vendredi 17 mars 2017

MUSÉE du "carédar"... [Zuloaga-Maurice Barrès devant Tolède_1913]

Ignacio Zuloaga y Zabaleta
"Portrait de Maurice Barrès devant Tolède"_1913
Huile sur toile. (203 cm X 240 cm)
Nancy, Musée Lorrain.
"carédar-235"
Un des tableaux les plus célèbres de Zuloaga est le "Portrait de Maurice Barrès devant la ville de Tolède". En 1913, Barrès était un des écrivains français les plus prestigieux. Après une période esthétique marqué par une trilogie appelée [Le culte du moi], il se tourne vers un nationalisme fortement teinté d'antisémitisme qui fait de lui un adversaire de Dreyfus : "Que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race." Élu député de Paris, il entre à l'Académie française en 1906. Belliciste forcené pendant la guerre de 14, il gagne alors le surnom de rossignol des carnages. Écrivain ayant une influence très importante, il a été une des têtes de turc favorites du mouvement Dada qui organise son procès en 1921. Grand voyageur, il a écrit un ouvrage sur l'Espagne, [Le Greco ou le secret de Tolède]_ (1911). Zuloaga, par sa filiation avouée avec le grand peintre de Tolède, était l'artiste idéal pour exécuter ce portait. À l'évidence, le peintre s'est inspiré des deux vues de Tolède qui nous restent du Gréco.
La silhouette du modèle, décalée à l'extrémité gauche de la composition, laisse libre la vue de la ville de Tolède qui s'inspire nettement d'une œuvre du Greco (Vue et plan de Tolède, vers 1610, huile sur toile, Tolède, musée El Greco), notamment par le choix des coloris et la représentation d'un ciel chaotique. Appuyé contre un rocher, Barrès semble avoir interrompu sa lecture pour contempler le paysage ; il tient dans sa main gauche l'un de ses ouvrages dont on peut deviner le titre grâce aux trois lettres visibles : [Greco ou le Secret de Tolède]. C'est l'amateur d'art délicat, le dilettante critique d'art que le peintre a choisi de représenter ici, plutôt que l'homme pleinement engagé dans les combats nationalistes. Pourtant, l'intérêt de Barrès pour le Greco, peintre de la mort et de l'exaltation mystique, n'est pas sans lien avec sa conception du nationalisme, en partie fondée sur la dépendance des consciences individuelles à l'égard "de la terre et des morts" et dont la tradition religieuse était un élément essentiel. (Source : Sabine Bouchy du Palut, "Un hommage au Greco")

Ignacio ZULOAGA y ZABALETA (1870 - 1945) est l'un des plus importants peintres espagnols de la fin du XIXe siècle et du début du XX siècle. Il était le fils du célèbre damasquineur Plácido Zuloaga et le neveu de Daniel Zuloaga, céramiste reconnu. Enfant, il travaillait à l’atelier de son père, où il prit contact avec le dessin et la gravure. Il s’installa à Madrid en 1896. Il voyagea à Rome en 1889 puis un an plus tard, à Paris, où il fréquenta l’académie de La Palette. Il fit la connaissance de Degas, Gauguin et Toulouse Lautrec et se sentit attiré par l’Impressionnisme. En 1895, il s’installa à Séville où il développa un grand intérêt pour la corrida et l’Andalousie. Lorsqu’il s’établit ensuite à Ségovie en 1898, il adopta une peinture dotée d’une immense force expressive, dominée par les paysages et les hommes de Castille. Jusqu'à son décès, Zuloaga continua de peindre et fut exposé. Il mourut à Madrid en 1945.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire