dimanche 19 juin 2016

Autour du livre... (envoi de Battine)

Le personnage principal du roman est Constance, une jeune bourgeoise de 34 ans qui se fait enlever à deux pas de chez elle dans le quartier du Trocadéro par trois "plombiers" qui l’intimident à l’aide d’une perceuse. Elle est ensuite séquestrée dans une ferme isolée de la Creuse, puis cachée dans une éolienne. Elle vit sa détention comme une cure de repos nouant avec ses geôliers une sorte d’affection (syndrome de Stockholm). Nous suivrons son parcours délirant jusqu’à Pyongyang, Corée du Nord où elle jouera un peu l’espionne pour déstabiliser le régime de Kim Jong et la suivrons dans sa fuite périlleuse à travers la DMZ (demilitarized zone), tapissée de millions de mines et sanctuaire où se reproduisent en paix l’ours noir, la panthère de Chine ou le léopard de l’Amour. D’autres personnages loufoques gravitent autour de Constance : Un général sur la touche, des petites frappes sans cervelle, un avocat véreux, un compositeur retraité, tous dignes de figurer dans une bande dessinée.
Cette épopée rocambolesque est-elle un roman d’espionnage ? En tout cas, c’est une lecture jubilatoire de par le style de l’auteur , fourmillant de détails, faisant du lecteur son complice.

Je me suis régalée à la lecture de ce roman. Battine.

Extraits
:


"On sait d’ailleurs trop peu qu’au cimetière de Passy, loin du siècle et des projecteurs, les pensionnaires donnent régulièrement un spectacle de fin d’année soutenu par une distribution remarquable : Fernandel, François Périer, Jean Servais, avec Réjane et Pearl White dans les rôles féminins. La qualité de l’œuvre est garantie par les talents d’autres défunts : scénario de Tristan Bernard et Henry Bernstein sur une idée d’Octave Mirbeau, dialogues de Jean Giraudoux, décors de Robert Maillet-Stevens, costumes de Jean Patou, musique de Claude Debussy. Le rideau de scène est d’Édouard Manet, la mise en scène de Jean-Louis Barrault. Le livret de cet ouvrage est disponible chez Arthème Fayard. On l’ignore en général.

"Le soir, avant le banquet, le leader suprême en personne est apparu au son de la chanson Du même pas, écrite en son honneur par le compositeur Ri Jong-o, et provoquant instantanément une profonde courbette unanime. Massif et bedonnant, grosse tête poupine ovale homothétique à un gros buste ovale – œuf de cane sur œuf d'autruche sans aucun cou pour faire le joint -, il avançait d'un pas buté, emprunté, compensant sa petite taille par d'épaisses talonnettes sur lesquelles il marchait en balançant les bras loin du corps [...]
Il a longuement salué Constance à l'aide de son sourire n°1 [...] Après quoi, revenant vers elle et lui adressant quelques mots ponctués du n°1 élargi, comme s'il la draguait l'air de rien, son épouse a jeté à la jeune femme un bref coup d'œil où se déchiffraient divers destins possibles, du camp de travail à régime sévère au déchiquetage à la mitrailleuse lourde."

1 commentaire:

  1. En ces temps moroses, il est bon de trouver des lectures faciles et amusantes.

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