mercredi 10 février 2021

Très intéressant dans le contexte actuel ?! (signalé par Yzus)

Achevé d'imprimer en 1937 sur les presses de DRAEGER FRÈRES

Extrait : Pages 65 et suivantes, le choléra à Paris, premier cas le 8 février 1832 

...Et l'on n'est pas encore prêt à la lutte ,lorsque ,le 8 février 1832, on signale un premier cas dans la capitale. Un portier de la rue des Lombards est transporté à l'hôpital où il meurt du choléra le 13 février. À la fin de mars, les malades se multiplient. On en compte trois cents à la fin du mois. Le choléra - "Morbus " comme le populaire nommera l'ennemi - s'est installé dans la place. Déjà les trembleurs ont abandonné la ville atteinte de la peste et ,pendant des semaines, on a fait le siège du bureau des messageries. Mais la majorité des bourgeois, à l'exemple de la famille royale, reste courageusement à Paris et se préoccupe d'organiser les secours à domicile.
Pour assainir l'atmosphère on brûle partout du genièvre. Pharmaciens et droguistes font un grand commerce d'aromates, d'électuaires, de sachets, de drogues de toute espèce. Des gens portent dans leurs poches un arsenal de préservation. On voit, dans la rue, les passants se croiser méfiants et silencieux en respirant du camphre.
Un dessin de l'époque qui a pour légende "Le costume préservatif contre le choléra"
représente comiquement toutes les panacées recommandées par la Faculté et par les charlatans. Le patient porte une chemise de gomme élastique. Il a, par-dessus, un emplâtre de poix de Bourgogne puis une bande de flanelle ; sur le creux de l'estomac, une assiette d'étain ; sur la poitrine, un grand sac de sable chaud ; autour du cou, une double bande remplie de grains de genièvre et de poivre ; dans les oreilles, deux morceaux de coton camphré ; sur le visage, un masque de pâte de menthe ; adapté au nez, un flacon de vinaigre des quatre voleurs. Les caleçons de flanelle soit imprégnés de camphre et la veste est passée au chlorure. Dans la poche droite, on trouve un paquet de thé de mélisse ; dans la gauche, un d'ipécacuanha et un autre de sauge. L'homme s'est, en outre, muni d'un flacon d'huile de camomille. Dans la main droite il tient une branche de genièvre ; dans la gauche, une d'acacia.
De pareils clients auraient dû faire la fortune des vendeurs de plantes et de drogues. Pour certains de ceux-ci, pourtant, il y eut moins de profits que de périls et le danger ne vint pas de la seule contagion.


Le docteur Poumies de la Siboutie, qui a laissé de biens intéressants mémoires sur cette partie du siècle où vécut Nativelle, a dit combien fut admirable, pendant l'épidémie, la conduite des médecins et aussi celle des pharmaciens qui les secondèrent de leur mieux. Et cependant, les uns et les autres eurent à se défendre contre les soupçons et même contre l'agression des foules que la panique rendait parfois démentes.
Il se trouvait des gens pour dénoncer on ne sait quelle manœuvre d'empoisonnement concerté. Un jour, sur le Parvis Notre-Dame, une multitude furieuse tenta de pénétrer dans l'Hôtel-Dieu pour massacrer le service médical. Il y eut une véritable émeute sur le Quai aux Fleurs où un orateur criait que le choléra était un prétexte inventé pour se débarrasser du pauvre monde, que les médecins et les pharmaciens suivaient l'ordre du pouvoir, que les fontaines publiques étaient empoisonnées.

3 commentaires:

  1. Fake News ,théories du complot deja en 1832 ,tout cela ,meme en l'absence de réseaux dits sociaux ,devait circuler et se répandre très vite .
    Rien se nouveau sous le soleil.

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  2. Le complot..80000 morts en France en 1 an et ne parlons pas des séquelles ,ceux qui vont porter leur petite bouteille d'oxygène a vie qui sera d'ailleurs abrégée rapidement..pas mal pour une gripétte...on reste confondu devant ces co....de complotistes .

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  3. Très intéressante aussi Yzus ,éclectique...

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