Achevé d'imprimer en 1937 sur les
presses de DRAEGER FRÈRES
Extrait : Pages 65 et suivantes, le choléra à Paris, premier cas le 8 février 1832
...Et l'on n'est pas encore prêt à la lutte ,lorsque ,le 8
février 1832, on signale un premier cas dans la capitale. Un portier
de la rue des Lombards est transporté à l'hôpital où il meurt du
choléra le 13 février. À la fin de mars, les malades se multiplient. On en compte trois cents à la fin du mois. Le choléra - "Morbus
" comme le populaire nommera l'ennemi - s'est installé dans la
place. Déjà les trembleurs ont abandonné la ville atteinte de la
peste et ,pendant des semaines, on a fait le siège du bureau des
messageries. Mais la majorité des bourgeois, à l'exemple de la
famille royale, reste courageusement à Paris et se préoccupe
d'organiser les secours à domicile.
Pour assainir l'atmosphère
on brûle partout du genièvre. Pharmaciens et droguistes font un
grand commerce d'aromates, d'électuaires, de sachets, de drogues de
toute espèce. Des gens portent dans leurs poches un arsenal de
préservation. On voit, dans la rue, les passants se croiser méfiants
et silencieux en respirant du camphre.
Un dessin de l'époque qui
a pour légende "Le costume préservatif contre le choléra"
représente comiquement toutes les panacées recommandées
par la Faculté et par les charlatans. Le patient porte une chemise
de gomme élastique. Il a, par-dessus, un emplâtre de poix de
Bourgogne puis une bande de flanelle ; sur le creux de l'estomac, une
assiette d'étain ; sur la poitrine, un grand sac de sable chaud
; autour du cou, une double bande remplie de grains de genièvre et de
poivre ; dans les oreilles, deux morceaux de coton camphré ; sur le
visage, un masque de pâte de menthe ; adapté au nez, un flacon de
vinaigre des quatre voleurs. Les caleçons de flanelle soit imprégnés
de camphre et la veste est passée au chlorure. Dans la poche droite, on trouve un paquet de thé de mélisse ; dans la gauche, un
d'ipécacuanha et un autre de sauge. L'homme s'est, en outre, muni
d'un flacon d'huile de camomille. Dans la main droite il tient
une branche de genièvre ; dans la gauche, une d'acacia.
De
pareils clients auraient dû faire la fortune des vendeurs de plantes
et de drogues. Pour certains de ceux-ci, pourtant, il y eut
moins de profits que de périls et le danger ne vint pas de la seule
contagion.
Le docteur Poumies de la Siboutie, qui a laissé de
biens intéressants mémoires sur cette partie du siècle où vécut
Nativelle, a dit combien fut admirable, pendant l'épidémie, la
conduite des médecins et aussi celle des pharmaciens qui les
secondèrent de leur mieux. Et cependant, les uns et les autres eurent
à se défendre contre les soupçons et même contre l'agression des
foules que la panique rendait parfois démentes.
Il se trouvait
des gens pour dénoncer on ne sait quelle manœuvre d'empoisonnement
concerté. Un jour, sur le Parvis Notre-Dame, une multitude furieuse
tenta de pénétrer dans l'Hôtel-Dieu pour massacrer le service
médical. Il y eut une véritable émeute sur le Quai aux Fleurs où un orateur criait que le choléra était un prétexte inventé pour se
débarrasser du pauvre monde, que les médecins et les pharmaciens
suivaient l'ordre du pouvoir, que les fontaines publiques étaient
empoisonnées.
Fake News ,théories du complot deja en 1832 ,tout cela ,meme en l'absence de réseaux dits sociaux ,devait circuler et se répandre très vite .
RépondreSupprimerRien se nouveau sous le soleil.
Le complot..80000 morts en France en 1 an et ne parlons pas des séquelles ,ceux qui vont porter leur petite bouteille d'oxygène a vie qui sera d'ailleurs abrégée rapidement..pas mal pour une gripétte...on reste confondu devant ces co....de complotistes .
RépondreSupprimerTrès intéressante aussi Yzus ,éclectique...
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