A M. V. H.
Il
faut, dans ce bas monde, aimer beaucoup de choses,
Pour savoir,
après tout, ce qu’on aime le mieux,
Les bonbons, l’Océan, le
jeu, l’azur des cieux,
Les femmes, les chevaux, les lauriers et
les roses.
Il
faut fouler aux pieds des fleurs à peine écloses ;
Il faut
beaucoup pleurer, dire beaucoup d’adieux.
Puis le coeur
s’aperçoit qu’il est devenu vieux,
Et l’effet qui s’en va
nous découvre les causes.
De
ces biens passagers que l’on goûte à demi,
Le meilleur qui
nous reste est un ancien ami.
On se brouille, on se fuit. Qu’un
hasard nous rassemble,
On
s’approche, on sourit, la main touche la main,
Et nous nous
souvenons que nous marchions ensemble,
Que l’âme est
immortelle, et qu’hier c’est demain.
Alfred de Musset
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