Il
avançait le long du chemin de halage. Silhouette encore jeune,
imberbe, les cheveux noués sur la nuque, il portait un lourd sac à
dos. Il marchait d’un pas régulier sur le sentier bordé de joncs
et d’iris.
Quelques phrases sorties d’un ouvrage lu récemment, mais lequel ? tournaient dans sa tête : "Si j’étais Dieu, je me serais atomisé en des milliards de facettes pour me tenir dans le cristal de glace, l’aiguille du cèdre, la sueur des femmes …et les yeux du lynx. Plus exaltant que de flotter dans les espaces infinis en regardant de loin la planète bleue s’autodétruire." Ce soir, il appellerait sa femme , elle saurait, elle ! Mais…Non… Lisa l’avait quitté. "J’ai besoin de faire un break." lui avait- elle annoncé.
Quelques phrases sorties d’un ouvrage lu récemment, mais lequel ? tournaient dans sa tête : "Si j’étais Dieu, je me serais atomisé en des milliards de facettes pour me tenir dans le cristal de glace, l’aiguille du cèdre, la sueur des femmes …et les yeux du lynx. Plus exaltant que de flotter dans les espaces infinis en regardant de loin la planète bleue s’autodétruire." Ce soir, il appellerait sa femme , elle saurait, elle ! Mais…Non… Lisa l’avait quitté. "J’ai besoin de faire un break." lui avait- elle annoncé.
Faire
un break ! C’était sûrement une plaisanterie… Lisa aimait tant
le taquiner… Elle parlait de s’éloigner un peu, de mettre leur
couple entre parenthèses… Elle avait besoin de réfléchir.
Pourquoi ? Ils étaient bien ensemble. Que se passait-il ? Avait-elle
rencontré quelqu’un ? Ah ! "il voudrait tant qu’elle se
souvienne des jours heureux où ils étaient amis" : Elle, fille de
Pieds noirs rapatriés d’Algérie, lui, jeune Pyrénéen monté
conquérir la capitale.
Las… Elle était partie à la fin de la semaine chez sa sœur, dans le Midi, laissant la chambre vide et la maison silencieuse. Son meilleur ami, le voyant désemparé, lui avait conseillé de profiter de ses vacances pour s’évader et réfléchir à son tour. Il avait opté pour le chemin de Compostelle.
Las… Elle était partie à la fin de la semaine chez sa sœur, dans le Midi, laissant la chambre vide et la maison silencieuse. Son meilleur ami, le voyant désemparé, lui avait conseillé de profiter de ses vacances pour s’évader et réfléchir à son tour. Il avait opté pour le chemin de Compostelle.
Il
avait pris le train jusqu’à Toulouse et depuis trois jours, il
marchait à l’ombre des platanes, le long des berges du canal des
Deux Mers en direction du "chemin du piémont pyrénéen".
En ce début d’été, il croisait des bateaux de plaisance ; des
promeneurs, des cyclistes, seuls ou en famille le doublaient. Passé
le Seuil de Naurouze il était à présent sur le versant
méditerranéen et se rapprochait de ses montagnes natales. Bien
qu’habitué à la marche, la fatigue se faisait sentir. Le soir, il
faisait halte au bord de l’eau, près d’une écluse. Il observait
les ragondins qui émergeaient sous les racines, filaient le long de
la rive et grimpaient sur les talus pour se nourrir. Des canards
venaient vers lui dans l’espoir d’une pitance. Ah ! Si Lisa avait
été à ses côtés ! Mais non, elle n’aimait pas la marche.
Chaque année, ils passaient leurs vacances chez lui, dans son
village natal où vivaient encore ses parents. Lisa s’y plaisait
mais ne l’accompagnait jamais dans les randonnées qu’il faisait
avec ses amis. Parfois, elle émettait le désir de changer un peu,
de faire un voyage… Mais lui était bien dans son pays où il se
ressourçait.
Ils
n’avaient pas d’enfants. Une grave maladie, une opération
avaient stoppé leur désir de fonder une famille. L’adoption, ils
avaient essayé, puis renoncé, trop long, trop de complications.
Lisa en souffrait toujours.
