ce bateau qui vogue vers l’Île ? Disparu le port, disparue la Bonne-Mère qui le garde, disparu le château d’If, seules les vagues répétées à l’infini. L’automne est là ; une tramontane légère rafraîchit l’atmosphère et fait onduler tes boucles argentées. Je vois ton regard, toujours sérieux, un peu rêveur.
À soixante ans passés, me dis-tu, c’était ton premier voyage hors de l’île. Le défilé des paysages à travers la vitre d’un train, la découverte de la grande ville, sa beauté, son tumulte, la foule pressée qui court je ne sais où. Une aventure raisonnable.
- Tu sais, je me suis promenée sur les berges d’une grande rivière où passent de longues péniches. Tantôt lourdes et lentes, tantôt hautes et légères. C’était très impressionnant. La naissance d’un petit enfant a permis cette escapade inespérée car, élever une nombreuse famille ne laisse guère de loisirs. Et toi, tu voyages souvent ?
- Assez, mon fils navigue pour cette compagnie et j’ai des facilités. Il avait une maison près de chez nous, mais sa femme ne s’y plaisait pas . Alors, il l’a vendue et vit à présent sur la côte provençale. Je traverse pour voir mes petits-enfants.
- Tu as aussi une fille ?
- Oui, elle travaille en ville et habite dans un hameau du Cap. Son mari élève des porcs et fait une excellente charcuterie.
- Ah ! J’en parlerai à la maisonnée.
À l’ouest, le crépuscule étire de longues bandes rouges et bleues. Peu à peu le navire s’enfonce dans la nuit. (à suivre.)

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