17ème extrait
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Camille CLAUDEL "CLOTHO"_1893 Plâtre. H. 90 cm ; L. 49,3 cm ; P. 43 cm Musée Rodin |
Persée a beau tenir à bout de bras le masque grimaçant de la Gorgone Méduse, semblant représenter Camille tentant de mettre à distance dans le miroir la violence des sentiments qui l’envahissent, l’effroi nous glace devant ce qui attend l’artiste.
Et, montrée à tous définitivement vaincue dans ce personnage de la fille d’Amphion et de Niobé, les yeux clos sur sa solitude, effondrée sur l’arbre mort de sa vie dont Rodin parut quelque temps le support, elle est image de son désespoir nostalgique.
En 1900, la carrière de la sculptrice Mademoiselle Claudel est terminée. Elle a 36 ans. S’est-elle rendue compte de l’obscurcissement de ses facultés, qui en d’autres temps, avec une médication appropriée, ou un autre environnement social ou familial, aurait peut-être pu n’être que provisoire, ou intermittent ?
En 1901, le voisinage de Camille lui jette la première pierre, dérangé par les persiennes fermées, la saleté, les odeurs, les chats errants et l’allure fantomatique de l’occupante solitaire de l’atelier, qui ne sortirait que la nuit... Ce sont ces piètres témoignages qui seront le prétexte du drame final.
Début mars 1913 Louis Prospère Claudel, son dernier rempart, meurt ; son corps est à peine refroidi qu’une grosse ambulance à barreaux s’arrête devant la maison close, la porte est enfoncée, deux solides infirmiers emmènent de force l’occupante, qui se débat avec ses derniers cris de femme libre. Le 10 mars 1913, elle est internée à l’asile de Ville-Evrard à Neuilly-sur-Marne, puis, quand la première guerre mondiale est déclarée, elle est transportée dans le Vaucluse à l’asile de Montdevergues, ancienne abbaye près d’Avignon, pour de longues années de mort lente, séquestrée, emmurée pendant trente ans.
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