Petit journal inter-actif à l'attention des Rutalais et des Rutalaises, d'ici et d'ailleurs, et de tous ceux qui aiment le beau village de Rutali.
Adresse mail : blogvocedirutali@orange.fr
Un peu de lyrisme et de burlesque avec des poèmes de Jean TARDIEU (1903-1995). Il faut entrer dans le jeu , je l'ai fait, Battine.
Conversation
Comment ça va sur la terre ? - Ça va, ça va bien. Les petits chiens sont-ils prospères ? - Mon dieu oui merci bien. Et les nuages ? - Ça flotte. Et les volcans ? - Ça mijote. Et les fleuves ? - Ça s’écoule. Et le temps ? - Ça se déroule. Et votre âme ? - Elle est malade Le printemps était trop vert Elle a mangé trop de salade. §§§ Conseils donnés par une sorcière
(À voix basse, avec un air épouvanté, à l’oreille du lecteur.) Retenez-vous de rire dans le petit matin ! N’écoutez pas les arbres qui gardent les chemins ! Ne dites votre nom à la terre endormie qu’après minuit sonné ! A la neige, à la pluie ne tendez pas la main ! N’ouvrez votre fenêtre qu’aux petites planètes que vous connaissez bien ! Confidence pour confidence : Vous qui venez me consulter, méfiance, méfiance ! On ne sait pas ce qui peut arriver. §§§
La môme néant
(Voix de marionnette, voix de fausset, aiguë, nasillarde, cassée, cassante, caquetante, édentée.)
Quoi qu'a dit ? - A dit rin.
Quoi qu'a fait ? - A fait rin.
A quoi qu'a pense ? - A pense à rin.
Pourquoi qu'a dit rin ? Pourquoi qu'a fait rin ? Pourquoi qu'a pense à rin ?
- A' xiste pas.
§§§
Les erreurs (la première voix est ténorisante, maniérée, prétentieuse ; l’autre est rauque, cynique et dure.)
Je suis ravi de vous voir bel enfant vêtu de noir. – Je ne suis pas un enfant je suis un gros éléphant. Quelle est cette femme exquise qui savoure les cerises ? – C’est un marchand de charbon qui s’achète du savon. Ah ! Que j’aime entendre à l’aube roucouler cette colombe ! – C’est un ivrogne qui boit dans sa chambre sous le toit. Mets ta main dans ma main tendre je t’aime ô ma fiancée ! §§§
Monsieur interroge Monsieur
Monsieur pardonnez-moi de vous importuner quel bizarre chapeau vous avez sur la tête !
-Monsieur vous vous trompez car je n'ai plus de tête comment voulez-vous donc que je porte un chapeau !
-Et quel est cet habit dont vous êtes vêtu ?
-Monsieur je le regrette mais je n'ai plus de corps et n'ayant plus de corps je ne mets plus d'habit
-Pourtant lorsque je parle Monsieur vous répondez et cela m'encourage à vous interroger : Monsieur quels sont ces gens que je vois rassemblés et qui semble attendre avant de s'avancer ?
-Monsieur ce sont des arbres dans une plaine immense Ils ne peuvent bouger car ils sont attachés
Monsieur Monsieur Monsieur au-dessus de nos têtes Quels sont ces yeux nombreux qui dans la nuit regardent ?
-Monsieur ce sont des astres Ils tournent sur eux-même et ne regarde rien
-Monsieur quels sont ces cris quelque part on dirait on dirait que l'on rit on dirait que l'on pleure on dirait que l'on souffre ?
-Monsieur ce sont les dents les dents de l'océan qui mordent les rochers sans avoir soif ni faim et sans férocité
-Monsieur quels sont ces actes ces mouvements de feux ces déplacements d'air ces déplacements d'astres roulements de tambour roulements de tonnerre on dirait des armées qui partent pour la guerre sans avoir d'ennemi ?
-Monsieur c'est la matière qui s'enfante elle-même et se fait des enfants pour se faire la guerre
-Monsieur soudain ceci soudain ceci m'étonne Il n'y a plus personne pourtant moi je vous parle et vous vous m'entendez puisque vous répondez !
-Monsieur ce sont les choses qui ne voient ni entendent mais qui voudraient entendre et qui voudraient parler
-Monsieur à travers tout quelles sont ces images tantôt en liberté et tantôt enfermées Cette énorme pensée Où des figure passent Où brillent des couleurs ?
