La sieste
Pas
un seul bruit d'insecte ou d'abeille en maraude,
Tout dort sous
les grands bois accablés de soleil
Où le feuillage épais tamise
un jour pareil
Au velours sombre et doux des mousses
d'émeraude.
Criblant le dôme obscur, Midi splendide y
rôde
Et, sur mes cils mi-clos alanguis de sommeil,
De mille
éclairs furtifs forme un réseau vermeil
Qui s'allonge et se
croise à travers l'ombre chaude.
Vers la gaze de feu que
trament les rayons,
Vole le frêle essaim des riches
papillons
Qu'enivrent la lumière et le parfum des sèves ;
Alors
mes doigts tremblants saisissent chaque fil,
Et dans les mailles
d'or de ce filet subtil,
Chasseur harmonieux, j'emprisonne mes
rêves.
José-Maria
de HEREDIA
(1842 - 1905)
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