dimanche 25 septembre 2016

U VECCHJU RUTALI. Traditions orales. suite

Extrait du mémoire rédigé par le chanoine Jean-Thomas FLORI.

Il y avait deux places publiques où l'on se réunissait de préférence : " L'OLMU " et L'ORTICCIO. Durant l'été on y jouait à "QUINA" (jeu de loto). Les hommes avaient aussi l'habitude de s'asseoir sur la murette de la place de l'église le dimanche avant la messe...Ils passaient en revue les évènements qui s'étaient déroulés au cours de la semaine...Ils se rencontraient aussi dans les cafés où ils faisaient des parties de cartes. A SCOPA et A MANILLA avaient leur préférence...À la suite de l'exode massif les cafés-bars ont eux aussi disparus. Il en reste un seul, le "bar de la Fontaine".
-  À la fontaine, on voyait souvent défiler les femmes allant remplir " à sécchja " que  majestueusement, elles portaient en équilibre sur leur tête...
Aujourd'hui, cette image des temps anciens a disparue...Les femmes d'aujourd'hui n'ont qu'a tourner le robinet à domicile pour se procurer de l'eau...
-  La politique des clans a toujours été néfaste aux bons rapports entre les familles.
À Rutali, il y avait deux partis : " U PARTITONE et U PARTITELLU ".
"U PARTITONE" avait comme chef de file " I RUTALI ". "U PARTITELLU" était animé par André MAROSELLI qui fut élu maire en 1945 et le restera jusqu'à sa mort. Son fils François lui succèdera.
Lors d'une élection au conseil général, Toussaint CHIARELLI fit l'unanimité sur son nom.
Nous donnons le nom de quelques maires que nous avons connus :
Émile TONARELLI, César ALBERTINI, Ignace RUTALI, Pierre NÉGRONI, Paul RUTALI.
En remontant le cours de l'histoire, nous retrouvons à la tête de la municipalité un autre François MAROSELLI dit " U MANFARU". Il était le père d'André MAROSELLI qui fut sous la quatrième République, ministre des anciens combattants et victimes de guerre, de la Santé, et secrétaire d'état à l'Air. Il est mort à Luxeuil-Les-Bains (Hte Saône) dont il fut le maire. C'est son fils Jacques, qui après une carrière préfectorale, lui a succédé...
Les démêlés de l'ancien Maire de Rutali "U MANFARU" ont eu un certain retentissement à l'époque...Le différend par exemple qui l'a opposé à l'Abbé LOTA, curé de Rutali, mérite d'être conté.
Jusqu'en 1950, le 2 novembre, à l'occasion de la fête des morts, on quêtait les châtaignes pour les âmes du Purgatoire. En 1895, l'Abbé LOTA chargea deux italiens de faire la quête des châtaignes à domicile...Le Maire les fit arrêter par le garde champêtre qui les enferma dans une cave. Le curé intervint pour les faire libérer mais, ce fut en vain...Il dit alors au Maire : " Je vous poursuivrai jusqu'aux portes de l'enfer " ( Paroles très dures pour un prêtre). Il le poursuivit en effet devant le tribunal qui le condamna sévèrement pour abus de pouvoir. Ce fut pour lui la fin de sa carrière politique...et le début de la misère.
La vendetta politique en Corse est tenace. Jugez-en : L'ancien maire de Rutali, François MAROSELLI (U Manfaru ) ayant rencontré, quelque part, un de ses compatriotes, qui n'était pas encore né au temps où MAROSELLI administrait la commune, l'invita aimablement à prendre l'apéritif. Mais, apprenant que son invité était le fils de son adversaire politique, lui dit en lui tournant le dos : " Au revoir..! ". Quelle ténacité dans la haine.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire