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Musée
Camille Claudel, Nogent-sur-Seine. |
Le statut de femme sculpteur est extrêmement difficile à cette époque, bien que de nombreuses vocations commencent à se faire jour. Le matériel nécessaire est coûteux, ce qui écarte déjà les jeunes filles de condition modeste. De plus cet art fortement manuel est mal considéré, ne bénéficie pas du prestige de la peinture par exemple (ceci étant valable d’ailleurs pour les hommes). Mais surtout, cette activité ne correspond évidemment pas au rôle dévolu alors à la femme, qui est de savoir tenir sa maison et de bien éduquer ses enfants, en faisant qui plus est preuve de modestie et d’effacement. Force est de constater que, si l’on excepte quelques personnages comme Hélène Bertaux qui, bénéficiant de l’aide de son époux devenu son assistant, son "praticien", ouvrira en 1879 une modeste école de sculpture pour femmes, les autres resteront dans l’ombre, ou se cantonneront dans des "œuvres féminines".
Ainsi Camille va-t-elle se lier avec de brillantes étudiantes anglaises venues spécialement en France pour avoir accès à des modèles nus.
Pourquoi ce désir fréquent d’apprendre à modeler des corps nus en ce siècle? C’est à la Renaissance que l’art antique est revisité, et que les nus des marbres de l’époque hellénique sont à nouveau appréciés et imités. Les critères pour les œuvres admises sont très précis, empreints d’un idéal de beauté classique, les représentations réalistes étant rejetées. Et ce n’est qu’au XIX° siècle que certains artistes vont oser s’affranchir de ces conventions, représenter les corps tels qu’ils sont, dans leur beauté ou leur laideur, dans toute leur vérité. Les sculptures, que l’on désire maintenant réalistes, obtenues par l’observation de modèles vivants dans différentes poses, permettront de représenter le mouvement ; de plus la nudité met en valeur les muscles et leurs tensions ; ces statues seront très expressives, mettant en évidence par tout leur corps les sentiments intérieurs qui animent les êtres.
Le nu permet par ailleurs de rendre intemporel le personnage représenté, et ainsi donne à l’artiste l’espoir de s’extraire de l’époque présente, et donc peut-être d’atteindre l’immortalité… La sculpture réalisée n’est plus une icône à contempler de face par un spectateur, elle doit pouvoir être vue de tous les côtés, on peut en faire le tour, tout ayant du sens.
Vu ce que j’ai vu Camille n’ aurait jamais pris Maserio pour modèle...
RépondreSupprimerAhahah... 🤣🤣🤣
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