Ignacio
Zuloaga y Zabaleta
"Portrait de Maurice Barrès devant Tolède"_1913
Huile sur toile. (203 cm X 240 cm) Nancy, Musée Lorrain. |
"carédar-235" |
Un
des tableaux les plus célèbres de Zuloaga est le "Portrait de
Maurice Barrès devant la ville de Tolède".
En 1913, Barrès
était un des écrivains français les plus prestigieux. Après une
période esthétique marqué par une trilogie appelée [Le culte du
moi], il se tourne vers un nationalisme fortement teinté
d'antisémitisme qui fait de lui un adversaire de Dreyfus : "Que
Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race." Élu député
de Paris, il entre à l'Académie française en 1906. Belliciste
forcené pendant la guerre de 14, il gagne alors le surnom de
rossignol des carnages. Écrivain ayant une influence très
importante, il a été une des têtes de turc favorites du mouvement
Dada qui organise son procès en 1921. Grand voyageur, il a écrit un
ouvrage sur l'Espagne, [Le Greco ou le secret de Tolède]_ (1911).
Zuloaga, par sa filiation avouée avec le grand peintre de Tolède,
était l'artiste idéal pour exécuter ce portait. À l'évidence, le
peintre s'est inspiré des deux vues de Tolède qui nous restent du
Gréco.
La
silhouette du modèle, décalée à l'extrémité gauche de la
composition, laisse libre la vue de la ville de Tolède qui s'inspire
nettement d'une œuvre du Greco (Vue et plan de Tolède, vers 1610,
huile sur toile, Tolède, musée El Greco), notamment par le choix
des coloris et la représentation d'un ciel chaotique. Appuyé contre
un rocher, Barrès semble avoir interrompu sa lecture pour contempler
le paysage ; il tient dans sa main gauche l'un de ses ouvrages dont
on peut deviner le titre grâce aux trois lettres visibles : [Greco ou
le Secret de Tolède]. C'est l'amateur d'art délicat, le dilettante
critique d'art que le peintre a choisi de représenter ici, plutôt
que l'homme pleinement engagé dans les combats nationalistes.
Pourtant, l'intérêt de Barrès pour le Greco, peintre de la mort et
de l'exaltation mystique, n'est pas sans lien avec sa conception du
nationalisme, en partie fondée sur la dépendance des consciences
individuelles à l'égard "de la terre et des morts" et dont la
tradition religieuse était un élément essentiel. (Source : Sabine Bouchy du Palut, "Un hommage au Greco")
Ignacio ZULOAGA y ZABALETA (1870 - 1945) est l'un des plus importants peintres espagnols de la fin du XIXe siècle et du début du XX siècle. Il était
le fils du célèbre damasquineur Plácido Zuloaga et le neveu de
Daniel Zuloaga, céramiste reconnu. Enfant, il travaillait à
l’atelier de son père, où il prit contact avec le dessin et la
gravure. Il s’installa à Madrid en 1896. Il voyagea à Rome
en 1889 puis un an plus tard, à Paris, où il fréquenta
l’académie de La Palette. Il fit la connaissance de Degas, Gauguin
et Toulouse Lautrec et se sentit attiré par l’Impressionnisme.
En 1895, il s’installa à Séville où il développa un grand
intérêt pour la corrida et l’Andalousie. Lorsqu’il s’établit
ensuite à Ségovie en 1898, il adopta une peinture dotée d’une
immense force expressive, dominée par les paysages et les hommes de
Castille. Jusqu'à son décès, Zuloaga continua de peindre et fut
exposé. Il mourut à Madrid en 1945.
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