dimanche 16 octobre 2016

U VECCHJU RUTALI. Traditions orales

Extrait du mémoire rédigé par le chanoine Jean-Thomas FLORI

Histoire personnelle

Le corse était couramment parlé à la maison et à l'école...excepté au grand séminaire où tous les professeurs étaient continentaux.
Mes rapports avec ma famille ont toujours été empreints de respect et d'obéissance. Cet esprit d'indépendance ne soufflait pas encore au temps de notre jeunesse.
Comme tous les enfants de notre âge, il nous arrivait d'aller en forêt, pour localiser les nids des oiseaux, ramasser des plantes et des champignons.
Pour nous abriter du soleil, nous construisions pendant l'été, des cabanes que l'on recouvrait de fougère. On s'y abritait soit pour lire, soit pour y jouer aux cartes ou à d'autres jeux. Le jeudi nous aidions nos parents à charrier le bois de chauffage pour l'hiver qui était souvent rigoureux.
Je n'ai pas fait de service militaire. J'en ai été exempté à cause de mes études et d'une santé, alors assez précaire. Mais par contre, j'ai été mobilisé en 1939 et en  1943 dans une section sanitaire, à l'hôpital d'Ajaccio d'abord, et, ensuite à celui de Bastia. Les différents médecins-chefs et les officiers gestionnaires que j'ai connus, ont été d'une extrême gentillesse à mon égard sans doute, parce que j'étais prêtre...
Durant ma mobilisation, ayant approché les hommes de plus près, je les ai mieux compris car, j'ai été alors appelé à vivre la même vie et les mêmes servitudes...Démobilisé en 1945, j'ai retrouvé ma paroisse avec toutes les obligations pastorales.
Un an avant mon ordination sacerdotale qui interviendra le 29 juin 1931, j'ai été détaché comme professeur de 5ème. J'avais dans ma classe au château Bacciochi où était installé le petit séminaire, 37 élèves. Je leur ai enseigné le français, le latin, l'italien, les sciences naturelles et la géographie. J'ai été ensuite curé de Rutali de septembre 1931 au mois de mars 1947 : Curé doyen de Roglianu de 1947 à 1953 et, enfin, j'ai été nommé curé-archiprêtre de Calvi en 1953;
J'ai écrit une monographie de Roglianu que j'ai intitulée : "Brins d'histoire locale". J'ai fait éditer quelques poésies en langue corse sous le titre : "Fiori di machja" et enfin, j'ai consacré quelques rares loisirs à une plaquette : CALVI - Ses églises et ses chapelles.
Concernant la bénédiction des maisons, elle se fait encore dans toutes les paroisses de la Corse dans le courant de la semaine pascale. Les familles tiennent beaucoup à cette bénédiction annuelle. Autrefois, il arrivait en effet de faire des processions pour lutter contre la sècheresse.
J'ai lu avec intérêt, mentionné dans les registres paroissiaux de Roglianu le compte-rendu suivant concernant une procession pour demander la pluie en 1890 :
"La sècheresse sévissait depuis plusieurs mois sur le Cap Corse. Les sources se tarissaient, les pâturages se desséchaient, les animaux périssaient. Devant cette tragique situation, l'abbé SILVAGNOLI, vicaire à Roglianu, prit la décision de sortir la chasse contenant les reliques de St Aimé, martyr. A peine la procession pénétrait-elle dans l'ancienne église paroissiale de St COME et St DAMIEN (détruite hélas par le grand incendie de 1947) que ce fut un vrai déluge. A tel point qu'un italien qui suivait la procession s'est écrié : " I ruglianesi l'hanno cerco quellu santu li, ma se n'e paga"

7 commentaires:

  1. Beaucoup d'affection pour notre curé du village Son départ en 1947 est resté gravé dans ma mémoire, ce fut une déchirure pour nous enfants,(on étaient nombreux a l'époque) et j'ai le souvenir de larmes,après un au revoir sur la place de l'église et le départ tous les enfants courraient après la camionnette,jusque à la fontaine et là le prêtre et sa famille sont sortis de voiture, pour nous donner un nouveau signe affectueux. Les sentiments d'alors étaient forts entre villageois.Louise

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  2. Quel régal de lire une langue aussi imagée, descriptive et empreinte d'une certaine émotion, qui de fait nous renvoie à de beaux et nostalgiques souvenirs.

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  3. Je ne l'ai pas connu , il a des descendants au village ?

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  4. Honneur à Prete Flori pour ses écrits. J’ai toujours eu envers lui des sentiments d’amitié. Mais à travers le prêtre qui m’a baptisé, qui avait suggéré à mon père de m’appeler du prénom Louis Pasteur, lui qui a toujours porté la soutane, avec qui nous avons souvent conversé, c’était du respect, de la vénération même qu’il m’inspirait. Son énorme savoir qu’il a mis à travers ses ouvrages, ses articles des journaux Nice Matin et Le Provençal dont il était correspondant, l’ont fait rayonner en toute la Corse.
    Il affectionnait le français tout autant que le corse.
    Dans son livre Fiori di Machja, édité en 1977, fleurissent ses poésies.
    Eccune una chì ghjè d’attualità chì ci avvicinemu di i Santi è di i Morti :

    Campusantu

    Croce di legnu
    In campusantu piantate,
    Di e famiglie care
    À u dilà andate

    I nomi di i parenti
    È di l’amichi
    Si leghjenu, lacrime à l’ochji.
    Dopu essesi signati
    Si dice u « de profundis »

    Sottu à l’alta croce
    Dorme, beatu, un prete (1)
    Di Rutali, u pastore
    Sempre oghje
    In venerazione

    Un seminarista (2)
    Accantu hè sepoltu
    Da u Patre fù richjamatu
    À u fiore di l’età

    Un fiore nant’una tomba
    Di un babbu, di una mamma
    Dice l’affezzione
    Dulore ed emuzione

    Dumane, e me fredde spoglie
    In Campusantu
    Riposeranu
    A risurrezzione
    Aspetteranu

    1. Prete CASTA
    2. Abbate GIULIANI

    Ndlr : ch’ellu riposi in pace. Quattru altri preti ch’ell’hà cunnisciutu sò in l’aldilà : Pierre Finocchi, Ambroise Giuliani, Louis Vincenti, François Casta.
    Dipone un fiore, una candela o lumignulu davanti à una tomba in memoria di i nostri cari spariti. L’usu novu di Halloween cun tenute di scheletri, streghe, suchjasangue (vampires), cosa ferà in u cerbellu di i zitelli ? Ci sò i bonbò, d’accordu ma sè u fattu religiosu hè tralasciatu, resterà di più a peura chè a sperenza in Diu.

    Louis

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