Un peu de lyrisme et de burlesque avec des poèmes de Jean TARDIEU (1903-1995). Il faut entrer dans le jeu , je l'ai fait, Battine.
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Comment ça va sur la terre ?
- Ça va, ça va bien.
Les petits chiens sont-ils prospères ?
- Mon dieu oui merci bien.
Et les nuages ?
- Ça flotte.
Et les volcans ?
- Ça mijote.
Et les fleuves ?
- Ça s’écoule.
Et le temps ?
- Ça se déroule.
Et votre âme ?
- Elle est malade
Le printemps était trop vert
Elle a mangé trop de salade.
§§§
Conseils donnés par une sorcière
(À voix basse, avec un air épouvanté, à l’oreille du lecteur.)
Retenez-vous de rire
dans le petit matin !
N’écoutez pas les arbres
qui gardent les chemins !
Ne dites votre nom
à la terre endormie
qu’après minuit sonné !
A la neige, à la pluie
ne tendez pas la main !
N’ouvrez votre fenêtre
qu’aux petites planètes
que vous connaissez bien !
Confidence pour confidence :
Vous qui venez me consulter,
méfiance, méfiance !
On ne sait pas ce qui peut arriver.
§§§
La môme néant
(Voix de marionnette, voix de fausset, aiguë,
nasillarde, cassée, cassante, caquetante, édentée.)
Quoi qu'a dit ?
- A dit rin.
Quoi qu'a fait ?
- A fait rin.
A quoi qu'a pense ?
- A pense à rin.
Pourquoi qu'a dit rin ?
Pourquoi qu'a fait rin ?
Pourquoi qu'a pense à rin ?
- A' xiste pas.
§§§
Les erreurs
(la première voix est ténorisante, maniérée, prétentieuse ;
l’autre est rauque, cynique et dure.)
Je suis ravi de vous voir bel enfant vêtu de noir.
– Je ne suis pas un enfant je suis un gros éléphant.
Quelle est cette femme exquise qui savoure les cerises ?
– C’est un marchand de charbon qui s’achète du savon.
Ah ! Que j’aime entendre à l’aube roucouler cette colombe !
– C’est un ivrogne qui boit dans sa chambre sous le toit.
Mets ta main dans ma main tendre je t’aime ô ma fiancée !
§§§
Monsieur interroge Monsieur
Monsieur pardonnez-moi
de vous importuner
quel bizarre chapeau
vous avez sur la tête !
-Monsieur vous vous trompez
car je n'ai plus de tête
comment voulez-vous donc
que je porte un chapeau !
-Et quel est cet habit
dont vous êtes vêtu ?
-Monsieur je le regrette
mais je n'ai plus de corps
et n'ayant plus de corps
je ne mets plus d'habit
-Pourtant lorsque je parle
Monsieur vous répondez
et cela m'encourage
à vous interroger :
Monsieur quels sont ces gens
que je vois rassemblés
et qui semble attendre
avant de s'avancer ?
-Monsieur ce sont des arbres
dans une plaine immense
Ils ne peuvent bouger
car ils sont attachés
Monsieur Monsieur Monsieur
au-dessus de nos têtes
Quels sont ces yeux nombreux
qui dans la nuit regardent ?
-Monsieur ce sont des astres
Ils tournent sur eux-même
et ne regarde rien
-Monsieur quels sont ces cris
quelque part on dirait
on dirait que l'on rit
on dirait que l'on pleure
on dirait que l'on souffre ?
-Monsieur ce sont les dents
les dents de l'océan
qui mordent les rochers
sans avoir soif ni faim
et sans férocité
-Monsieur quels sont ces actes
ces mouvements de feux
ces déplacements d'air
ces déplacements d'astres
roulements de tambour
roulements de tonnerre
on dirait des armées
qui partent pour la guerre
sans avoir d'ennemi ?
-Monsieur c'est la matière
qui s'enfante elle-même
et se fait des enfants
pour se faire la guerre
-Monsieur soudain ceci
soudain ceci m'étonne
Il n'y a plus personne
pourtant moi je vous parle
et vous vous m'entendez
puisque vous répondez !
-Monsieur ce sont les choses
qui ne voient ni entendent
mais qui voudraient entendre
et qui voudraient parler
-Monsieur à travers tout
quelles sont ces images
tantôt en liberté
et tantôt enfermées
Cette énorme pensée
Où des figure passent
Où brillent des couleurs ?
-Monsieur c'était l'espace
et l'espace
se meurt
Tardieu Jean
La sonate Au Clair de Lune de Beethoven. Merci
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