Édouard MANET
"Grand canal de Venise"_1875
Huile sur toile. (208 cm X 264,5 cm)
Musée de Shelburne, Vermont, USA.
|
"carédar-297" |
Certains
tableaux d’Édouard Manet sont tellement entrés dans notre univers
pictural quotidien et nos souvenirs qu’on a du mal à imaginer à
quel point Manet était révolutionnaire à son époque. Le Déjeuner
sur l’herbe (1863), Olympia (1863), ou encore Le Fifre (1866) sont
devenus des icônes et ne nous étonnent même plus. Un
peu avant 1870, Manet rencontre Monet. Il va travailler chez celui
qui est devenu son ami en 1873 à Argenteuil. Il abandonne son "jus
de pruneau" qu’il a hérité de Velázquez et Goya. Il se
met à la peinture de plein-air et à des bleus puissants, qui
viennent remplacer les bruns et les noirs de jadis. Au
passage, Manet critique Renoir. Ce dernier l’a raconté dans la
biographie de Renoir par Vollard. "Quand
je fus parti, Manet s’adressant à Claude Monet : “ Vous qui
êtes l’ami de Renoir, vous devriez lui conseiller de renoncer à
la peinture ! Vous voyez vous-même comme c’est peu son
affaire !”. Après
En Bateau et Argenteuil en 1874, « étant allé en 1875 faire
un voyage à Venise, il en rapporta deux toiles de plein air. Le
motif lui avait été fourni par les poteaux de couleurs vives,
placés sur les canaux, devant la porte d’eau de certains palais. »
raconte Théodore Duret. Malheureusement
pour nous, visiteurs des musées de France, les deux toiles
vénitiennes sont aux États-Unis, l’une dans le Vermont, l’autre
à San Francisco. Mais quelle évolution !
En
1875, l’impressionnisme n’est né que depuis un an. Et pourtant,
le traitement de l’eau au premier plan et celui des façades de
l’arrière-plan sont révolutionnaires. La lumière, mais aussi les
harmonies de couleurs, les contrastes, avec la tache noire de la
gondole au centre, les touches qui annoncent le néo-impressionnisme
qui naîtra 10 ans plus tard, après la mort de Manet.
Éloge
à Édouard MANET (1832 - 1883) : "Manet n'apporte pas un idéal nouveau, une manière nouvelle de
penser ou de sentir la nature ; il apporte une manière nouvelle de
la regarder et de la voir. La révolution qu'il opère est une
révolution technique qui a son point de départ dans l'originalité
de sa vision. Il est, avant tout, un œil merveilleusement sensible.
Les peintres avaient habitué le public à une certaine transposition
de la couleur et de la lumière dans les tableaux ; cette
transposition était tenue, d'un commun accord, pour la condition
même du langage artistique, de sa délicatesse et de ses harmonies :
Manet n'acceptait pas cette prétendue vision artistique, il
apportait des sensations nouvelles et entre ces sensations des
rapports nouveaux." _ (Gabriel Séailles)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire