mercredi 28 septembre 2016

L'histoire des lecteurs... (continuée)

Vers Compostelle (suite)
L'orage passé, nous reprîmes le chemin, reposés et réconfortés. La côte était moins raide mais les sacs plus pesants et le pas moins décidé. Baptiste, c'était le nom de notre inconnu, marchait à nos côtés. Il disait qu'il connaissait bien la flore des montagnes, qu'il avait un herbier bien fourni commencé avec son maître quand il était écolier.
Notre petit groupe et Aurélien en particulier, nous taquinions souvent Jeanne lors de nos sorties campagnardes quand elle nous citait : "le daphné-garou, "l'ail des ours" ou "la benoîte rose des montagnes".
En effet, depuis sa retraite, Jeanne avait la passion du jardinage. Elle suivait des cours de botanique, fréquentait les bourses aux plantes et ne sortait jamais sans sa flore qu'elle consultait au terme des étapes pour identifier les noms des fleurs sauvages qu'elle avait cueillies avec soin. L'an dernier, elle avait ramené de Corse des pieds de cistes qu'elle avait plantés dans son jardin. Nous arrivions enfin à la frontière espagnole à 1300m d'altitude. Le soleil rayonnait, repoussant les nuées vers les lointains sommets.
- Il est temps de casser la croûte, dis-je.
- Nous allons faire la halte à la fontaine de Roland qui n'est pas très loin, me rassura Aurélien en consultant son GPS de poche.
Nous n'étions pas seuls à la fontaine. On percevait une cacophonie de langues étrangères :
- Dourandal esta la spada di Rolando.
- Yes. Do you know the Roland'song ? And la "Belle Aude" Oliver'sister?
- Ah, ces Sarrasins ! Ce sont eux qui ont attaqué l'arrière garde de l'armée commandée par Roland.
- Pas du tout, dit Baptiste, c'étaient les Basques qui voulaient se venger du sac de Pampelune par les soldats de Charlemagne.
La discussion s'animait autour de souvenirs d'un récit légendaire vieux de douze siècles devant la mine interrogative d'un couple d'Asiatiques.
Jeanne, qui avait repéré un pied de jolies fleurs bleues, s'éloignait vers un gros rocher.
- Ce sont des" véroniques", je crois, dit Baptiste.
Aidée de Claire, j'installai notre pique-nique sur les bancs de pierre pendant qu'un couple de milans royaux tournoyait au-dessus de nous.

    

Âmes des chevaliers, revenez-vous encore?
Est-ce vous qui parlez avec la voix du cor?
Roncevaux ! Roncevaux ! dans ta sombre vallée,
L'ombre du grand Roland n'est donc pas consolée?

Dieu que le son du cor est triste au fond des bois.
A. de Vigny. (le cor).

2 commentaires:

  1. Promenade sans fatigue dans des lieux pleins d'histoire.

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  2. VERS COMPOSTELLE.
    Après la forêt de hêtres qui nous protégeait du soleil,voici le col Lepoeder, 1430m d'altitude,le point le plus haut de l'étape, victoire! Sacs à terre , nous profitond du vent léger qui nous rafraîchit. D'autres
    marcheurs se sont arrêtés et contemplent au loin les vallées espagnoles inondées de lumière. Baptiste regarde Jeanne, silhouette fragile se détachant sur le ciel.Tout en bas Roncesvalles , notre but.
    -Cuidado! La cuesta es muy peligrosa!
    Un berger, basque sans doute, quoique sans béret, nous mettait en garde;la descente était aussi pentue que la montée de Saint Jean Pied de Port.
    -Bueno camino...Bueno camino!
    En route pour le col de Roncevaux,400m plus bas.De gros cailloux roulaient sous nos pas qui s'allongeaient sentant le but se rapprocher.A nouveau, l'ombre d'une forêt nous accueillait.
    -Tiens, quelles sont ces fleurs avec ces grappes de clochettes blanches, demanda Jeanne?
    -Ce sont des consoudes.
    -Ah! j'en ai entendu parler récemment.
    - C'est une plante qui a des vertus antiseptiques et cicatrisantes. On s'en sert aussi en cosmétique et pour faire du compost.
    Quel savant, ce Baptiste! Jeanne quitta le chemin et pénétra dans le sous-bois. Elle revenait son bouquet à la main quand elle s'affala en poussant un cri. Elle avait buté contre une grosse racine et n'arrivait plus à se relever. Les hommes se précipitèrent: sa main gauche pendait et le poignet se mit à enfler.Pour arrêter la douleur on lui donna une bonne dose de calmants.La randonnée s'achevait dans l'inquiétude. Le bras en écharpe de Jeanne attirait l'attention.Un couple nous interpella. Lui était médecin et pensait à une foulure. Il conseilla de faire rapidement une radio en cas de fracture.
    Notre chemin s'arrêta là. Claire et Aurélien décidèrent de continuer vers Larrasoaña.Avec Baptiste, j'accompagnai Jeanne en taxi jusqu'à Bayonne, puis en avion vers Paris.Nous rentrâmes dans notre banlieue.Baptiste qui avait encore trois semaines de vacances proposa son aide à Jeanne: Il n'habitait pas trop loin.......

    Depuis quinze jours, j'avais repris mon travail et j'attendais le bus pour rentrer chez moi quand mon portable a sonné.
    -Bonjour , c'est Baptiste; Jeanne va beaucoup mieux. Nous allons samedi à Giverny visiter le jardin de Monet.Serez-vous des nôtres?
    (fin de l'histoire).

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