mercredi 7 septembre 2016

Le "coin" écriture...

Ah le chemin de Compostelle, souvent un rêve inaccessible...

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  1. Sur le chemin de Compostelle (suite)
    Sacs au dos et munis de nos bâtons de marche nordique, nous étions partis tôt dans l’air frais du matin : vingt-cinq kilomètres avec un fort dénivelé, il faut bien compter six à sept heures de marche pour atteindre Roncevaux. Dès la sortie de la ville, la route monte, abrupte, bordée de prairies et de maisons basques. Devant nous, de loin en loin, s’échelonnent d’autres marcheurs. Nous doublons des cyclistes qui poussent leurs vélos surchargés.
    Quelles sont les motivations réelles de tous ces Jaquets : Découverte touristique, équipée sportive, recherche ou dépassement de soi, sentiment religieux (« Celui qui croyait au ciel et celui qui n’y croyait pas ») ? Un peu de tout cela, sans doute. L’effort sportif et la découverte de nouveaux horizons sont les motifs avoués de notre groupe. Plus jeunes et mieux entrainés, Claire et Aurélien mènent la marche. Jeanne et moi, avançons péniblement.
    Nous nous connaissons depuis l’enfance. Jeanne est une femme sérieuse, intelligente, pondérée. Elle a fait de bonnes études, un bon mariage et ses enfants sont sans histoires. A présent, elle est veuve et vit très mal sa solitude. Je l’ai entrainée dans mon club de randonnées.
    Les prairies ont succédé aux jardins. Des troupeaux de moutons y broutent, paisibles. Des bancs de brume stagnent çà et là dans les vallées. Après trois heures de marche, nous projetons une halte à la Vierge d’Orisson. Des nuages apparaissent, envahissent l’horizon et nous voici plongés dans le brouillard. Le tonnerre, les éclairs nous font hâter le pas. De grosses gouttes frappent le sol et nous cinglent le dos lorsque nous arrivons, enfin, à l’auberge. D’autres pèlerins y sont déjà réfugiés dont l’inconnu solitaire de notre chambrée. « Un frais parfum montait, non pas des touffes d’asphodèles », mais de l’herbe récemment fauchée dans les prés d’alentour .
    -Jeanne, est-ce que ça sent aussi bon quand tu arroses ton jardin ? plaisanta Aurélien.
    Je vis notre inconnu lever brusquement la tête et se rapprocher de notre groupe.

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