vendredi 9 février 2018

MUSÉE du "carédar"... [Claesz-Vanité avec violon..._1628]

Pieter Claesz
"Vanité avec violon et bille de verre"_1628
Huile sur toile. (60 cm X 100 cm)
Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg.
"carédar-281"
La Vanité est un genre particulièrement présent en Hollande à l’époque Baroque, c’est-à-dire du milieu du XVI siècle au milieu du XVIII siècle. Il n’est donc rien d’étonnant à ce que Pieter Claesz, né à Anvers en 1596, ait décliné ce type de natures mortes en de nombreuses peintures.
Sur l'œuvre "Vanité avec violon et bille de verre", nous pouvons voir plusieurs éléments typiques de la vanité : tout d’abord, les reliefs ronds et translucides du verre en bas à droite et de la sphère à gauche : ceux-ci représentent la futilité et la fragilité de la vie humaine. Dans la sphère, nous pouvons apercevoir le reflet du peintre, pouvant être interprété comme un symbole de son haut statut d’artiste ou au contraire une preuve d’humilité. Ce miroir est bombé : il rappelle ainsi les miroirs convexes, aussi appelés miroirs de sorcières, utilisés au XVe siècle, par exemple par les banquiers pour surveiller leurs boutiques : ils permettent d’étendre le champ visuel par rapport à un miroir plat. Ceux-ci apparaissent dans l’art en même temps que la perspective au point de fuite (Renaissance),  en tant que symbole de l’éphémère : il laisse entrevoir une scène qui n’a existé que dans les yeux du peintre, différente de celle que nous regardons. Le verre utilisé est un Römer, c’est-à-dire un type spécifique de verres à vins anciens : il est très présent dans les œuvres de Claesz, et le plus souvent représenté couché, pour accentuer la tension se dégageant de la peinture. Le violon, les livres et la plume, sont caractéristiques des vanités dites « des biens terrestres » : ces symboles représentent l’art, les lettres et la science,  plaisirs futiles de la vie humaine. La montre ouverte en bas à gauche est une allégorie du temps qui fuit, que nous ne pouvons pas contrôler. La clé est donc elle-même un symbole : cette clé qui ne peut en rien réparer la montre, et qui est pourtant accrochée à celle-ci, est un moyen de nous souvenir que les légendes humaines contant l’immortalité ne sont que pure fiction, et que les Hommes ne peuvent rien changer au cours du temps. La poterie brisée au dernier plan, la coquille de noix brisée elle aussi et le crâne au fond à droite ont ici une fonction de memento mori : « souviens-toi que tu vas mourir ». Ils sont tous les trois des représentations de la fatalité de la mort.
[Source : blog de Charlotte Pagot]


Pieter CLAESZ (v. 1596/1597 - 1660) est un peintre de nature morte néerlandais (Provinces-unies) du siècle d'or. Il est un des représentants du baroque. Si Claesz utilisa dans ses premières œuvres une palette monochromatique de tons gris, bruns et verts, ses "pronkstilleven", natures mortes "d’apparat", plus tardives, allaient en revanche être sensiblement plus colorées... Les peintres hollandais du dix-septième siècle se complaisaient dans la description d'objets de la vie courante souvent traités sur un mode fantastique. Ces peintures n'avaient pas un ton moralisateur mais étaient souvent riches en détails symboliques, aisément compris à l'époque. Aujourd'hui, elles sont plus souvent admirées pour la virtuosité de leur facture.

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