Passée la capitale du cassoulet, il avait quitté la voie d’eau pour côtoyer d’immenses étendues de tournesols et plus tard des chemins de vignes. Il avait décidé de faire un détour pour dire bonjour à ses parents qu’il savait inquiets. Dès son mariage avec Lisa, sa mère avait trouvé sa belle-fille bizarre : elle n’était pas comme son fils ; elle aimait sortir : les concerts, le théâtre, le cinéma, les amis. Lui, son atelier de menuiserie lui suffisait. Il était heureux entouré de copeaux dans des odeurs d’essences exotiques. Pourtant ils s’aimaient…« Ne me quitte pas, Lisa, ne me quitte pas. Il faut oublier, oublier le temps des malentendus, oublier ces heures qui tuaient parfois, à coups de pourquoi, le cœur du bonheur. »
Cette belle chanson était sienne à présent…
Passée la capitale du cassoulet, il avait quitté la voie d’eau pour côtoyer d’immenses étendues de tournesols et plus tard des chemins de vignes. Il avait décidé de faire un détour pour dire bonjour à ses parents qu’il savait inquiets. Dès son mariage avec Lisa, sa mère avait trouvé sa belle-fille bizarre : elle n’était pas comme son fils ; elle aimait sortir : les concerts, le théâtre, le cinéma, les amis. Lui, son atelier de menuiserie lui suffisait. Il était heureux entouré de copeaux dans des odeurs d’essences exotiques. Pourtant ils s’aimaient…« Ne me quitte pas, Lisa, ne me quitte pas. Il faut oublier, oublier le temps des malentendus, oublier ces heures qui tuaient parfois, à coups de pourquoi, le cœur du bonheur. »
Cette belle chanson était sienne à présent…
Il
n’était pas loin de chez lui dans ce village du Mas d’Azil où
il venait d’arriver. Une file de visiteurs faisait la queue devant
l’entrée de la grotte. Surprenante, cette énorme cavité creusée
par la rivière Arize et traversée par la route nationale. L’année
de leur mariage, il y avait accompagné Lisa qui s’intéressait aux
vestiges préhistoriques, gravures d’animaux, objets sculptés et
surtout ces curieux galets peints qui l’intriguaient. Le guide
racontait aussi l’épopée des Cathares qui s’étaient réfugiés
ici durant la croisade contre les Albigeois.
Ce soir, il dormirait
au domicile de ses parents, parmi ses souvenirs de gamin et
d’adolescent.Une lettre de Lisa l’y attendait. Ah ! Elle pensait à lui. Il l’ouvrit avec émotion. Elle s’inquiétait de sa santé, disait qu’elle allait bien et lui apprenait que leur vie allait changer. Elle avait rencontré une femme qui lui témoignait tendresse et compréhension. Elles avaient décidé de vivre ensemble. Non, il ne la connaissait pas, c’était l’animatrice du club de yoga où elle se rendait chaque semaine. Lisa lui demandait pardon, l’assurait de son amitié. S’il le voulait, ils pourraient se voir et elle lui offrait son aide pour les tâches domestiques.
Il restait là, debout, la missive tremblante au bout des doigts, médusé. Par la fenêtre entr’ouverte il entendait siffler un merle, perché sur les boules bleues et roses des hortensias.
¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤
N’ayant plus de nouvelles de notre héros, l’histoire va s’arrêter. À moins que quelqu’un ne connaisse la suite…
N’ayant plus de nouvelles de notre héros, l’histoire va s’arrêter. À moins que quelqu’un ne connaisse la suite…
RépondreSupprimerLa Vision du grand canal royal des deux mers
par Charles Cros
Je chante, ô ma Patrie, en des vers doux et lents,
La ceinture d'azur attachée à tes flancs,
Le liquide chemin de Bordeaux à Narbonne,
Qu'abreuvent tour à tour et l'Aude et la Garonne.
Voici, blanches, aux bords s'aligner les maisons,
Heureuses, sans souci des mauvaises saisons.
Car les apports du monde et la science insigne
Ont fait revivre ici l'olivier et la vigne.
L'olivier, c'est la paix; le bonheur, c'est le vin.
Tout est joie à présent, dans ce pays divin.
Le liquide chemin, bleu, bordé d'arbres verts,
Que Riquet dut rêver et que chantent mes vers.
Comme est le bleu chemin dont l'univers s'étonne
Le grand canal royal de Bordeaux à Narbonne.
J'ai chanté, ma Patrie, en des vers doux et lents,
La ceinture d'azur attachée à tes flancs.
*
Envole-toi, chanson, va dire au Roi de France
Mon rêve lumineux, ma suprême espérance.
Un amour qui dure, est-ce une affaire de chair ou d'esprit, ou les deux ?
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