Pieter Claesz
"Vanité avec violon et bille de verre"_1628
Huile sur toile. (60 cm X 100 cm)
Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg.
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"carédar-281" |
La
Vanité est un genre particulièrement présent en Hollande à
l’époque Baroque, c’est-à-dire du milieu du XVI siècle au
milieu du XVIII siècle. Il n’est donc rien d’étonnant à ce que
Pieter Claesz, né à Anvers en 1596, ait décliné ce type de
natures mortes en de nombreuses peintures.
Sur
l'œuvre "Vanité avec
violon et bille de verre",
nous pouvons voir plusieurs éléments typiques de la vanité :
tout d’abord, les reliefs ronds et translucides du verre en bas à
droite et de la sphère à gauche : ceux-ci représentent la
futilité et la fragilité de la vie humaine. Dans la sphère, nous
pouvons apercevoir le reflet du peintre, pouvant être interprété
comme un symbole de son haut statut d’artiste ou au contraire une
preuve d’humilité. Ce miroir est bombé : il rappelle ainsi
les miroirs convexes, aussi appelés miroirs de sorcières, utilisés
au XVe siècle, par exemple par les banquiers pour surveiller leurs
boutiques : ils permettent d’étendre le champ visuel par
rapport à un miroir plat. Ceux-ci apparaissent dans l’art en même
temps que la perspective au point de fuite (Renaissance), en
tant que symbole de l’éphémère : il laisse entrevoir une
scène qui n’a existé que dans les yeux du peintre, différente de
celle que nous regardons. Le verre utilisé est un Römer,
c’est-à-dire un type spécifique de verres à vins anciens :
il est très présent dans les œuvres de Claesz, et le plus souvent
représenté couché, pour accentuer la tension se dégageant de la
peinture. Le violon, les livres et la plume, sont caractéristiques
des vanités dites « des biens terrestres » : ces
symboles représentent l’art, les lettres et la science, plaisirs
futiles de la vie humaine. La montre ouverte en bas à gauche est une
allégorie du temps qui fuit, que nous ne pouvons pas contrôler. La
clé est donc elle-même un symbole : cette clé qui ne peut en
rien réparer la montre, et qui est pourtant accrochée à celle-ci,
est un moyen de nous souvenir que les légendes humaines contant
l’immortalité ne sont que pure fiction, et que les Hommes ne
peuvent rien changer au cours du temps. La poterie brisée au dernier
plan, la coquille de noix brisée elle aussi et le crâne au fond à
droite ont ici une fonction de memento mori : « souviens-toi
que tu vas mourir ». Ils sont tous les trois des représentations de
la fatalité de la mort.
[Source : blog de Charlotte Pagot]
Pieter
CLAESZ (v. 1596/1597 - 1660) est un peintre de nature morte
néerlandais (Provinces-unies) du siècle d'or. Il est un des
représentants du baroque. Si
Claesz utilisa dans ses premières œuvres une palette
monochromatique de tons gris, bruns et verts, ses "pronkstilleven",
natures mortes "d’apparat", plus tardives, allaient
en revanche être sensiblement plus colorées... Les peintres hollandais du dix-septième siècle se complaisaient dans la description d'objets de la vie courante souvent traités sur un mode fantastique. Ces peintures n'avaient pas un ton moralisateur mais étaient souvent riches en détails symboliques, aisément compris à l'époque. Aujourd'hui, elles sont plus souvent admirées pour la virtuosité de leur facture.
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