vendredi 7 juillet 2017

Un bel hommage de Jean Marie. Paru en mai 2013.

De l'héroïsme muletier


Ces animaux-là sont pleins de pudeur, ils ne se racontent pas souvent... Ce sont des taiseux. Dans ma famille, nous avions deux mulets, Faghjianu et Spanettu. Un jour, l'un d'entre eux m'a raconté. Les troupes françaises, après de féroces combats de nuit, venaient de prendre une position stratégique, le col de San Stefanu. Des armes lourdes étaient stockées à Rutali, dont deux grands tubes de mortier, qui devaient être transportées à dos de mulet sur le col, qui n'était pas encore sécurisé. L'un de nos mulets s'était porté volontaire. Son maitre avait dit, paraît-il, dit simplement : "I fallu eiu !" Au moment de partir, un voisin, Ange Pantanacce, a dit : "Je viens avec toi". À la sortie du pont génois, une mitrailleuse lourde allemande, planquée dans le maquis, leur a souhaité la bienvenue. Et mon mulet m'a compté la scène ainsi : " Nous avons entendu un tac-tac-tac... Et le sifflement des balles entre mes pattes de mulet. Ange a plongé le premier dans un roncier en contrebas. Après avoir hésité une seconde, mon maître s'y est jeté aussi. Dans le même temps, des tirs de riposte français ont faire taire la mitrailleuse allemande. Nous sommes ensuite arrivés au col, les militaires français revenaient avec un officier et des soldats allemands. Un officier français félicité les deux hommes qui m'accompagnaient, pour avoir livré les mortiers indispensables à la poursuite de leur offensive vers Bastia. En remerciement, ils leur ont remis une grosse boîte de rations et deux paires de chaussures." Eh bien, croyez-le si vous le voulez, mais personne n'a pensé à récompenser Fasghjanu qui avait pourtant fait l'essentiel ! On n'a pas non plus souligné que Fasghjanu avait déjà transporté des tonnes d'armes dans les Agriates, à l'arrivée d'un sous-marin devenu célèbre, et dont le kiosque se trouve aujourd'hui devant la mairie de Bastia. Brave Fasghjanu !

Jean-Marie Flori, 
en hommage à Ange Pantanacce et Jean-Baptiste Flori

3 commentaires:

  1. Jean-Marie conta stu bellu ramentu cù u so babbu è Ange Pantanacce cunducendu Fasgianu per a liberazione di u collu di Santu Stefanu è indetta chì nenzu stu mulu avia ancu traspurtatu arme da l’Agriate per a resistenza. Altri Rutalacci anu participatu à à liberazione di Santu Stè. Prete Flori in un articulu di Corse Matin di 1983, cita Jean-Paul Maroselli, Battì Venturini, Silvestru Olmeta, Jean-Battì Flori è aghjusta chì Jean Colonna è Antone Finocchi ci sò andati cù una mula carca di materiali destinati à a truppa è chì nenzu, à i Pughjali, sti dui anu aiutatu l’artiglieria à installassi per bumbardà.

    Louis

    RépondreSupprimer
  2. Une belle histoire, Jean Marie. J' ai bien connu un des héros de cette aventure, Spanettu, qui m' a portée sur son dos quand j' étais petite. Un joli souvenir d' été..M.A.V

    RépondreSupprimer
  3. Quand on a le souci de protéger ceux qu'on aiment on ne connait pas la peur, belle histoire, on garde un très bon souvenir de ces héros,Souvenirs qu'on ne peut oublier et que l'on gardent a vie

    RépondreSupprimer