Le "CONTE de NOËL" des bloggueurs

Dans une nuit froide de l'hiver, sur la route tortueuse menant au village de Rutali, un homme, tout de rouge vêtu, ne semblant pas craindre le petit vent froid qui rougissait ses joues, s'était campé fièrement sur son cheval alezan, robuste, et endurant, qui galopait, pressé d'arriver à destination. Déjà ils s'approchaient des premières maisons du village dont quelques-unes étaient encore à peine éclairées à cette heure tardive, par l'âtre où se consumaient les dernières bûches de la veillée. Dans l'air flottait une odeur familière de bois brûlé que le souffle du vent amenait à leurs narines...

Soudain l’homme arrivé à la hauteur de Campu Longu descendit de son cheval pour permettre à son destrier de boire à la Fontaine qui coulait tout près.

L'animal buvait, l'homme rêvait ; soudain au-dessus de la fontaine il entendit un bruissement de feuilles, des gémissements et des pleurs de bébé.

Le bonhomme rouge est inquiet. Rien ne bouge autour. Mais apercevant au loin une petite maison éclairée, le bonhomme rouge alla voir et à sa grande surprise vit un joli petit ange blond qui réclamait simplement le sein de sa mère...

Et comme ce bonhomme était en neige et qu'il avait très froid, il s'installa sur le poêle rouge...

Mais tu as fondu s’écria affolé le petit ange blond...

Dans la flaque d'eau, le petit ange blond récupère la pipe, le chapeau et le bel habit rouge du bonhomme de neige...

L’angelot écarquilla les yeux, sur la flaque résiduelle du bonhomme de neige suicidaire apparut une lampe, style mauresque haute époque, avec un couvercle. Tiens se dit le bambin en corse et en lui-même (il était bilingue) si j’enlevais le couvercle* ? Alertée par le bruit, Zenobia grimpe vivement l'escalier de la cave ou le brocciu s'égoutte, comprend aussitôt l'extrême gravité de la situation (elle en a vu d'autres au cours de sa longue vie), souffle la flamme de sa lampe et trempe l'auriculaire droit dans l'huile chaude "qui ne la brûle pas". Trois fois trois gouttes dans la flaque d'eau qui mouille le sol, et comme à cet instant précis, les cloches de San Vitu déchirent la nuit, Zenobia peut dire en même temps, distinctement, les paroles apprises de sa mère il y a au moins quatre-vingts ans.

D'abord étalées, les gouttes d'huile deviennent parfaitement rondes "l'ochju hè rottu", l'eau tourbillonne, se prend en neige et petit à petit le visiteur réapparaît, vêtu de rouge, avec son chapeau. Il l'enlève pour saluer l'assemblée, un rien médusée, fait un discret clin d'œil à Zenobia et saute sur son cheval alezan en direction de Murato .
Il salue de loin (la résurrection n'est jamais bissée) mes magagneurs préférés, un surtout, le pisse-vinaigre indispensable, et quelques autres qui se réchauffent, corps et âme, au grand feu de Noël.
Après avoir assisté discrètement, laïcité de bonhomme de neige oblige, aux trois messes basses de l'aube, tout fut bien et finit bien dans la maison de Pasqualandria autour d'un spuntinu d'anthologie.

Soudain en entendant le réveil sonner je réalisai que ce beau rêve inachevé m’avait ramené dans mon village natal quitté depuis déjà plusieurs longues années. De ce rêve me vint l’idée de revoir mon village pour ces fêtes de Noël, COVID ou pas !!

* Toute ressemblance avec une histoire à dormir mille et une nuits ne serait que pure coïncidence.