vendredi 3 juin 2016

MUSÉE du "carédar"...

LES COSAQUES ZAPOROGUES...

Ilya Repine
"Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au Sultan Mahmoud IV de Turquie"_1880-1891.
Huile sur toile (203 cm X 358 cm)
Musée Russe, Saint-Pétersbourg.
"carédar-194"
"Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au Sultan de Turquie" est un tableau historique. La scène telle que représentée par Répine se déroule en l'année 1676. Les Cosaques zaporogues (zaporogue vient de l'ukrainien za porohamy et signifie 'derrière les rapides'), vivant sur les bords du Dniepr inférieur, ont vaincu l'armée turque au cours d'une bataille. Le sultan de Turquie exige cependant d'eux qu'ils se soumettent. À cette requête, les Cosaques répondirent d'une manière peu habituelle si l'on considère leurs mœurs d'alors : sous l'œil amusé et malicieux de leur chef Ivan Sirko, ils écrivent. Et le sultan turc de recevoir une missive qui regorge d'insultes. Le peintre sait rendre le plaisir intense que les Cosaques éprouvent à imaginer de nouvelles grossièretés. Au temps de Répine, ce peuple avide de liberté et aguerri jouit d'une immense sympathie. Répine lui aussi les considère avec admiration, il note, dans une lettre adressé au critique V.V.Stasov : "Tout ce que Gogol a écrit sur eux est vrai ! Un sacré peuple ! Personne dans le monde entier n'a ressenti aussi profondément la liberté, l'égalité et la fraternité."


Ilya REPINE (1844 - 1930), est l'un des principaux peintres et sculpteurs russes du mouvement artistique Ambulants. Une part importante de sa création est consacrée à son Ukraine natale. Ses œuvres réalistes expriment souvent une critique cinglante de l'ordre social. Il était déjà un peintre reconnu en Russie depuis un dizaine d'années lorsqu'il commença cette  grande toile en 1880. Il termina en 1891 et en fit deux versions. La plus connue est celle ci-dessus.  Beaucoup verront dans cette description de cosaques hilares malgré leurs souffrances (certains sont visiblement blessés) tout l'esprit d'indépendance, l'intrépidité et la bravoure du peuple russe. Ukrainien d'origine, Ilya fit appel aux conseils éclairés d'un historien ukrainien Dmitro Yavoritsky. Il désirait,  écrivit-il "célébrer l'esprit d'indépendance et la fraternité des communautés cosaques."  L'artiste n'hésite pas à rester proche de ce qu'était la réalité : un clerc qui rédige en riant tout ce que lui dicte ces cosaques totalement analphabètes mais très imaginatifs. Dans chaque version sont mis en valeur certes le côté guerrier (l'abondance des armes, des lances et des drapeaux) mais également le sens des plaisirs de la vie des cosaques : des cartes à jouer, des instruments de musique, de quoi se "désaltérer" : bouteille, gourdes à la ceinture et surtout le fameux tonneau présent dans cette version.

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