samedi 20 février 2021

CHAPITRE 6 DE FEMMES-FLAMMES, consacré à Camille Claudel.

1er extrait

En 1884 a lieu à Paris la rencontre entre deux sculpteurs qui marqueront leur époque : Auguste Rodin, 44 ans, qui enfin trouve reconnaissance et début de gloire après un essor difficile, et Camille Claudel, 20 ans, précocement attirée par la sculpture, arrivée dans la capitale afin de perfectionner un art pour lequel elle éprouve une passion dévorante.

La rencontre de ces deux êtres exceptionnels, qui a lieu à un moment clef de leurs vies, sera le début d’une aventure extraordinaire. Ils vont tout de suite communier dans l’amour de leur art, vital pour tous deux. Ils sont animés de la même puissance créatrice, et doués d’une grande vigueur intellectuelle. Elle est éblouie, il est fasciné. Dans cette progressive interpénétration de deux génies, qui vont se stimuler réciproquement, se devinent les germes d’une passion fusionnelle, mais aussi la possibilité d’un affrontement, en une lutte implacable, entre deux fortes personnalités désireuses de s’affirmer. A l’issue des derniers terribles éclats de leur orageuse liaison, c’est Camille, la plus fragile, qui sera broyée...

… Faire porter sur Rodin le poids de la folie où va sombrer Camille serait un piège, dans lequel le spectateur glisse de manière compassionnelle, ému par le désastre final de la vie sociale de la sculptrice, suivi de sa lente agonie durant trente ans. Autre écueil difficile certes à éviter, serait de voir les travaux de cette splendide artiste que fut Camille à travers le filtre de sa vie privée, car elle a tellement mis d’elle-même dans ses sculptures qu’il est souvent difficile pour nous de dissocier son existence de son œuvre.

Il parait plus juste de considérer son itinéraire personnel, de voir évoluer dans son art cette femme ardente qui malheureusement ne put aller jusqu’au bout de sa trajectoire, apparemment foudroyée par la maladie mentale, dont cependant un examen attentif permet de déceler les prémisses, et aussi, dans son enfance, les lointaines causes. Rodin aurait-il pu, à force de soins et d’attention l’empêcher de sombrer dans la folie, dont il a peut-être discerné le prélude ? Rien n’est moins sûr, en ces années où les armes contre la maladie mentale sont encore si faibles. Il a pourtant réellement aimé son élève, son modèle, son inspiratrice, sa collaboratrice…

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