dimanche 30 octobre 2016

QUESTION D'ACTUALITÉ

LE TRAVAIL : Une denrée qui se raréfie 

Il faut se rendre à l'évidence : des robots fabriquent des voitures, font des travaux ménagers, soignent. Les camions se conduisent seuls, les tramways aussi. Le travail des secrétaires disparait, celui des typographes a depuis longtemps disparu... Le progrès détruit l'emploi, faut-il le refuser et le pourrions-nous ? La révolte des canuts de Lyon, détruisant les métiers à tisser a-t-elle changé quelque chose? Maintenant il n'y en a même plus en France, sauf pour le grand luxe. La mondialisation, avec la concurrence des pays à bas coût, a également porté un coup fatal à bien des industries traditionnelles, dont le textile justement.
Les remèdes proposés jusqu'à présent sont: " la montée en gamme", c'est à dire construire des choses de plus en plus sophistiquées, de plus en plus perfectionnées, pour pouvoir intégrer les salaires, en principe plus élevés de nos ouvriers, plutôt que des objets ou matériels basiques moins chers. C'est le cas des chantiers navals de St Nazaire qui construisent d'énormes et luxueux bateaux de croisière abandonnant les cargos vraquiers aux chantiers asiatiques ou autres, ça été aussi le cas dans l'automobile...mais cette politique a ses limites car les pays acheteurs exigent maintenant des "transferts de technologie", c'est à dire qu'ils veulent qu'on leur apprenne à fabriquer eux-mêmes ce qu'on leur vend aujourd'hui. Alors nous cherchons à conserver toujours un coup d'avance en matière technologique et nous exigeons de la main-d'oeuvre toujours plus de qualification. Mais cette demande trouvera elle-même ses limites. Si les progrès de la scolarisation, l'élévation générale du niveau de connaissance, peuvent laisser espérer que globalement nous parviendrons à soutenir le rythme de cette évolution effrénée, il n'en demeure pas moins vrai que tous ne le pourrons pas. On peut tout faire pour essayer de limiter les inégalités naturelles, il restera toujours des individus malheureusement moins doués que d'autres. Ceux-là trouvaient leur place dans la société en pourvoyant aux métiers manuels mais aujourd'hui, la machine ou les bengalis ou les éthiopiens les remplacent à moindre coût. Alors ? 
L'opinion est en train de se résigner à l'idée que le chômage fera partie désormais des données permanentes de nos sociétés dites développées. D'où l'idée, généreuse mais réaliste, de devoir procurer à chaque individu un revenu minimum pour vivre, a charge pour chacun de l'améliorer et le développer par ses propres efforts et capacités. Mais cela suppose que la productivité globale soit telle qu'elle permette de dégager les marges qui financeront ce revenu universel.
Le pourrons-nous ?

10 commentaires:

  1. Très intéressante question soulevée par ce texte.
    J'y répondrai cet après-midi. A prestu!

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  2. Commençons par quelques remarques lucides (car je ne prétends pas avoir La solution) :

    On nous a raconté tant de bobards aux débuts de la « mondialisation » : « nous, on fera (et vendra) des Airbus, eux feront le textile », « nous, on va faire (et vendre) de l’acier de haute technologie, eux on leur laisse l’acier bas de gamme », « nous, on fera (et vendra) les produits de luxe aux happy few, eux le bas de gamme pour les masses », etc. etc. Stupide et prétentieux.

    Quant à la robotisation, elle est la bienvenue quand elle atténue la peine des hommes, mais elle aura aussi des conséquences négatives sur l’emploi -relatives quand même, car il y a aussi mutation et progrès dans les compétences des hommes. Mais avec des limites, comme l’indique ce texte, car tout le monde ne deviendra pas ingénieur, médecin, chercheur, « créateur »…etc. etc. Alors, et les autres ? Eh bien on réduira le temps de travail, avec maintien du revenu . Payé par qui, avec quoi ?

    « L’innovation nous sauvera, c’est notre seule chance » nous serine-t-on sans arrêt aujourd’hui. Evidemment qu’il n’y a pas de progrès sans innovation, mais celle-ci suffira-t-elle ? (à supposer qu’on s’en donne les moyens ! Pour l’instant on « crée » surtout des emplois aidés, on « innove » dans l’ingénierie sociale). Les autres pays aussi s’y efforcent. Et ils sont pas plus bêtes que nous. Alors ?

    Alors, dernière trouvaille, on « invente » le « revenu minimal universel » (pourquoi minimal ?) . Oui, en somme : « demain on rasera gratis ». Au nom des droits de l’homme , sans doute ? Putain !!!

