vendredi 24 mars 2017

MUSÉE du "carédar"... [Soutine-Les Maisons_1920-21]

Chaïm Soutine
"Les Maisons"_1920-21
Huile sur toile. (58 cm X 92 cm)
Paris, Musée de l'Orangerie.
"carédar-236"
"Les Maisons" ont été peintes à Céret (Pyrénées-Orientales), lieu de résidence plus ou moins forcé du peintre de 1919 à 1922. En effet, Léopold Zborowski, marchand de Soutine, l’avait envoyé dans ce village en lui assurant le logement et le couvert contre l’envoi de sa production. Le tableau représente les maisons de la Rue de la république vues du ravin des Tins. Soutine a démesurément allongé les maisons qui envahissent tout l’espace du tableau et viennent occulter le ciel. Ce dernier d’une tonalité grise crayeuse semblable aux façades des maisons est quasiment absent. Le ravin, dans cette version tient une place marginale en bas de la composition. Les maisons se tordent et ondulent en une vision hallucinée. Elles se font l’écho du tourment intérieur du peintre. Traité dans un camaïeu de brun, de gris et de vert et dans des tonalités beaucoup plus sourdes que la plupart des tableaux de la période de Céret, ce paysage évoque les paysages d’Egon Schiele. Par ses déformations il se rapproche stylistiquement de ceux des expressionnistes allemands de Die Brücke.

Chaïm Soutine
"autoportrait"
Chaïm SOUTINE (1893 – 1943), peintre français d’origine lituanienne, est l’un des représentants les plus éminents de l’École de Paris. Arrivé à Paris en 1912, il s’installe un temps à la Ruche, puis à la cité Falguière, où il rencontre Modigliani par l’intermédiaire du sculpteur Lipchitz. Il voyage également dans le sud de la France d’où il ramène des paysages tourmentés. L’une des caractéristiques de ce peintre dont le style proche de l’expressionnisme varie peu au fil du temps est le travail par séries. Il représente tour à tour glaïeuls, gibiers, volailles, gens de service et enfants de chœur. Les personnages qu’il représente sont mélancoliques, typés jusqu’à la caricature, dotés de corps soumis à de spectaculaires distorsions et vêtus de costumes offrant de vifs contrastes de couleur. Les natures mortes privilégient les animaux tués ou encore les carcasses écorchées, suivant l’exemple de Rembrandt.
Le marchand d’art Paul Guillaume est l’un des premiers à s’intéresser à la peinture de Soutine. C’est par son entremise que le collectionneur américain Barnes le découvre à son tour lui apportant ainsi une reconnaissance internationale. Le goût précoce de Paul Guillaume pour l’artiste permet aujourd’hui à l’Orangerie d’abriter la plus grande collection de peintures de Soutine d’Europe.

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