Mistral à Arles. Lebrecht Authors / Bridgeman Images Je t'aime ô jeune fille enchanteresse,
(au point) que si tu disais : Je veux une étoile
il n'est traversée de mer, ni bois, ni torrent fou
il n'est ni bourreau, ni feu, ni fer
qui m'arrêtât ! Au bout des pics
touchant le ciel j'irais la prendre,
et, Dimanche, tu l'aurais appendue à ton cou.
Mais, ô la plus belle ! plus je te contemple,
plus, hélas ! je m'éblouis !...
Je vis un figuier, une fois, dans mon chemin,
cramponné à la roche nue
contre la grotte de Vaucluse :
si maigre, le pauvre ! qu'aux lézards-gris
donnerait plus d'ombre une touffe de jasmin !
Vers ses racines une fois par an,
vient clapoter l'onde voisine ;
et l'arbuste aride, à l'abondante fontaine
qui monte à lui pour le désaltérer,
autant qu'il veut, se met à boire...
Cela toute l'année lui suffit pour vivre.
Comme la pierre à la bague à moi cela s'applique.
Car je suis, Mireille, le figuier,
et toi, la fontaine et la fraîcheur !
Et plût-au-ciel, moi pauvret ! plût-au-ciel une fois l'an,
que je pusse, à genoux comme à présent,
me soleiller aux rayons de ton visage,
et surtout que je pusse encore
t'effleurer les doigts d'un petit baiser tout tremblant !Extrait de Mireille, de Frédéric Mistral.
Paul Verlaine. Photo Archivio GBB / Bridgeman Images Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s'écœure.
Quoi ! nulle trahison ?…
Ce deuil est sans raison.C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine !Paul Verlaine
Romances sans paroles (1874)
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