La figue
Accrochée
aux branches des grands banians
Cloîtrée dans la main des vieux
mendiants
Couchée dans le panier d'osier des grands-mères
Écrasée
dans la poche des terribles victimaires
Elle est un rubis
parmi les herbes du jardin
Appréciée de la guêpe comme du
muscardin
Telle une goutte d'or dans une mare de sang
Apportant
la paix là où la nation perd ses enfants
Arbre nourricier
aux feuilles palmées de bronze
Murissant entre les mains jointes
d'un bonze
Renaissant dans les plaies et les écorchures
Puisant
l'eau d'une racine sans panachure
Du haut des frênes
s'envolent les runes
Elle est une poire à la robe couleur de
prune
Une dame de compagnie fidèle à sa marquise
Endimanchée
d'une chair pourtant exquise
De tendres joues se tendent à
nos lèvres
Voilà le fin joyau travaillé du grand orfèvre
Lui
qui est si haut et si bon envers nos âmes
La créa à l'image du
cœur vermeil de la femme
Jovial est celui qui s'endort à
l'ombre du figuier
Ce corps dormant sera bien jugé par l'abrupt
viguier
Il se laissera séduire par le temple qu'est cette igue
Et
gouttera à la gourmandise en croquant la figue
Aubin VERILHAC
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Béni sois-tu, Seigneur, pour tes merveilles...
Béni sois-tu, Seigneur,
pour le matin triomphant
qu'annonce le concert innombrable des oiseaux,
pour la pluie qui claironne,
la joie d'un jour nouveau,
pour l'odeur du foin fraîchement coupé
et le bourdon
qui fait écho à la cloche de l'église.
Béni sois-tu, Seigneur,
pour le murmure de la source,
pour les montagnes roses et bleues,
et pour l'alouette
dont le vol se perd dans le firmament,
pour la chaude caresse du soleil,
pour les genêts éclatants,
et pour la lavande mauve,
pour la fourmi laborieuse
et pour l'abeille bourdonnante et affairée...
pour l'olivier qui scintille dans la gloire de midi...
Béni sois-tu, Seigneur,
pour la lumière tamisée du soir
qui pose comme un voile diaphane sur la montagne,
pour la brise fraîche et parfumée de la nuit,
pour le rossignol émerveillé.
Béni sois-tu, Seigneur,
pour tous les sourires du monde
que tu nous as façonnés avec art et tendresse
et que nous ne savons plus bien souvent contempler.
Pour l'allégresse du matin,
la splendeur de midi
et la douceur du soir.
Béni sois-tu, Seigneur.
Prière-Poème des Trinitaires de Valence
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Le
petit écolier
Le petit écolier
Se tripotait l'oreille,
Il
avait oublié
Sa leçon de la veille
Et ce grand tableau
noir
Le remplissait d'effroi,
L'accord du verbe Avoir
Pour
lui si maladroit,
C'était toute une histoire
Que son esprit
rêveur
Malgré sa bonne mémoire
N'emmagasinait pas ,
Il y
avait dans son cœur
D'autre chose que ça,
Il y avait le
bonheur
De courir dans les bois.
Le petit écolier
Aimait
les herbes folles
Et les bougainvilliers,
Il n'aimait pas
l'école,
Il préférait jouer
Dans l'eau pure du ruisseau,
Au lieu d'être cloué
Devant ce grand tableau.
Il faisait de son
mieux
Mais n'y arrivait pas
Sans doute que le bon dieu
En
lui tendant les bras
Lui avait réservé
Ce bien joli
métier,
L'enfant embarrassé
Serait garde forestier.
Georges Geoffroy (1853-1924)
"L'enfant embarrassé" (1908)
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Merci DD pour ces deux beaux poèmes peu connus . jeudi pour d'autres joies.
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