mercredi 21 septembre 2016

L'histoire des lecteurs... (continuée)

'Jeanne'... Chaque fois que Baptiste entend ce prénom, il lui revient en mémoire un décor, une plage du Roussillon où, lycéen, il passait souvent quelques jours de vacances avec ses parents. Aux heures encore fraîches du matin, il allait se baigner. Une silhouette frêle et gracieuse longeait tranquillement le bord de l’eau. "Jeanne, ne t’éloigne pas trop", son père, sans doute, qui s’inquiétait. Son cœur d’adolescent s’emballait, il la suivait des yeux, belle et mystérieuse.
Après une enquête timide, il avait appris que les parents de Jeanne habitant la région parisienne avaient loué un appartement pour la saison estivale. Il ne lui a jamais parlé. Il lui est resté cette image et cet émoi qui revient au hasard d’un nom de rencontre : Jeanne.
Pourtant, il avait été heureux avec Lisa, sa femme. C’était une brave fille, conciliante, facile à vivre, un peu trop fantasque, peut-être ? À la réflexion, ils ne partageaient plus grand-chose. Au fond de lui, il y avait toujours ce désir, ce manque, cette quête de l’âme sœur, cette fusion du corps et de l’esprit. Utopie ?
'Jeanne'

"Elle a passé, la jeune fille,
Vive et preste comme un oiseau :
À la main une fleur qui brille,
À la bouche un refrain nouveau.

C’est peut-être la seule au monde
Dont le cœur au mien répondrait,
Qui venant dans ma nuit profonde
D’un seul regard l’éclaircirait !..."
(G. de Nerval).


4 commentaires:

  1. Belle illustration ,ce portrait de jeune fille par B.Morisot. MERCI.

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  2. Trè beau ... Et très triste.ad.

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  3. Le grand amour...Qui n'en a pas rêvé?

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  4. Vers Compostelle (suite)

    L'orage passé, nous reprimes le chemin,reposés et réconfortés. La côte était moins raide mais les sacs plus pesants et le pas moins décidé. Baptiste, c'était le nom de notre inconnu, marchait à nos côtés. Il disait qu'il connaissait bien la flore des montagnes, qu'il avait un herbier bien fourni commencé avec son maître quand il était écolier.
    Notre petit groupe et Aurélien en particulier, nouq taquinions souvent Jeanne lors de nos sorties campagnardes quand elle nous citait: "le daphné- garou, "l'ail des ours" ou "la benoite rose des montagnes".
    En effet, depuis sa retraite, Jeanne avait la passion du jardinage. Elle suivait des cours de botanique,fréquentait les bourses aux plantes et ne sortait jamais sans sa flore qu'elle consultait au termes des étapes pour identifier les noms des fleurs sauvages qu'elle avait cueillies avec soin.L'an dernier , elle avait ramené de Corse des pieds de cistes qu'elle avait plantés dans son jardin. Nous arrivions enfin à la frontière espagnole à 1300m d'altitude. le soleil rayonnait, repoussant les nuées vers les lointains sommets.
    -Il est temps de casser la croûte, dis-je.
    -Nous allons faire la halte à la fontaine de Roland qui n'est pas très loin, me rassura Aurélien en consultant son GPS de poche.
    Nous n'étions pas seuls à la fontaine.On percevait une cacophonie de langues étrangères:
    -Dourandal esta la spada di Rolando.
    - Yes. Do you know the Roland'song? And la "Belle Aude" Oliver' sister?
    -Ah, ces Sarrasins! Ce sont eux qui ont attaqué l'arrière garde de l'armée commandée par Roland
    -Pas du tout, dit Baptiste, c'étaient les Basques qui voulaient se venger du sac de Pampelune par les soldats de Charlemagne.
    La dicussion s'animait autour de souvenirs d'un récit légendaire vieux de douze siècles devant la mine interrogative d'un couple d'Asiatiques.
    Jeanne ,qui avait repèré un pied de jolies fleurs bleues, s'éloignait vers un gros rocher.
    -Ce sont des" véroniques", je crois, dit Baptiste.
    Aidée de Claire, j'installai notre pique-nique sur les bancs de pierre pendant qu'un couple de milans royaux tournoyait au-dessus de nous.
    xxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

    Ames des chevaliers, revenez-vous encore?
    Est-ce vous qui parlez avec la voix du cor?
    Roncevaux! Roncevaux! dans ta sombre vallée,
    L'ombre du grand Roland n'est donc pas consolée?

    Dieu que le son du cor est triste au fond des bois.
    A. de Vigny. (le cor).

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