vendredi 27 mars 2020

MUSÉE du "carédar"... [TOULOUSE LAUTREC-Le Bois sacré_1884]

Henri de TOULOUSE-LAUTREC
"Le Bois sacré"_1884
Huile sur toile. (172 cm X 380 cm)
Musée d'Art de l'université de Princeton, USA.
"carédar-398"
"Le Bois sacré"... un paysage bucolique, au crépuscule. Dans une Antiquité rêvée, des divinités féminines apprécient le calme d’un bois sacré. Le reflet de la lune apparaît déjà à la surface d’un lac, au bord duquel se dressent poétiquement quelques vestiges antiques ornés… d’une grosse horloge. Pardon ? Quelque chose ne tourne pas rond dans cette œuvre du peintre Henri de Toulouse-Lautrec. En s’y penchant d’un peu plus près, on se rend vite compte que les divinités ne sont pas seules. À droite, une foule d’hommes tout droit sortis du XIXe siècle pénètre sans scrupules dans l’espace sacré. Pire encore, le peintre s’est représenté lui-même, de dos, en train de se soulager dans l’herbe !
Ce "Bois sacré" pas si poétique est en réalité complètement parodique. Il réinterprète une toile du peintre Puvis de Chavannes, artiste très en vogue à l’époque pour ses grands formats remplis de poésie, de symboles et de mystère. Tout le contraire des œuvres de Toulouse-Lautrec : lui considère que l’art doit représenter le monde réel, et tant pis si c’est trivial !
Pierre PUVIS DE CHAVANNES
"Le Bois sacré cher aux Arts et aux Muses"_1884
Huile sur toile marouflée. (460 cm X 1040 cm)
Musée des Beaux-Arts, Lyon.
Après avoir découvert le tableau de Puvis de Chavannes, Toulouse-Lautrec décide, avec quelques-uns de ses amis étudiants, de s’en moquer en reproduisant l’œuvre pour y apporter leur touche personnelle. La bande d’amis s’amuse donc à faire entrer la modernité dans le tableau. Ainsi l’une des femmes ailées au-dessus du lac tient non plus une lyre comme sur l’original, mais un tube de peinture : une innovation récente que certains peintres comme Puvis de Chavannes rechignent à utiliser. Toulouse-Lautrec, lui, tourne le dos à la peinture ancienne, et avec brio !

Henri de TOULOUSE-LAUTREC (1864 – 1901) est un peintre, dessinateur, lithographe, affichiste et illustrateur français… L’année 1878 est marquée par un accident qui se déroule dans le salon de sa maison natale : Henri se lève d’une chaise basse, glisse et se casse le fémur gauche ; puis un an après, il se fracture l’autre jambe à la suite d’une chute banale. Lautrec souffre d’une maladie osseuse d’origine congénitale probablement due au mariage consanguin de ses parents qui étaient cousins germains. Elle orientera définitivement la destinée du jeune homme. Immobilisé de longs mois, il occupe en effet ses journées en dessinant, puis en peignant, développant un goût largement répandu dans son entourage, et un don qu’il avait manifesté très jeune, jusqu’à en faire une vocation. Confronté à tous les mouvements artistiques qu’il découvre aux cimaises parisiennes, il s’engage dans la modernité, et devient acteur autant que témoin d’une bohème montmartroise qui lui fournit son inspiration. Portraitiste de génie, il immortalise les stars, d’Aristide Bruant à Jane Avril, d’Yvette Guilbert à la Loïe Füller... Le théâtre, la Comédie-Française, le vaudeville ou les scènes d’avant-garde pour lesquelles il conçoit programmes et décors, alimentent son goût insatiable pour la comédie humaine. Novateur dans de multiples domaines, il révolutionne l’illustration et les arts appliqués.

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