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  3. "Le pourrons-nous ?"
    Evidemment non! Il ne faut pas croire aux miracles!

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  4. Il est bien difficile de suivre ce raisonnement ( ? ), penser un monde nouveau a ,de tous temps été l'apanage des rêveurs, non pas des techniciens; pourtant il y a des choses vraies dans le texte ( meme si elles sont présentées sous un angle unique ). Demain le monde sera différent de celui qui a été ! Et il ne sera pas seulement différent dans sa forme ( comme ce qui a pu se voir depuis le moyen âge ); il sera différent dans sa conception meme. Le progrès technologique tel que nous l'avons vécu jusqu'à maintenant ( progrès tendant à soulager l'homme de taches ardues ou répétitives ),est appelé lui aussi à se modifier pour porter sur l'immatériel,sur l'esprit,sur une conception modifiée tant de l'homme que de son comportement dans tous les aspects de sa vie. Ainsi l'environnement,qui est pour les enfants du XX ème siècle une notion quasi abstraite devient pour les enfants du XXI ème siècle une donnée primordiale de la vie; ainsi le travail, dont la valeur principale au siècle dernier encore, était de procurer à l'individu les moyens de vivre, devient-il une marque de sociabilisation plutôt qu'une recherche pertinente de ressources. Il est vrai que les progrès informatiques et de communication donnent aujourd'hui à l'individu une vision du monde qu'il n'avait encore jamais eue : une vision globale et en meme temps un prisme et la faculté d'agir ou de réagir instantanément à toute situation qui lui est présentée. Dans ce cadre global,virtuellement , l'homme est dieu tout puissant …..pour ceux qui en doutent, voir le succès des jeux vidéos ou le nombre incalculable des communications sur le net …,les réseaux sociaux ( d'un nom qui comporte deux vérités : le réseau et la société ) deviennent ainsi et à eux seuls des mondes permanents , sans doute pleins de dangers, mais o combien façonnables à sa propre image ; … mais n'est ce pas la preuve de dieu ( qui créée l'homme à sa propre image ) ?……
    Tout cela pour faire comprendre que la transformation de la société précède la transformation de la civilisation et la transformation du monde. Ainsi, ce qui est aujourd'hui un problème ( réel ) de notre société ( = le chômage ou les essais de trouver un palliatif au manque d'emplois ),préfigure un nouveau monde ou au moins une nouvelle civilisation. Dans ce cadre on est encore loin de trouver les ressources nécessaires à la mise en place d'un revenu pour tous,mais le seul fait d'en émettre l'idée semble montrer que l'évolution est en marche…. Bonne ou mauvaise, qui peut le dire aujourd'hui ?

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    1. "ainsi le travail, dont la valeur principale au siècle dernier encore, était de procurer à l'individu les moyens de vivre, devient-il une marque de sociabilisation plutôt qu'une recherche pertinente de ressources". Non, je n'en crois rien: il faudra toujours d'abord manger, s'habiller, se loger, se soigner, s'instruire, voyager, se battre aussi, toutes choses plus nécessaires que se balader dans le virtuel. Et c'est et sera encore plus vrai dans le tiers-monde misérable- ou chez nous si le tiers-monde s'y déverse. Le nécessaire l'emporte toujours sur l'accessoire et le réel sur le rêve.

      "... l'homme est dieu tout puissant". C'est le rêve de tous les déments! Et ça ne porta jamais bonheur aux hommes.

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  5. Il y a un autre problème qui lui est inquiétant ,la valeur travail est en train de disparaitre et automatiquement nous ne sommes plus productifs ce qui entraine aussi une économie vacillante .
    Du coup on recherche toujours des solutions alternatives qui le plus souvent ne règlent pas le vrai problème .
    Réduction du nombre d(heures travaillées
    Emplois aidés..
    Et en ces temps de mondialisation forcenée mais quasiment imparable les vraies solutions ont du mal à éclore

