Henri de TOULOUSE-LAUTREC
"Le Bois sacré"_1884
Huile sur toile. (172 cm X 380 cm)
Musée d'Art de l'université de Princeton, USA.
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"carédar-398" |
"Le Bois sacré"... un
paysage bucolique, au crépuscule. Dans une Antiquité rêvée, des
divinités féminines apprécient le calme d’un bois sacré. Le
reflet de la lune apparaît déjà à la surface d’un lac, au bord
duquel se dressent poétiquement quelques vestiges antiques ornés…
d’une grosse horloge. Pardon ? Quelque
chose ne tourne pas rond dans cette œuvre du peintre Henri de
Toulouse-Lautrec. En s’y penchant d’un peu plus près, on se rend
vite compte que les divinités ne sont pas seules. À
droite, une foule d’hommes tout droit sortis du XIXe siècle
pénètre sans scrupules dans l’espace sacré. Pire encore, le
peintre s’est représenté lui-même, de dos, en train de se
soulager dans l’herbe !
Ce "Bois sacré" pas si poétique est en réalité complètement
parodique. Il réinterprète une toile du peintre Puvis de Chavannes,
artiste très en vogue à l’époque pour ses grands formats remplis
de poésie, de symboles et de mystère. Tout
le contraire des œuvres de Toulouse-Lautrec : lui considère que
l’art doit représenter le monde réel, et tant pis si c’est
trivial !
Après
avoir découvert le tableau de Puvis de Chavannes, Toulouse-Lautrec
décide, avec quelques-uns de ses amis étudiants, de s’en moquer
en reproduisant l’œuvre pour y apporter leur touche personnelle. La
bande d’amis s’amuse donc à faire entrer la modernité dans le
tableau. Ainsi l’une des femmes ailées au-dessus du lac tient non
plus une lyre comme sur l’original, mais un tube de peinture : une
innovation récente que certains peintres comme Puvis de Chavannes
rechignent à utiliser. Toulouse-Lautrec, lui, tourne le dos à la
peinture ancienne, et avec brio !
Pierre PUVIS DE CHAVANNES
"Le Bois sacré cher aux Arts et aux Muses"_1884
Huile sur toile marouflée. (460 cm X 1040 cm)
Musée des Beaux-Arts, Lyon.
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Henri
de TOULOUSE-LAUTREC
(1864 – 1901) est un peintre, dessinateur, lithographe, affichiste
et illustrateur français… L’année 1878 est marquée par un
accident qui se déroule dans le salon de sa maison natale :
Henri se lève d’une chaise basse, glisse et se casse le fémur
gauche ; puis un an après, il se fracture l’autre jambe à la
suite d’une chute banale. Lautrec souffre d’une maladie osseuse
d’origine congénitale probablement due au mariage consanguin de
ses parents qui étaient cousins germains. Elle orientera
définitivement la destinée du jeune homme. Immobilisé de longs
mois, il occupe en effet ses journées en dessinant, puis en
peignant, développant un goût largement répandu dans son
entourage, et un don qu’il avait manifesté très jeune, jusqu’à
en faire une vocation. Confronté à tous les mouvements artistiques
qu’il découvre aux cimaises parisiennes, il s’engage dans la
modernité, et devient acteur autant que témoin d’une bohème
montmartroise qui lui fournit son inspiration. Portraitiste de génie,
il immortalise les stars, d’Aristide Bruant à Jane Avril, d’Yvette
Guilbert à la Loïe Füller... Le théâtre, la Comédie-Française,
le vaudeville ou les scènes d’avant-garde pour lesquelles il
conçoit programmes et décors, alimentent son goût insatiable pour
la comédie humaine. Novateur dans de multiples domaines, il
révolutionne l’illustration et les arts appliqués.
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