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  6. Cuccu dit:
    "...C'est le cas des chantiers navals de St Nazaire qui construisent d'énormes et luxueux bateaux de croisière abandonnant les cargos vraquiers aux chantiers asiatiques ou autres, ça été aussi le cas dans l'automobile...mais cette politique a ses limites car les pays acheteurs exigent maintenant des "transferts de technologie", c'est à dire qu'ils veulent qu'on leur apprenne à fabriquer eux-mêmes ce qu'on leur vend aujourd'hui"...
    Pas d'accord, Cuccu! Au cas que vous citez, ce n'est pas un problème de transfert de technologie qui est en cause, et qui mettrait l'entreprise en danger. C'est à la fois la financiarisation de l'économie et l'absence de stratégie patriotique, nationale comme européenne, qui -comme chez Alsthom et d'autres avant- permet aux entreprises étrangères prédatrices de s'emparer de nos fleurons industriels. Comment expliquez-vous la vente scandaleuse de l'aéroport de Toulouse, moderne, rentable et d'importance stratégique (même aux dires d'un F.Lenglet), en attendant celles annoncées de Nice et Lyon?
    Tous nos malheurs économiques ne nous tombent pas du ciel, mais sont à mettre au débit d'une classe dirigeante, notamment politique, incompétente ou vendue. Désolé, mais c'est aussi une réalité!

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    1. La viabilité des Chantiers de l'Atlantique n'est pas en cause, avec le carnet de commandes qu'ils ont, c'est seulement-mais c'est beaucoup- la propriété du capital qui est en cause. Quant aux transferts de technologie, ils sont au premier plan des négociations dans tous les gros contrats internationaux, armement, aviation...

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    2. 1) je n'ai pas nié le grave et difficile problème -général- des transferts de technologie (que je connais très bien, croyez-moi!). J'ai seulement repris votre cas cité de St-Nazaire (que j’ai reproduit tel quel).

      2) Ce que vous dites maintenant des chantiers de l'Atlantique est exact (et je n'ai pas dit le contraire), mais il faut expliciter cette affaire de "capital": La France a laissé vendre cette entreprise (à des Coréens), à un moment difficile pour les Chantiers. Cela à cause de la « financiarisation » depuis 30 ans de l’économie mondiale (c’est ce que d’aucuns appellent la « mondialisation heureuse »), et aussi parce qu'elle n'a aucune stratégie économique d'ensemble. L'entreprise coréenne a aujourd'hui des difficultés financières sur d'autres créneaux, donc elle vend les Chantiers, aujourd’hui très rentables (avec bénéfice évidemment).

      3) Mais vous ne dites mot sur l’affaire des aéroports que j’évoque dans la foulée. Pourquoi ? Il ne vous a certainement pas échappé que c’est l’exemple-type de la dilapidation par le fils prodigue (euphémisme) des bijoux de famille pour ses fins de mois difficiles. En l’occurrence, quand on n’arrête pas de « débloquer » des crédits qu’on n’a pas et qu’on est couvert de dettes. Gestion à la petite semaine et après moi le déluge ! Et ça dure depuis 30 ans.

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  7. Je lis ".../...au débit d'une classe dirigeante, notamment politique..." Mais elle dirige quoi la classe politique? A part les aides sociales (je fais court). Il faut admettre une fois pour toutes que les politiques n'ont PLUS depuis longtemps la main sur l'économie. Celle-ci leur a été habilement subtilisée par les multinationales (cf. les lobbies) et donc par le monde de la finance.
    Mais revenons au problème du travail et des moyens d'existence. Sans entrer dans une démonstration d'éco-po. nous pouvons être sûrs d'une chose : le chômage augmentera sans cesse car l'ubérisation et la robotisation de l'économie font que les emplois seront détruits les uns après les autres (pas tous, d'accord) et que les fameux emplois de substitution promis ne seront pas toujours au RV. Alors ? Alors, l'arme fatale de subsistance est dégainée : le revenu universel ! Ce n'est pas nouveau l'URSS du temps de sa "magnificence communiste" l'évoquait déjà. Raser gratis comme le dit un commentateur. Le revenu universel donc : idée qui va à l'encontre d'une large consommation souhaitée par les entreprises. A qui vendra suffisamment l'entreprise si 50% des consommateurs potentiels sont des "ReUnistes" ? Il faudrait que ce revenu universel soit (estimation toute personnelle) au minimum de 2500€ -financés très vraisemblablement par la taxation de l'outil de production puisque l'impôt direct et indirect aura fondu de manière importante- On peut rêver !
    La mondialisation devait être l'alpha et l'oméga de l'économie mondiale (pour le bonheur de tous, de tous?)On en revient. Le revenu universel devrait procurer le "bonheur" à tous les exclus de la nouvelle économie promise ? On en reviendra certainement, aussi, car totalement antiéconomique. Encore "un cataplasme sur...etc." comme le font souvent les dirigeants de ce monde.
    Voilà Cuccu. Tu as ouvert un sujet intéressant, tu auras été servi par ces nombreuses contributions.
    B.P.

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